Fiche Médias
Un impact médiatique limité de la controverse
Une visibilité limitée dans la presse calédonienne
Au cours de l’entretien que nous avons réalisé avec la journaliste Anne Pitoiset, correspondante en Nouvelle Calédonie pour Les Echos, et spécialiste d’anthropologie économique en Calédonie, nous lui avons demandé si l’impact médiatique généré par la controverse était important. Anne Pitoiset se montre en réalité très critique vis-à-vis de la presse calédonienne, qui selon elle ne rend pas compte de la situation de façon libre et indépendante :
« La presse est assez muselée, il y a qu’un quotidien, pour l’instant il y a qu’une chaîne, il n’y a que RFO qui ne fait pas grand-chose. Moi c’est un peu mon combat. […] Alors après dans la presse, est-ce qu’il y a de la censure ? Oui, il y a de l’autocensure en Calédonie. Il y a de l’autocensure par le seul fait qu’il n’y a qu’un seul quotidien, qui dépend de la publicité, et en Calédonie, c’est très simple, si vous choquez quelqu’un, on vous supprime la publicité aussitôt. » (propos extraits de l’entretien réalisé avec Anne Pitoiset le 23/01/12).
Par ailleurs, certains organismes écologistes dénoncent le manque d’intérêt des médias Calédoniens pour leurs revendications. « Les médias ne nous donnent pas la part belle », regrette Yorita Lauvray, présidente de l’association écologiste Action Biosphère, qui a répondu à nos questions le 16/05/12.
Anne Pitoiset affirme se battre pour que le grand public soit davantage conscient de la situation et de ses conséquences. Ainsi, en plus des nombreux articles qu’elle rédige pour Les Echos, la journaliste a en 2009 coréalisé le documentaire « Sous le vent de l’Usine », qui donnait la parole aux habitants des tribus voisines de l’usine de Goro. Dans ce documentaire, les populations locales exprimaient leurs craintes, leurs espoirs ou leur scepticisme.
Les évolutions institutionnelles qui découlent de la signature du pacte soulignent l’importance d’engager les différents acteurs de la controverse dans une démarche de transparence. Par exemple, Céline Duron, chargée de communication scientifique au sein de l’ŒIL, nous a rappelé au cours de l’entretien réalisé le 15/05/12, que la communication d’informations scientifiques au grand public et aux médias reste l’une des priorités de l’observatoire. « Et d’ailleurs les médias se sont emparés de nous, les médias vont voir l’industriel et vont voir l’observatoire. Pour avoir notre point de vue… », raconte-t-elle à propos de l’incident industriel survenu le 8 Mai 2012. Une fuite d’acide de 50 à 100 m3 avait alors eu lieu.
Fréquence d’apparition du mot nickel dans le journal « Les Nouvelles Calédoniennes ». Pic en 2002 correspondant au début du projet et entre 2006 et 2009 correspondant aux périodes de plus fortes tensions puis à la signature du pacte.
Une version du débat relayée par certains médias hexagonaux : un problème exclusivement environnemental ?
Certains médias métropolitains, comme TF1 dans son journal de 20h, et France 3 dans l’émission Thalassa, s’y sont également intéressés. Ils ont dressé un tableau critique de la situation environnementale à proximité de l’usine de Goro, en développant moins les questions d’ordre économique et politique, selon Anne Pitoiset.
Ainsi, le 30 Janvier 2009, quelques mois après la signature du pacte, le magazine Thalassa diffuse un reportage intitulé « La guerre du nickel », dont un extrait est disponible au lien suivant : lien
Ce reportage insiste particulièrement sur le problème posé par le rejet de déchets par un tuyau dans le lagon. « Une fois le précieux nickel obtenu, restent les déchets solides, mais aussi liquides. Des déchets encombrants et toxiques. Du mercure, du plomb, des dioxines, du chrome, et d’autres métaux lourds seront rejetés par ce long tuyau de 21 km, qui reposera au fond du lagon », indique la journaliste.
Le 1er Octobre 2009, TF1 diffuse dans son journal de 20H une enquête sur le sujet. Le reportage s’intéresse tout particulièrement aux dégâts causés par un accident survenu en avril 2009 et qui avait entrainé le rejet d’acide sulfurique dans des cours d’eau. Cet accident a causé la mort de nombreux poissons et un phénomène d’eutrophisation. Il s’agit d’un déséquilibre des eaux le plus souvent dû à l’activité humaine, et qui déclenche la prolifération d’algues, comme on peut le voir sur l’image ci-dessous. Les journalistes de TF1 ont enquêté sur le sujet, alertés par les associations écologistes Action Biosphère et Ensemble Pour La Planète.
Image extraite d’un reportage de TF1 diffusé le 1er Octobre 2009.
Pour accéder aux cartographies, cliquer ici pour celle d'avant 2008, et ici pour celle d'après 2008.