Entretien Didier Baron
4 questions à CORAIL VIVANT… - 14 mai 2012
1. Quelle a été la position de votre association à propos de la construction de l'usine de Goro?
Nous étions, bien entendu, opposés au projet INCO. Il s'agissait d'un procédé peu amélioré par rapport à celui mis en œuvre à Cuba ( lien ). L'usine pilote INCO était d'ailleurs une copie conforme de l'usine du Colorado construite par AMAX OVERSEAS et récupérée par le BRGM dans le cadre de la création de la société AMAX INTERNATIONAL de droit Français. Nous ne pensions pas que la Province Sud serait capable d'élaborer une législation sur les installations classées et d'en décréter efficacement l'application (Ce qui se vérifie encore aujourd'hui).
Le procédé d'extraction latéritique par la voie acide présente (Entre autres) deux dangers majeurs : la faible teneur (1,2) du minerai induit un décapage plus important des sols pour parvenir au même niveau de production latéritique (2.7) donc une destruction plus importante. L’autoclave à 400° sous pression représente un danger continu mortifère sur un grand rayon.
Bien entendu les autres pollutions (tuyau, imprégnation des nappes, dénaturation des sols et des cours d'eau (Chgt du PH), production de CO², pompage dans le lac de Yaté, etc...)
Il était à craindre enfin un bouleversement socio-économique de la région peuplée de tribus.
Vis à vis de ces tribus nous nous sommes rendus à une réunion du "comité d'embauche" à l'invitation du Grand Chef Atiti (Qui était totalement pour cette implantation). Après avoir évoqué tous ces risques nous avons indiqué que nous serions à sa disposition dans l'espace coutumier. Nous l'avons supplié de mettre en œuvre une structure de vérification technique qui aiderait à la prise de décision des coutumiers. Il sortit de cette réunion le comité rhéébu nùù avec lequel nous avons travaillé et agi sur le terrain jusqu'en 2007 période de la signature d'un pacte liant l'entrepreneur aux autres acteurs qui a créé, entre les principaux acteurs, l'OEIL (Observatoire écologique sans véritable efficacité ni pouvoir). Pour ce qui nous concerne nous avons été écartés dès 2008 de toute approche.
2. Le classement au patrimoine mondial de l'UNESCO du lagon est-il selon vous un argument en votre faveur pour vous opposer au rejet de déchets par un tuyau?
Pour ne pas avoir à répondre devant des organismes internationaux (Droit de la mer, déversement dans les eaux intérieures) il a été entretenu une confusion entre deux termes : lagune et lagon par les experts eux-mêmes. Théoriquement l'UICN aurait dû imposer sa volonté concernant ce tuyau. Cela n'a pas été fait et les comités de gestion issus de l'inscription sont totalement sous contrôle provincial. Nous portons donc un jugement extrêmement réservé sur la capacité de l'UICN à imposer sa volonté sur les états. D'autant plus qu'en Nouvelle-Calédonie l'environnement étant devenu une compétence provinciale il existe un hiatus sur la relation État/UNESCO vis à vis de ce site en série. Néanmoins, étant les initiateurs de ce projet et reprenant progressivement des forces auprès de la société civile notre dernier mot n'a pas été dit. Notre fondement repose sur la remise de la gestion entre les mains du peuple Kanak du site en série ce qui, en ces périodes électorales, nous permettra de relever notre position. Il faut savoir qu'une fuite de 100 tonnes d'acide a provoqué l'évacuation de l'usine la semaine dernière).
3. Quels sont vos moyens d'action pour faire entendre vos revendications? Avez-vous obtenu des résultats satisfaisants ?
Nos moyens d'actions sont quasiment nuls mais nous prenons le risque d'éditer un magazine trimestriel à compter du 1° août, de contribuer fortement à une radio associative dans la région de Bourail (Production, réalisation). Sur l'ensemble de notre engagement nous avons obtenu un ensemble de résultats réglementaires assez sidérant qui a dépassé nos prévisions les plus optimistes. Il reste à contraindre la puissance publique à les mettre en œuvre et se doter des moyens pour y parvenir. Le socle existe mais peu de moyens et encore moins de débats, pour faire l'économie d'implants fonctionnels (très chers et à long terme) font l'objet d'une réflexion.
4. Avec quels autres organismes travaillez-vous pour la préservation de l'environnement en Nouvelle-Calédonie ?
Nous sommes membres du groupe technique de l'Initiative Française pour le Corail (IFRECOR : lien ) qui a réussi à oublier de nous convoquer au réunions pendant un an. Nous n'avons été ni consultés ni informés quand des organismes comme les Conservatoire des Espaces Naturels (CEN). Nous échangeons des informations avec quelques organisations internationales (UN-DESA). Le fait que nous n'ayons jamais transigé et que nous n'ayons pas demandé de subventions pour préserver notre indépendance nous a passablement isolé des organismes ou organisations. En retour cela nous permet d'en mesure la passable inefficacité.
Il arrive assez fréquemment que nous soyons consultés par des institutions, des grandes écoles, des étudiants, des professionnels, des personnes grâce de l'activité de terrain. Nous nous considérons plus productifs à ce niveau et nous pensons qu'à terme c'est de ce genre de relations inter-actives que nous parvenons à maintenir notre niveau et à permettre une transformation basique mais efficace de notre microcosme calédonien.
Le Président
Didier BARON
14/05/12