Le cancer du col de l’utérus tue chaque année environ 1000 femmes en France. Si la vaccination des jeunes filles permet de réduire ce nombre, le remboursement des vaccins, leur recommandation voire leur inscription à la liste des vaccins proposés à l’école par exemple, deviennent des questions de premier ordre pour le gouvernement. Ne pas rembourser un vaccin qui permet de sauver des vies serait jugé très négativement par certains. Cependant, une partie des détracteurs du vaccin avance l’idée que les fonds mis en œuvre pour assurer cette vaccination pourraient être mieux employés : leur principal argument est que seulement un faible pourcentage (1%) de femmes contaminées par un HPV souffre d’un cancer du col de l’utérus.
Des médecins, mais pas seulement, craignent aussi que le fonctionnement du vaccin soit mal compris par les patientes. Leur principale peur est que les femmes vaccinées ne jugent pas nécessaire d’effectuer par la suite des frottis régulièrement pour dépister un éventuel cancer. Hors le vaccin ne protégeant pas contre toutes les souches de papillomavirus, les dépistages par frottis seront toujours nécessaires. Les professionnels de la santé s’inquiètent que la promotion du vaccin se fasse au détriment de celle de la prévention secondaire, à savoir le dépistage par frottis. Ceci a été bien compris par le Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France, qui dans ses recommandations vis-à-vis du vaccin réserve toujours une part grande aux données concernant les techniques de dépistage actuelles, et rappelle leur importance. En outre le CSHPF demande à ce que les médecins parlent du dépistage lorsqu’ils prescrivent le vaccin, et surtout recommande qu’il soit rendu obligatoire aux firmes produisant les vaccins de mentionner le fait que les frottis seront toujours nécessaires (cf annexe).
En certains points du globe, la question de la vaccination entre en conflit direct avec les croyances et les idées de certains. Ainsi aux Etats-Unis, les conservateurs et les croyants, qui ont un poids conséquent dans les débats publiques, craignent que l’autorisation du vaccin et à plus forte raison la vaccination systématique des jeunes filles ne les encouragent à avoir des relations sexuelles : libérées de la peur d’être contaminées, elles seraient plus promptes à passer à l’acte. Pour eux, la vaccination contre le cancer du col de l’utérus s’oppose au principe d’abstinence. Se pose aussi la question : est-ce que les jeunes filles vaccinées continueront à utiliser des préservatifs ? Si le vaccin protège contre un type d’ IST, il en reste malheureusement nombre d’autres contre lesquelles le préservatif est le seul moyen de prévention.