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  • Un exemple : Le régime méditérranéen

    Le régime méditerranéen désigne un ensemble de comportements alimentaires favorables à une bonne santé cardiovasculaire. L'huile d'olive et le vin en font notamment partie.


    Définition :

    Le régime méditerranéen correspond à des recommandations nutritionnelles inspirées par les traditions alimentaires crétoises. Il n'est pas unique dans les pays bordant la Méditerranée. En effet, les habitudes alimentaires varient non seulement d'un pays à l'autre, mais aussi d'une région à l'autre, en fonction du contexte culturel, économique, religieux, climatique, etc.

    En dépit de leurs nombreuses différences, les régimes de cette région ont les caractéristiques suivantes en commun :

    - Consommation importante de fruits, de légumes, de céréales (blé), de pain;
    - L'huile d'olive est un ingrédient important;
    - Consommation modérée de poisson et de produits laitiers et faible consommation de viande rouge;
    - Consommation faible ou modérée de vin, de thé et de café.


    La diète méditerranéenne a été inscrite en 2010 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO. Elle est définit comme :

    « Un ensemble de savoir-faire, connaissances, pratiques et traditions qui vont du paysage à la table, y compris les cultures, la récolte ou la moisson, la pêche, la conservation, la transformation, la préparation et, en particulier, la consommation d'aliments. »


    Le lien avec les maladies cardiovasculaires

    Le nutritionniste Ancel Keys est le premier à évoquer le concept de régime méditerranéen et ses bénéfices sur la santé cardiovasculaire vers 1945. Son étude Seven Countries, menée entre 1958 et 1964, apporte les premières données objectives. Cependant, il faut attendre 1994 pour que le concept se popularise. Ceci est particulièrement visible sur les courbes montrant le nombre d'articles scientifiques publiés chaque année sur le sujet (voir ci-dessous). La chute de 2010 n'est pas explicable pour le moment.


    Nombre d'articles scientifiques publiés chaque année sur le sujet « Mediterranean diet » (Source ISI Web Of Knowledge)


    La médiatisation des effets de la diète sur la santé : l'Etude de Lyon

    En 1994, les résultats intermédiaires (près 27 mois de suivi) de l'Etude de Lyon (Lyon Diet Study), un essai randomisé cherchant à prouver les effets de la diète méditerranéenne, sont publiés. En 1999, une analyse finale est publiée. Les sujets étaient environ 600 patients français ayant eu une crise cardiaque dans le passé. La moitié s'est vue conseiller de suivre un régime méditerranéen. Les résultats paraissent impressionnants : à la fin de l'étude, 3.4% des personnes du groupe témoin et 1.3% du groupe « méditerranéen » étaient mortes. Le risque de décès ayant pour origine une maladie cardiovasculaire (MCV) était 76% plus faible dans le second groupe. Enfin, les attaques, angines de poitrine, embolies pulmonaires et crises cardiaques étaient également beaucoup moins nombreuses au sein de ce groupe. Ceci semble donc une réussite totale.

    « An intermediate analysis showed a striking protective effect after 27 months of follow-up. […]The protective effect of the Mediterranean dietary pattern was maintained up to 4 years after the first infarction, confirming previous intermediate analyses. Major traditional risk factors, such as high blood cholesterol and blood pressure, were shown to be independent and joint predictors of recurrence, indicating that the Mediterranean dietary pattern did not alter, at least qualitatively, the usual relationships between major risk factors and recurrence. »
    Mediterranean Diet, Traditional Risk Factors, and the Rate of Cardiovascular Complications After Myocardial Infarction, Final Report of The Lyon Diet Heart Study, Michel de Lorgeril, 1999


    Les critiques de l'Etude de Lyon

    Cette étude a pourtant été critiquée. Un certain nombre de ses détracteurs a ainsi affirmé que l'étude avait été arrêtée en 1994, après la publication des résultats intermédiaires. Ils en déduisaient que les 27 mois d'étude étaient insuffisants pour conclure. Cependant, cette critique semble infondée, étant données les publications de 1999 et les contrôles de l'INSERM.

    L'étude a révélé que les deux groupes avaient un taux de cholestérol global similaire. Or, un taux élevé de cholestérol était à l'époque considéré comme une cause des MCV. Pour un certain nombre de scientifiques, il était impossible de réduire le risque de MCV sans diminuer le taux de cholestérol. Ainsi, ils remettaient en question les résultats de l'étude. Le cardiologue Michel de Lorgeril, initiateur de l'Etude de Lyon, affirme que ces théories ne reposent pas sur des preuves scientifiques. Pour lui, l'élévation du taux de cholestérol est simplement révélatrice d'un désordre lipidique.

    Enfin, certains arguent du fait que le régime n'était pas exactement une diète méditerranéenne. En effet, afin d'être accepté par les patients, certains aliments avaient été modifiés (margarine au lieu de beurre, …). Ceci a induit un fort taux d'acide alpha-linoléique, un acide gras oméga-3 d'origine végétale. Cependant, les régimes méditerranéens varient d'une région à l'autre, ce qui nie la possibilité d'une diète particulière considérée comme plus légitime que les autres. Ce qui caractérise la diète méditerranéenne, c'est l'équilibre entre les acides gras oméga-3 et oméga-6.


    La France est-elle un pays méditerranéen ?

    Cette question a commencé à être posée après l'apparition du concept de régime méditerranéen comme explication du « French Paradox ». La France est un pays d'une grande diversité géographique, et seulement un peu moins de 20% de la population vit dans la partie méditerranéenne. En outre, le régime alimentaire français ne peut-être considéré comme purement méditerranéen : d'après le Data Food Networking (DAFNE), qui a comparé ceux de onze pays européens, l'alimentation française est plus proche de celle des pays du nord de l'Europe que de celle des pays méditerranéens. Il y a également de grandes différences entre le nord et le sud (étude MONICA). Cependant, il semble que le régime alimentaire français peut-être caractérisé par sa grande diversité et par l'importance culturelle des repas (plaisir et produits de saison). C'est en cela qu'il se rapproche du régime méditerranéen.



    - Quelle que soit la zone considérée (France, région méditerranéene), le vin est une composante importante du régime alimentaire. Il a été suggéré comme étant une explication possible du French Paradox -> Voir Les maladies cardiovasculaires

    - Quelles sont les caractéristiques de l'hygiène de vie des français favorables à une réduction de la mortalité cardiovasculaire -> Voir L'hygiène de vie