« L’intelligence, c’est de famille ». Cette expression que la plupart des personnes acceptent comporte un message fort : sommes-nous intellectuellement limités par notre famille, plus exactement par nos parents ?
On pourrait penser que les parents jouent un rôle important dans l’éducation d’un enfant, qui se répercutera sur sa vie entière : en effet, les parents définissent le statut socio-économique de la famille, et il semble naturel de faire un lien entre un environnement moins favorable au développement intellectuel de l’enfant et sa capacité à atteindre un haut niveau. On parle de facteur environnemental.
Mais ce n’est pas la seule façon dont les parents définissent l’intelligence de leur enfant : cela ne fait aujourd’hui plus de doutes pour de nombreux chercheurs, l’intelligence a bien une composante génétique ! Le docteur Michel Dib, dans une interview au journal Atlantico (Dib, 2015), confirme l’influence de la génétique sur l‘intelligence. Il affirme que l’on peut naître avec une prédisposition dans un certain domaine (sportif, mathématique, musical). La meilleure façon d’exceller, pour lui, est de posséder une prédisposition et de travailler les facultés qui lui sont associées. Toutefois il maintient qu’il s’agit juste d’une prédisposition, et que beaucoup de choses sont accessibles à tous, si l’on s’en donne les moyens.
Il existe donc deux facteurs qui semblent influencer notre intelligence. Mais il s’agit maintenant de connaitre dans quelle mesure ces facteurs sont importants. Pour cela, on utilise l’héritabilité. Il s’agit d’une donnée statistique sur une population, décrivant dans quelle mesure les différences entre deux individus au niveau d’un caractère donné peuvent être attribué à des variations génétiques, entre 0 et 1 (0 si la génétique ne signifie rien, 1 si le caractère est uniquement expliqué par le génétique). L’article The same genes influence exam results across a range of school subjects (Riemfeld, 2015) donne les résultats d’une étude concluant qu’une partie conséquente des résultats scolaires seraient dûs à la génétique (forte héritabilité). Elle attribue une héritabilité de plus de 0,7 (ou 70%) pour la lecture, l’écriture et le calcul et affirme que les gènes permettent d’expliquer beaucoup mieux les différences observées entre individus que le facteur environnemental (par exemple l’école et la profession des parents). L’héritabilité de la réussite scolaire fluctue significativement selon les différentes études. Elle est comprise entre 40 et 75%(Krapohl, 2014)
En revanche, si l’héritabilité est propre à une population, elle ne dit rien sur l’individu. On ne peut donc pas s’en servir pour identifier précisément les gènes responsables des différences. Attention à ne pas confondre héritabilité et hérédité : l’hérédité désigne le fait qu’un caractère est systématiquement transmis à la descendance à travers le génotype, tandis que l’héritabilité ne s’intéresse pas au gène en particulier.
Ainsi il s’avère que nos facultés intellectuelles sont, dans une large mesure, définies par notre patrimoine génétique, que nous héritons de nos parents. Il existerait donc une sorte de fatalité génétique et nos parents seraient donc à blâmer pour les inégalités de QI persistantes dans la société!