
De plus en plus d’études permettent de détecter des relations entre certains gènes et la réussite scolaire. Cependant, encore récemment il restait un obstacle technique à franchir: la modification des brins d’ADN, qui restait très compliquée. Bienvenue à Gattaca demeurait encore inaccessible. Mais en 2015, une méthode révolutionnaire de modification des brins d’ADN a été découverte: il s’agit de la méthode CRISPR-Cas9. Elle permet très facilement de réécrire l’ADN humain, en le modifiant ou en ajoutant des morceaux. Certains comme Sheldon Krimsy, citée dans 5 Reasons Gene Editing Is Both Terrific and Terrifying (Weintraub, 2015) qui affirme tout de même qu’améliorer l’intelligence est très difficile voire impossible car on ne sait jamais quel résultat nous allons obtenir, décrivent même le génome comme un écosystème, où chaque modification va avoir des répercussions inattendues, ce qui rend beaucoup plus compliqué le procédé.
Cependant, bien que chercher à modifier l’intelligence soit beaucoup plus complexe que d’agir sur des traits physiques comme la couleur des yeux, la question de l’eugénisme se pose désormais, et beaucoup s’y intéressent. Ainsi, dans Are There Genes for Intelligence—And Is It Racist to Ask? (Henig, 2015), Mildred Solomon, président du Hasting Center souligne le fait qu’il est important de fixer des limites à ne pas dépasser, afin de ne pas reproduire les erreurs du passé. Le think tank Hasting’s Center a ainsi appelé à la plus grande prudence dans son dernier rapport après avoir conseillé un centre suivant des enfants surdoués sur la question des études génétiques. De plus, dans son article How Can Genomics Inform Education (Grigorenko, 2007), la professeur de psychologie Elena L. Grigorenko prend cette question éthique très au sérieux, et affirme qu’il faut rester aussi loin que possible d’une humanité modifiée génétiquement. Ainsi, beaucoup condamnent l’idée d’eugénisme, et affirment comme Marcy Darnovsky, cité dans 5 Reasons Gene Editing Is Both Terrific and Terrifying, que les parents ressentiraient une pression sociale qui les pousserait à apporter des modifications génétiques à leurs bébés. Une utilisation intensive de l’eugénisme dans ce domaine conduirait d’ailleurs à une augmentation des écarts sociaux entre la bourgeoisie et les classes populaires, ce que nous a confirmé le chirurgien Laurent Alexandre.
Cependant, même si cela paraît encore loin, certains comme Laurent Alexandre expliquent d’ailleurs que certains pays asiatiques sont déjà beaucoup plus ouverts à ce type de manipulation que les pays occidentaux. Il envisage même la possibilité que les pratiques transhumanistes et eugénistes s’intensifient au cours des prochaines générations, jusqu’au point où la société sera construite sur une opposition entre les transhumanistes et les bioconservateurs.