Durant les dernières décennies, la pollution due aux transports et la disparition des ressources fossiles est devenue une réelle problématique scientifique, industrielle, écologique et économique. Nombreuses sont les solutions qui ont été apportées, l’une d’entre elles est l’utilisation de biocarburants, il s’agit de carburants issus de matière organique et non pas fossile.
Les biocarburants obtenus à partir de produits alimentaires constituent la première génération. Pour limiter l’impact de ces carburants sur la problématique des ressources alimentaires à un niveau mondial, une seconde génération de biocarburants obtenus à partir de produits non comestibles et ligno-cellulosiques a été étudiée. En effet, d’après un article paru dans le Figaro en septembre dernier, « la surface agricole dédiée aux agrocarburants [...] en 2008 aurait pu permettre de produire assez de blé et de maïs pour nourrir 127 millions de personnes pendant un an. » La production de cette deuxième génération de carburants en est maintenant au stade industriel. Cependant, ces carburants posent eux aussi de nombreux problèmes, principalement parce qu’ils sont obtenus à partir de végétaux cultivés sur des terres qui pourraient être utilisées pour la production de nourriture. De plus, leur production nécessite beaucoup d’eau. La recherche continue donc, et une nouvelle manière de produire du carburant à partir de micro-algues a été mise en évidence. Cette troisième génération, semble être plus efficace et moins exigeante en ressources, et pourrait donc être une très bonne alternative aux deux premières générations.
Cela suppose tout d’abord d’être capable, dans un premier temps en laboratoire, de synthétiser un tel carburant. C’est cette possibilité qui définit la problématique de l’efficacité scientifique.
Le développement étant toutefois récent, une confirmation du bénéfice apporté est nécessaire pour justifier le passage au stade industriel. La simple transposition de l’échelle locale à l’échelle industrielle est-elle possible? Plusieurs paramètres vont rentrer en compte.
Ainsi, pour que cette alternative soit viable, il est indispensable qu’elle soit économiquement rentable (ou du moins ayant un surcoût acceptable). Les perspectives ouvertes aux biocarburants dépendent intimement de l’évolution du prix du pétrole au cours des prochaines années.
Se pose alors la question d’évaluer précisément le “ bilan énergétique” de ces carburants, concept qui renvoie à l’évaluation du rapport de l’énergie fournie par un produit sur l’énergie consommée pour le produire. L’établissement d’un bilan nécessite la disponibilité de mesures. Certains paramètres sont mesurables (coûts, émissions de gaz …), ce sont ceux privilégiés par les industriels pour l’évaluation du bilan énergétique. D’autres acteurs, en particulier ceux qui représentent la société civile, proposent des paramètres supplémentaires comme l’impact sur l’environnement et la biodiversité, qui sont plus difficilement mesurables mais tentent de prendre en compte des critères d’efficacité au sens de la pérennité et de l’écologie.
Ainsi, la notion d’efficacité qui permet de faire le bilan des biocarburants admet des interprétations diverses. Certains paramètres à prendre en compte dans le cycle de vie ne font pas consensus parmi les acteurs. De plus, la manière de les modéliser ou bien de quantifier leurs effets, n’est pas uniformisée.
Le premier problème est donc un problème de formulation et de définition des termes et des objectifs à remplir pour déterminer le bilan. Le second problème est, même pour les paramètres mesurables, de démontrer la véracité des évaluations proposées et de vérifier leur pertinence en situation réelle et non plus expérimentale.
Quels critères faut-il choisir pour mesurer l’efficacité des biocarburants de troisième génération ? Plus précisément, pour définir la notion même d’efficacité, quelles sont les variables à prendre en compte ? qui choisit les variables ? comment se hiérarchisent-elles ?
Les différentes acceptions du terme « efficacité », avec les enjeux qui y sont liés, sont autant de lieux de la controverses.