Etude de cas : la prise de compléments alimentaires dans le cadre d’une activité sportive
Caractéristiques du rôle des compléments alimentaires dans le domaine du sport
Les scientifiques expliquent la nécessité de manger équilibré, et d’avoir une activité physique : c’est le meilleur moyen pour rester en bonne santé.
rappelle Sylvie Berthier. Néanmoins, la pratique d’une activité sportive, au niveau amateur aussi bien que professionnel, modifie les apports nutritionnels nécessaires ou pousse les athlètes à chercher à améliorer leurs performances, d’où le recours aux compléments alimentaires.
Une étude, réalisée par l’Institut de Leon (Espagne) en 2009 (Use of nutritional supplements in sports : risks, knowledge, and behavioural-related factors), confirme l'emploi de compléments alimentaires par 40 à 88% des sportifs interrogés dans le cadre des recherches, et présente comme apport majeur l'étude de l'aspect psychologique de cette prise par les sportifs. Il souligne entre autres que :
- cette consommation diminue lorsque le niveau d'information croît ;
- les sportifs -et particulièrement les hommes- s'en remettaient principalement à leurs entraîneurs et coachs plus qu'à leurs médecins, alors que des médecins soutiennent que les compléments alimentaires ne sont bénéfiques que dans le cadre d'un suivi par un diététicien (
Parfois, une inadéquation entre un entraînement intensif et une alimentation déséquilibrée ou un «régime restrictif » peut justifier l’utilisation ponctuelle de compléments nutritionnels.
). source - la prise de produits illégaux était précédée de celle de produits légaux ;
- cette prise est fortement conditionnée par l'environnement du jeune sportif ainsi que par sa personnalité.
Impacts sur les performances et la santé des sportifs
Les effets des compléments alimentaires, qu'ils soient bénéfiques ou néfastes, sont d'autant plus visibles dans le domaine du sport que l'organisme est soumis à des contraintes bien plus intenses, souvent associées à des régimes strictement contrôlés.
Cette prise a souvent lieu sans avis médical, après des recherches d’information sur Internet par exemple. Ce manque de formation est déploré par le docteur Guerrier, qui cite « un exemple typique : le bodybuilder […]. Ils ont fait le lien « muscle = protéines » et « protéines = acides aminés ». Donc si vous allez à Go Sport ou Décathlon, vous avez un énorme rayon de poudres étiquetées « acides aminés ». Le problème, c’est que ça n’est pas en faisant les mouvements et en absorbant des acides aminés que ça fonctionne. » Cette consommation est dans ce cas au mieux sans effets, mais peut également être à l’origine de réactions allergiques ou autres complications. Les effets de plantes comme la maca par exemple sont vantés sur certains blogs pour lutter contre la fatigue et le manque d’énergie, alors qu’une saisine de l’Afssa de juillet 2008 a abouti à la conclusion que « dans l’état actuel des connaissances, la sécurité d’emploi de la poudre de racine de maca n’est pas démontrée. » (en particulier à cause de la présence d’alcaloïdes nécessitant des conditions de préparation précises pas forcément respectées)
A ces problématiques purement médicales s’ajoute la question du cadre réglementaire dans lequel s’inscrit la prise de compléments alimentaires. Les comités sportifs ont mis en place des règles très strictes déterminant lorsque cette consommation peut être assimilée à du dopage. La réglementation anti-dopage stipule que le sportif déclaré positif est considéré comme responsable même si les produits stimulants ne sont pas indiqués sur l'étiquette. C’est pourquoi la FIFA par exemple, insiste sur l'importance d'une alimentation équilibrée avant la consommation de compléments alimentaires, ainsi que sur le risque de résultats positifs aux tests anti-dopage à cause de la présence d'anabolisants et d'autres produits interdits, qui ne sont pas forcément indiqués sur l'étiquette du CA ou ont pu contaminer leur chaîne de production. (source : fascicule de la Fifa)
L’étude Nutritional supplements cross-contaminated and faked with doping substances révèle lors du test de 634 compléments alimentaires en 2001 et 2002 (achetés dans 13 pays différents) que 15% de ceux qui n’étaient pas de nature hormonale étaient contaminés par des stéroïdes anabolisants (principalement des pro hormones). Des stimulants comme la caféine ou l’éphédrine, prohibés par les règlements internationaux, sont fréquemment détectés dans des compléments alimentaires mais pas forcément indiqués lors de l’étiquetage, d’où un fort risque de contrôle anti-dopage positif. Des équipes ont ainsi mis en place des tests avant chaque compétition pour les membres de leur équipe qui souhaitaient vérifier la conformité de leurs CA, comme celle des Pays-Bas avant les Jeux Olympiques de Salt Lake City : 14 produits, sur 69 compléments alimentaires consommés par ses athlètes, contenaient des stimulants non spécifiés sur l'étiquette.