
« Le QI moyen en France est de 100, de 110 en Asie donc les asiatiques sont meilleurs en mathématiques? » Mais que mesure exactement le QI ?
Définir et quantifier l’intelligence est un problème majeur dans la controverse et aussi un des premiers rencontrés : en effet, pour tirer une quelconque conclusion concernant l’intelligence, il faut réaliser des études, et donc une mesure est nécessaire. Mais d’abord faut-il savoir quoi mesurer ! Sans cette prise en considération, les tests ne sont pas adaptés et les résultats faussés : on peut prendre l’exemple de Genome-Wide Polygenic Scores Predict Reading Performance Throughout the School Years (Rozières, 2016), article dans lequel les auteurs décrivent une étude sur les capacités de lecture menée en observant le nombre d’années d’étude. (« As just discussed, our GWA study statistics are based on years of education in adults and are not specific to reading ability in school children », dirons les auteurs)
La plupart des études dans ce domaine sont faites en observant le QI, qui est une donnée assez répandue et facilement accessible : beaucoup sont effectuées sans même justifier l’utilisation du QI comme référence pour l’intelligence comme par exemple IQ and Inequality (Jenks, 1974) de R. J Herrnstein, article dans lequel sont décrit de nombreux modèles statistiques basés sur des mesures de QI. Mais cette utilisation du QI pour quantifier l’intelligence ne date pas d’hier : en 1903, le français Alfred Binet propose des tests cognitifs similaires aux tests de QI à faire passer aux enfants pour connaitre leurs capacités. Mais l’observation du QI est-elle justifié et adaptée pour quantifier l’intelligence ? Certains scientifiques en doutent.
Pour permettre d’effectuer des études cohérentes, 52 chercheurs se sont réunis pour définir l’intelligence (Deary et al., 2010) et proposent une définition générale :
Ce qui ressort de cette définition est une intelligence globale dont on retrouve une définition similaire dans Genetics of intelligence (Deary et al., 2005) : décrite avec les mêmes caractéristiques. On y précise que ceux qui sont performants dans un domaine ont tendance à l’être dans les autres : ce qui correspond aux observations de Spearman, qui a défini le facteur g (celui-ci est justement mesuré en unité QI). Par ailleurs l’article insiste aussi sur le fait que le QI, au delà d’être mesurable facilement, reste stable tout au long de la vie et que les expériences sont reproductibles (une personne passant 2 test de QI obtiendra des scores semblables). Mais l’effet Flynn constate cependant une hausse du QI moyen en Europe pendant les XIXe et XXe siècles dus à l’amélioration de la qualité de vie. Mais ces dernières années, on observe un chute du QI moyen de l’ordre de 2 points de QI par décennie.
Le QI est-il finalement adapté? S’entendant sur cette définition de l’intelligence, les scientifiques s’accordent pour affirmer qu’il s’agit bien d’une caractéristique mesurable (Deary et al., 2010).
Dès lors, le QI peut semblé adapté, car il résulte de test effectués d’après la définition de l’intelligence ci-dessus.
Y a-t’il des erreurs systématiques sur les mesures de QI?
Mais certains refusent de se restreindre à la mesure du QI pour mesurer l’intelligence. Sarah C.P. Williams, s’intéresse entre autres à une étude concédant que le QI était bien lié à la génétique, mais que rien n’indiquait que les mêmes gènes étaient associés à la réussite scolaire (Williams, 2014). Une autre étude est mentionnée, où les tests n’ont pas été menés sur le QI, mais sur plus de 83 autres critères différents. Par ailleurs, le QI est un outil occidental, centré sur une culture occidentale, ce qui explique pour certains le fait que d’autres cultures y réussissent moins bien.
Au vu de ces arguments, on comprend que le QI soit actuellement utilisé en majorité pour les études, mais qu’il est parfois insuffisant ou inadaptés pour certaines études.