Les Blocages - 1ère partie
Une succession de blocages et de luttes
Le projet Goro nickel prévoit la construction d’une nouvelle usine d’exploitation du nickel. Cette usine utilise une nouvelle méthode : l’hydrométallurgie (cliquer ici pour des détails) . Mais cette méthode laisse une certaine quantité de déchets liquides que Goro a prévu de rejeter dans la mer via un tuyau qui se déverse dans le lagon. Et c’est ce tuyau qui met le feu aux poudres.
↓ Emplacement du tuyau Goro
Carte interactive disponible sur le site de l’ŒIL ici (Observatoire de l’environnement en Nouvelle Calédonie)
Quand tout s’enflamme
Voulant défendre sa terre, quelques membres des communautés Kanakes avoisinant le lieu d’installation du site d’exploitation créent en 2002 le comité Rheebu Nuu (« l’œil du pays » en kanake) pour s’opposer au projet Goro nickel. Rheebu Nuu ainsi que l’USTKE (Union Syndicale des Travailleurs Kanaks et des Exploités) font alors entendre leur colère. En mars-avril 2004, ils bloquent le chantier de Goro pendant plus de 2 semaines, puis ils organisent des marches et autres manifestations et usent de tous les recours administratifs. Pour défendre leurs positions, ils s’allient aux Verts Pacifiques lors des élections provinciales du 9 mai 2004. Ils ne recueillent que 1,57% des voix mais en mars 2008, les Kanaks profitent des élections municipales pour se faire entendre : Rheebu Nuu gagne la mairie de Yaté et l’USTKE celle de Belep (d’après « Nouvelle-Calédonie : les actions contre Goro Nickel se poursuivent », publié par l’Agence France Presse le 18 avril 2004).
La controverse fait rage et va jusque devant les tribunaux : Raphaël Mapou, principal porte-parole de Rheebu Nuu, est interpelé le 4 Février 2005 et mis en examen en mai 2006 pour « complicité de participation à un attroupement armé et entrave à la circulation ». Rheebu Nuu contre-attaque alors en portant plainte contre le président de l'Assemblée de la Province Sud, Philippe Gomès (« Avenir ensemble », mouvement politique créé en août 2004 au Kuendu Beach / Nouméa qui cherche à développer la Nouvelle-Calédonie et à assurer l’égalité au sein de la population calédonienne), pour « prise illégale d’intérêt », et contre le directeur général de Goro Nickel, Ron Renton, pour « corruption active » (ceux-ci répondent à leur tour par des plaintes pour « diffamation et dénonciation calomnieuse »). Ces plaintes croisées font respectivement l'objet d'un non-lieu et d'un rejet. Le 4 mai 2006, Rheebu Nuu est condamné en appel à verser 900 000 F CFP de dommages et intérêts au bénéfice de Goro Nickel pour des dégradations commises lors du blocage de mars 2004.
Fin 2006, le tribunal administratif annule l’autorisation d’exploitation de Goro nickel après considération des risques trop importants de pollutions créés par cette usine. C’est alors que commencent les négociations entre Vale Inco et les Kanaks (d’après « L'usine de Goro bouscule le nickel néo-calédonien » de Martine Orange, publié le 3 mai 2008 dans le journal d’information numérique Mediapart, disponible ici ).