Ce qui ressort majoritairement de la controverse étudiée est un véritable décalage entre les scientifiques du MNHN, notamment, et la population « directement touchée » par l'invasion du frelon. Si les scientifiques du Muséum estiment qu'ils vont assez régulièrement sur le terrain et sont donc au courant de l'état réel de l'invasion, ils sont perçus par les « locaux » comme des « gens de Paris », qui ne sont absolument pas au courant de la réalité de la situation. Le cliché qui persiste celui du scientifique enfermé dans son laboratoire. Ils le remarquent eux-mêmes :
« Franck Muller : Ils [les médias] ont réussi à nous monter malgré nous contre les apiculteurs, finalement pour lesquels en finalité on se bat.
Quentin Rome : En gros, le problème aussi qu'il y a, peut-être c'est intéressant de le dire aussi : pour les apiculteurs, quand on arrive, on est scientifiques, scientifique, c'est OGM, pesticides, donc déjà on arrive...
Franck Muller : Et c'est « Vous là-haut à Paris. »
Ou encore, selon le président de l'AAAFA, lorsqu'il évoque un entretien avec les scientifiques du MNHN :
« J'y ai passé deux heures et demie, on a bien discuté, et j'ai pu observer qu'ils sont au moins aussi têtus que moi, avec la différence que moi je suis sur le terrain et que j'observe beaucoup de choses, que je mets en ligne, et chacun prend ce qu'il veut.
Troisième exemple : le président d'un syndicat apicole, qui affirme :
« Nous on lutte, parce que eux ils sont loin. C'est eux contre ceux qui font des pièges.
Ce décalage contribue largement à la controverse. Il empêche certains arguments d'être perçus ou reconnus par les apiculteurs (par exemple), ce qui participe à l'incompréhension entre les différents partis. En revanche, les scientifiques font tout leur possible pour améliorer la communication avec les apiculteurs - via des conférences, notamment - et en allant sur le terrain pour capturer des frelons, les étudier dans leur environnement naturel. Ils essaient d'entretenir des relations étroites avec les apiculteurs.
Les médias semblent envenimer cet écart, en ne reprenant pas fidèlement les propos tenus par chacun (d'après l'équipe d'entomologistes du MNHN, par exemple, mais aussi selon Dominique Jourdain de la DRAAF), et alimentant alors une certaine animosité de certains envers les scientifiques.
Ce décalage existe aussi entre institutions publiques (régions, Ministère) et apiculteurs. Raymond Saunier, président du Syndicat Apicole de Gironde, rapporte ainsi que le Ministre de l'Environnement ou de l'Agriculture voulait émettre un arrêté pour interdire l'introduction du frelon asiatique en France. D'où une grande marque d'incompréhension entre les différents partis.
Enfin, il faut aussi noter que certains particuliers ou certaines associations, qui effectuent leurs propres tests de sélectivité des pièges (voir page Plusieurs sciences, sont regardés de haut par les scientifiques estimant que la rigueur scientifique des protocoles employés est discutable.
Cours de Description de controverses
MINES ParisTech - mai 2011
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