« I wouldn’t these genetic enthusiasms into public policy », Arthur Caplan. Intervenir ou pas?
En 2013 Kathryn Asbury et Robert Plomin publient G is for genes dans lequel ils résument les dernières avancées en génétique comportementale pour mettre en lumière les liens entre génétique et réussite scolaire. Mais Asbury et Plomin, sur la base de recherches sur l’équivalent du baccalauréat britannique, le GCSE, proposent également une série de recommendations politiques éducatives. Ils prônent notamment un cursus où l’enfant choisit davantage ses matières que dans le cursus actuel et nettement plus personnalisé.
En octobre 2013, Dominic Cummings, conseiller de Michael Gove, alors ministre de l’éducation reprend dans un rapport les études de Plomin et Asbury et écrit que “la science de la génétique n’est pas assez prise en considération dans l’éducation” et qu’il faut un “vrai enseignement personnalisé” (Asbury, 2015). Ce rapport et l’étude de Plomin sont largement repris par la presse ((Levy, 2013), (Devlin, 2015),…) (voir la page Passage du débat scientifique au débat public)
Pourtant, les propositions de Plomin, ensuite reprises par Cummings, ne font pas l’unanimité et certains comme Aaron Panofsky considèrent que la génétique comportementale n’a pas de leçon à donner en matière de politique éducative. Panofsky considère que « directed genetic personalization of education is impossible, certainly now, perhaps forever” (« une personnalisation du parcours éducatif en fonction des gènes est impossible, du moins actuellement, si ce n’est pour toujours”) . Il affirme que Plomin et Asbury “n’ont largement rien compris au problème de l’éducation”. Steven Rose, neurologue, qualifie lui de “pure fantaisie” (Rose, 2013) la proposition de programmes d’enseignement individualisés reprise par Plomin : “To suggest that identifying such genes will enable schools to develop personalised educational programs to match them as Cummings does”.
Franck Ramus, se montre également dubitatif par rapport à l’utilisation du génotype des enfants pour prévoir un parcours adapté.
D’autres comme J.Calarco considèrent que le milieu social définit davantage l’interaction entre le professeur et l’élève et son attention en cours que le patrimoine génétique.
Enfin, des professeurs soulèvent les risques pour les élèves que pourrait présenter un enseignement différencié basé sur le génotype. Cette peur est incarnée par Cathrin Scot (Scott, 2013 ) qui présente les risques que pourrait avoir une labellisation des élèves selon des capacités innées qui ne se sentiraient pas à la hauteur et limiteraient leurs efforts. Cependant, pour Plomin, il s’agit d’un non problème car les enfants se catégorisent déjà entre eux. (Wakefield, 2013).
Intervenir dans l’éducation ? L’avis est divisé entre les généticiens comportementaux d’un côté et les professeurs et certains sociologues et psychologues de l’autre.