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Le corps et l'esprit humain dans l'espace

Risques liés à un voyage spatial "classique"

Tout d'abord, l'être humain a besoin d'énergie pour fonctionner. Cette énergie se retrouve sous la forme de nourriture que nous avalons tous les jours. Sans manger, nous finirions par mourir par manque d'énergie qui permet à notre métabolisme de continuer à fonctionner, et notre chaleur corporelle vient de là également. Lors d'un séjour de quelques semaines dans une station orbitale, le problème de la nourriture est pour ainsi dire inexistant. Mais lors d'un voyage de plusieurs mois (voire année, du fait du retour) il est nécessaire d'évaluer la quantité de nourriture dont notre corps a besoin pour pouvoir continuer à fonctionner. Cependant, le problème le plus important est l'eau. Notre corps en consomme plusieurs litres par jour pour fonctionner, et stocker suffisamment d'eau dans un vaisseau spatial pour pouvoir y vivre durant des mois représente un véritable challenge. A raison de deux litres consommés par jour et par personne, il faut environ 1000 litres d'eau par an pour une seule personne, sans compter la toilette, d'où un volume considérable.

La faible gravité qui règne dans l'espace interplanétaire fait peu à peu perdre au corps humain sa musculature, à tel point que les astronautes qui ne font que de brefs séjours dans l'espace et en orbite autour de la Terre doivent subir un renforcement musculaire une fois revenus sur Terre car ils ne sont souvent pas capables de se tenir debout sinon. Or ces astronautes ne restent dans l'espace que quelques jours, voir quelques semaines, ce qui n'est rien comparé à un possible voyage sur Mars, qui prendrait plusieurs mois. Il est donc nécessaire de maintenir la masse musculaire des voyageurs, ce qui n'est possible qu'avec des générateurs de gravité artificiels qui permettent de conserver environ 80% de la masse musculaire initiale (la technologie à l'heure actuelle est incapable de fabriquer un générateur qui reproduit entièrement la gravité terrestre).
Par ailleurs, le même problème se retrouve sur les os. En raison d'un manque de contraintes sur ceux-ci, ils perdent en volume et poids et sont beaucoup plus cassants lors d'un retour dans des conditions de gravité « normales ».

Risques liés aux radiations

Un autre problème soulevé assez tôt dans l'étude des voyages spatiaux est un problème plus psychologique : il s'agit de l'ennui et du comportement d'un groupe de personnes dans un espace clos. En effet, un voyage de plusieurs mois dans un espace restreint comme peut l'être celui d'un vaisseau spatial peut avoir des conséquences dangereuses pour le maintient de la cohésion d'un groupe de personnes. Il a ainsi été découvert que l'ennui qui pouvait régner dans le vaisseau au bout de plusieurs mois de trajet était un facteur de « mauvaise humeur » qui augmentait la tension entre les membres d'un vaisseau. A titre d'anecdote, on retiendra que l'envoi de prostituées accompagnant des astronautes a été imaginé, afin justement de réduire l'ennui permanent du voyage. Mais de façon globale, cette difficulté psychologique liée à l'environnement réduit est très difficile à réduire, même si une formation spécifique permettrait sans doute de contenir partiellement ce problème.

Ces différents effets sont assez gênants dans le cadre des voyages spatiaux, et le fait qu'ils soient amplifiés par le temps montre clairement que la réduction du temps de trajet dans un vol spatial interplanétaire pourrait permettre d'en limiter les conséquences. Néanmoins, le principal problème que pose la présence dans l'espace d'un être humain est celui de l'irradiation.

En effet, le Soleil émet en permanence des rayonnement ionisants de grande énergie de type rayons gamma qui sont donc difficiles à stopper et dont les effets peuvent être dévastateurs pour la santé. Ce sont des rayons très pénétrants, à titre d'exemple un mur de plomb d'environ un mètre d'épaisseur est nécessaire pour atténuer des rayonnements gamma en laboratoire, qui pourtant sont souvent moins énergétiques que ceux rencontrés dans l'espace interplanétaire. Le danger pour l'organisme de ces rayons est le suivant : lorsqu'ils traversent l'organisme, ils peuvent atteindre des cellules en profondeur, et ainsi, du fait de l'énergie qu'ils apportent, détruire celles-ci, causant des dommages irrémédiables, qui peuvent apparaître sous forme de brûlures graves et détruisent les cellules qui permettent une cicatrisation de la zone touchée. Les cellules immunitaires sont particulièrement touchées par ces rayons, car plus sensibles. Une irradiation peut provoquer à cours terme une aplasie (c'est-à-dire une destruction des cellules), une anémie (destruction des globules rouges) et des brûlures, mais peut également avoir des conséquences à long terme, par exemple des cancers ou des leucémies.

Il est nécessaire, pour évalue le risque dû au rayonnement, d'avoir des moyens de mesure de l'impact de celui-ci. Deux unités caractérisent une irradiation : le Sievert (Sv) et le Gray (Gy). Le Gray sert à quantifier l'impact immédiat de l'irradiation, et est ainsi une mesure de la dose de rayonnement reçue par l'organisme. Il est donc lié aux effets à courts termes et permet de savoir si un organisme exposé à une source irradiante peut ou non survivre dans l'immédiat. Le Sievert en revanche est le débit de dos reçu par l'organisme. Il est utile dans le cas d'une exposition prolongée à une source de rayonnements ionisants, et est par exemple appliqué pour les individus travaillant dans le secteur du nucléaire à proximité de matières radioactives. Pour avoir une référence, les normes appliquées en France pour une personne dans le secteur du nucléaire sont une dose de ... et un débit de dose annuel de ....

Des études ont été effectuées pour évaluer le risque d'irradiation dû aux rayons cosmiques provenant essentiellement du Soleil (les autres étoiles étant très éloignées, elles n'apportent pas une dose supplémentaire significative). Ces mesures ont été effectuées dans l'espace lors de séjours dans l'ancienne station russe Mir par exemple. Grâce au Dr Laurence LEBARON-JACOBS, nous avons pu obtenir des résultats qualitatifs précis sur ces irradiations. Il est intéressant de noter que le Soleil a des phases d'émissions de rayons cosmiques plus ou moins importantes, qui font radicalement changer les mesures effectuées. Les résultats sont clairs : lors d'une période, un astronaute a reçu une dose équivalente de 16 mSv sur une période de 26 jours, et lors d'une période intense, un autre astronaute a reçu une dose de 12 mSv pour 12 jours. La dose absorbée peut varier d'un organe à l'autre, ce qui a été découvert au fil des études de plus en plus poussées sur le nucléaire, et elle est donc pondérée par un facteur de qualité. Les doses estimées lors d'un voyage spatial interplanétaire sont assez élevées : pour un voyage d'un an, en période calme du Soleil, la dose reçue est de 0,47 Sv avec une protection anti-radiation, et 0,66 Sv sans protection. Dans le cas d'une période plus active du Soleil, les doses passent à 0,67 Sv si il y a deux éruptions solaires avec protection, et 1,42 Sv sans protection. Les protections peuvent être par exemple des réservoirs d'eau ou encore des plaques de métal, telles que du plomb.

La présence d'un réacteur nucléaire dans le vaisseau a fait l'objet d'études mais celles-ci n'ont pas encore abouties : elles sont basées en particulier sur des études dans des sous-marins nucléaires.