Les professionnels de santé


Attitude du monde médical face aux résultats scientifiques et au marché actuel

Les allégations des fabricants de compléments alimentaires ou les réclamations de consommateurs doivent s’appuyer sur des faits scientifiquement prouvés pour être acceptés par le monde médical et les organismes de régulation. Cependant, comme le souligne Sylvie Berthier de la Mission Agrobiosciences, ces études doivent être menées sur un grand nombre de personnes pour être révélatrices d’un effet, et c’est extrêmement coûteux. Rares sont donc les informations données s’appuyant sur de véritables études scientifiques. Elle ajoute en outre que le cas des aliments est de plus très complexe : les études ne présentent que le comportement d’une seule molécule, or celle-ci est comprise dans un aliment entier, et son action in vivo peut donc être différente. La réussite d’une expérience in vitro n’implique pas nécessairement qu’elle sera reproduite dans le corps, où de nombreux autres facteurs interviendront, comme les interactions entre organes. On commet ici l’erreur, selon le docteur Guerrier, de séparer le corps de l’individu : On dit que le corps est une machine, et qu’il suffit donc de la brider un petit peu, de faire ce qu’on veut, et que ça va fonctionner. Mais ça ne marche pas du tout comme ça. Parce que le corps n’est pas une machine.

Entre les études réalisées en laboratoire et les interrogations des consommateurs, il y a une responsabilité des médecins, mais ils ne sont pas correctement formés à la nutrition , regrette Sylvie Berthier, déplorant le manque de sensibilisation des médecins et pharmaciens à la nutrition. La conséquence en est, selon le docteur Guerrier, diététicienne, qu’ on est en train de rendre les gens dépendants aux médicaments et compléments alimentaires, alors que normalement c’est juste un moyen de les aider à un moment donné.

Les compléments alimentaires sont en effet dans certains cas une partie de la solution aux problèmes rencontrés, car selon le docteur Guerrier, la diététique a ses limites. Elle n’agit pas par exemple sur les syndromes prémenstruels, sur la dépression, très peu sur la boulimie, l’anorexie, l’acné, les problèmes de circulation. […] C’est pour ça qu’[elle alliait] diététique et compléments alimentaires , qui peuvent alors se révéler utiles, mais restent une béquille. Mais en même temps dans le milieu médical on ne sait pas comment s’adapter à la source ; ce n’est pas notre culture . L’origine du problème se situe selon elle bien en amont, car c’est notre conception globale du corps qui est remise en question : Ce qu’on trouve dans la grande distribution n’est donc pas efficace, mais surtout parce que ce qu’on recherche n’existe pas vraiment : on ne peut pas se substituer à la nature.

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