Le terme même de « biocarburant » laisse présager des carburants favorables pour l’environnement, qui seraient « bio ». C’est d’ailleurs un des facteurs qui a permis leur développement. Mais est-ce vraiment le cas ?
Les biocarburants de 1ère et 2ème génération commencent à perdre de leur charme auprès des utilisateurs à cause de la concurrence qu’ils font à l’industrie agroalimentaire (Joël Labbé, L’échec des agrocarburants, Libération, 14 septembre 2012, source papier). Cet article met en évidence des acteurs très actifs dans la controverse sur les biocarburants : la FAO (Oragnisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), la Confédération paysanne et Oxfam France, qui sont pour une prise de conscience de l’impact négatif des agrocarburants sur la sécurité alimentaire mondiale. D’après un article de Robert Bryce écrit dans Slate, la production de bioéthanol issu de boisseaux de maïs a accentué les effets de la sécheresse de 2012. Les biocarburants de 3ème génération n’ont pas ces inconvénients et ils bénéficient encore d’une très bonne image dans la presse généraliste. Ils sont vus comme une solution révolutionnaire, écologique, qui viendrait remplacer les hydrocarbures.
C’est le cas dans plusieurs articles qui sont arrivés entre nos mains :
- « Les micro-algues font rêver, et plus seulement la recherche académique et une poignée de start-up ! » (Bauchard F., La ruée vers l’or vert, Enjeux – Les Echos, 1 Février 2011) Le titre même de l’article, « La ruée vers l’or vert », est riche en sens. Il établit un parallélisme entre les biocarburants de troisième génération, définis « or vert » et le pétrole, traditionnellement nommé « or noir ». Le vert n’étant pas uniquement la couleur très caractéristique des micro-algues, mais aussi le symbole de l’espoir et du respect de l’environnement.
- Un autre article très favorable aux biocarburants de troisième génération, les présentent comme le produit d’une technologie « révolutionnaire » et salvatrice, notamment du point de vue environnemental (A.L., La recette de ce biocarburant révolutionnaire, Le Parisien, 16 Novembre 2012)
Cet engouement ce retrouve aussi du côté du gouvernement et des institutions qui font la promotion de ces biocarburants. En effet, on assiste à la volonté de remplacer progressivement le pétrole par les biocarburants (toutes générations confondues), puisqu’ils sont considérés comme une « énergie renouvelable ». En ce sens, les agences gouvernementales et la communauté Européenne sont favorables au développement des biocarburants, comme l’est l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (lien vers une étude de l’ADEME : feuille de route des biocarburants avancés), agence publique à caractère industriel, qui participe à la mise en œuvre des politiques publiques dans les domaines de l’environnement, de l’énergie et du développement durable. L’un de ses domaines d’intervention est justement celui des “ Energies et matières renouvelables ”, au sein duquel la recherche sur la biomasse est un projet majeur, dans le souci répondre aux directives Européennes (substitution de 20 % de la consommation énergétique par des énergies renouvelables) et au “ Grenelle ” de l’environnement. Le Ministère du Développement Durable lui-même s’appuie sur les données fournies par l’ADEME, d’où la politique du gouvernement favorable à l’essor de ces nouveaux carburants.
Quant aux industriels spécialisés dans les carburants et le pétrole, comme Total, leur stratégie de communication vise directement les utilisateurs. Ils accordent un soutien fort au biocarburants, notamment via leurs sites Internet, afin de donner une meilleure image de leur secteur. Ce soutien explicite accordé au développement des biocarburants participe à un enjeu de communication autour des énergies renouvelables ou dites “vertes”.
Cependant dans les faits, de nombreux chercheurs doute que cette idée soit une solution miracle …
Les biocarburants de troisième génération sont-ils si verts ?
Comment explique-t-on les diversités d’opinion ?
Le problème des OGM
Comment expliquer l’enthousiasme de la presse pour ces biocarburants ?
Quels facteurs écologiques influenceraient une production à grande échelle ?