Les différents procédés mis en ouevre pour piéger les frelons asiatiques en général, et les fondatrices en particulier, sont l'un des thèmes les plus discutés de cette controverse. Dans ce débat, deux questions particulièrement importantes se posent à propos du piégeage. Est-il sélectif ? Est-il efficace ?
En effet, la plupart des pièges se basent sur le principe d'attirer les frelons asiatiques grâce aux odeurs, notamment avec de la bière brune, des aliments sucrés ou des phéromones. Seulement ces odeurs n'attirent pas seulement le Vespa velutina, mais aussi un très grand nombre d'abeilles, de guêpes, de frelons européens, et des milliers d'autres espèces d'insectes parmi lesquelles plusieurs hyménoptères.
Le problème apparaît tout de suite : si parmi les 150 insectes capturés par un piège on ne compte que 3 frelons asiatiques, on peut remettre en cause l'intérêt d'un tel dispositif. Non seulement l'impact sur la population des frelons est négligeable, mais de plus ces pièges sont un danger significatif pour la biodiversité et pour l'équilibre de l'écosystème local. D'après les entomologistes Claire Villemant et Jean Haxaire, l'impact sur l'entomofaune de pièges non sélectifs serait dramatique (lien document 30).
Cependant tous les pièges n'ont pas été testés par les scientifiques. Les apiculteurs pensent avoir trouvé un modèle de pièges sélectifs (lien document 27). L'idée est de piéger une fondatrice avec un piège classique, puis de le réutiliser sans appât une fois que la fondatrice l'aura imprégné de phéromones auxquels seuls les frelons asiatiques seront sensibles. Si la validité scientifique de cette série d'expériences reste à prouver, les apiculteurs s'en disent convaincus.
Enfin certaines associations d'apiculteurs comme l'AAAFA remettent en cause les expériences sur la sélectivité des pièges, déclarant notamment que seuls les pièges réputés non sélectifs ont subi des tests (lien entretien JP33).
Source du graphique : Muséum National d'Histoire Naturelle.
Au-delà du problème de la sélectivité, les points de vue des différents acteurs de cette controverse divergent en ce qui concerne la pertinence d'une stratégie de dépistage.
Pour les entomologistes du MNHN, la stratégie d'un piégeage agressif est à la fois inefficace et nuisible. En admettant que les pièges soient sélectifs et ne touchent que les fondatrices des frelons asiatiques, ils pensent qu'au lieu d'empêcher la création de nids potentiels, cette stratégie produit l'effet pervers d'éliminer la concurrence et de faciliter l'existence des nids de frelons asiatiques qui y échappent (lien entretien Villemant).
Ils préconisent une autre stratégie : un piégeage « protectionniste » au niveau des ruchers pour protéger l'économie apicole s'avèrerait plus pertinent, et serait un véritable bouclier pour les abeilles des apiculteurs.
Les acteurs engagés plus près du terrain voient le piégeage comme leur seule arme pour agir contre le frelon asiatique, et ont ainsi à coeur de l'utiliser comme moyen d'action contre cette menace pour leur chaptel. Mais les plus réfléchis d'entre eux, notamment ceux qui ont arrêté d'antagoniser les entomologistes, s'accordent néanmoins avec certains scientifiques sur le fait qu'un piégeage doit être réalisé par toutes les régions s'il veut être efficace (document 24).
La condition ingrate d'efficacité d'un piégeage sélectif, même défensif, est d'être unilatérale et systématique. Sans quoi il resterait a priori inutile, au regard de l'expansion de l'espèce.
Cours de Description de controverses
MINES ParisTech - mai 2011
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