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Fiche OEIL

ŒIL (Observatoire de l’environnement en Nouvelle-Calédonie) : un observatoire qui associe les différents acteurs de la controverse

  Site web de l'ŒIL : lien

 

Contexte de la création de l’ŒIL

 

2000

Démarrage construction de l’Usine de Goro

2002-2004

Suspension de la construction

2005

Reprise des travaux

2006

Suspension construction et annulation arrêté ICPE (Installation Classée pour la Protection de l’Environnement)

2006

Etude de faisabilité d’un observatoire

2008

Lancement du projet de l’OEIL

2008

Nouvel arrêté ICPE

Signature du Pacte

2008

Inscription du lagon au patrimoine mondial de l’Unesco

2009-2010

Essais et démarrage

2009

Statut de l’ŒIL adoptés

2009

Création du bureau

2010

Recrutement de l’équipe

 

      Céline Duron, chargée de communication scientifique à l’ŒIL, résume ainsi le contexte de la création de l’observatoire : « Ce qui s’est passé c’est que dès 2006, il y a eu une volonté de la province Sud, avec l’implantation de l’usine de Goro Nickel, Vale maintenant, et aussi du fait de l’inscription de la zone « Grand lagon Sud » au patrimoine mondial de l’UNESCO… Il y a eu cette volonté de la province Sud de se doter d’un outil supplémentaire de suivi environnemental et de communication… Et donc très tôt la province sud a perçu l’enjeu de créer un observatoire. » (Propos extraits de l’entrevue réalisée le 15/05/12)

 

Missions de l’OEIL

      L’ŒIL a trois missions principales :

  • Surveillance : Recueillir et organiser les données environnementales. Il s’agit d’homogénéiser, d’analyser et d’interpréter ces données. 
  • Recherche : développer et optimiser les outils du suivi environnemental.
  • Communication : rendre accessibles et diffuser impartialement les données environnementales.

Un large public visé :

      Pour Céline Duron, l’un des principaux objectifs de l’ŒIL est  « de rendre accessible l’information environnementale. Ce n’est pas seulement pour le grand public. C’est aussi et surtout pour les habitants du sud. Il y a des tribus, et c’est une cible à laquelle on essaie de rendre l’information accessible. Pourquoi ? Parce que ce sont les premiers concernés, et concrètement ils se demandent si l’air qu’ils respirent, ou si les cours d’eau sont pollués… » (propos extraits de l’entretien réalisé le 15/05/12). L’ŒIL essaie de manière générale de vulgariser l’information scientifique. La jeunesse est également l’une de ses cibles privilégiées. Mais l’observatoire communique également avec les médias, avec communauté scientifique et acteurs de l’environnement, pour favoriser les échanges et pour centraliser les données scientifiques sur l’environnement. Par ailleurs, l’ŒIL essaie de favoriser l’ouverture et la transparence dans les échanges avec l’industriel. Céline Duron rappelle l’objectif d’être un « outil d’aide à la décision » pour les autorités.

 

Constitution de l’ŒIL : association des différents acteurs du débat

      Le Conseil d’Administration de l’OEIL est composé de 6 Collèges, de sensibilités diverses. Il compte des représentants des Communes et groupements, des populations locales, des industriels, des associations environnementales, des syndicats professionnels hors mines et industrie, ainsi que de la province Sud. Ainsi se côtoient au sein du conseil d’administration de cet observatoire à statut associatif, Raphaël Mapou, membre de Rheebu Nuu, qui en est le président, et des représentants de Vale Inco.

 

       Nous avons demandé à Céline Duron comment l’ŒIL parvient à concilier des points de vue aussi différents : « Alors ça c’est un gros challenge. On essaie toujours de mettre l’industriel face aux questions des uns et des autres, et puis essayer d’apporter des réponses scientifiques. […] Plusieurs fois Raphaël Mapou a menacé de reprendre sa liberté, c'est-à-dire de sortir de l’OEIL, et de reprendre sa liberté au sein de Rheebu Nuu, clairement contre l’industriel, si on n’arrivait pas à une collaboration. » (Propos extraits de l’entretien réalisé le 15/05/12)

 

       On pourrait se demander comment l’ŒIL parvient à faire cohabiter au sein de son conseil d’administration des personnalités de sensibilités aussi différentes que celles des industriels et que celles des écologistes. Céline Duron nous a ainsi expliqué l’importance d’avoir des échanges transparents au sein de l’ŒIL : « Un exemple très concret : moi quand je dois rédiger un article, sur un sujet environnemental, sur une pollution potentiellement liée à l’industriel, j’envoie toujours le texte pour validation à l’ensemble des membres du conseil d’administration. Et ils peuvent me répondre. Vale, l’industriel, va sortir de ses gonds en réécrivant un petit peu à sa sauce, … Ils peuvent toujours me répondre, mais ils doivent répondre à tous. Il faut qu’ils répondent à la fois aux associations et aux gestionnaires… Ils ne répondent pas qu’à nous. Donc forcément ils vont un peu modérer leurs propos, s’ils ont en face d’eux des scientifiques et des associations environnementales ». C’est cette organisation qui oblige Vale Inco à s’engager dans une démarche transparente, qui devrait aboutir très prochainement à la signature d’un protocole d’accord de la transmission de données.

 

Provenance des données expérimentales

      L’ŒIL affirme une volonté d’indépendance. « On est un outil d’aide à la décision. Indépendant et autonome dans sa capacité d’interprétation. […]Notre positionnement c’est de s’appuyer sur des faits scientifiques, avérés, mesurables, fiables… », rappelle Céline Duron.

      L’observatoire s’appuie sur un conseil scientifique, constitué de seize membres, dont des chercheurs de l’IRD, de l’IFREMER, de l’université… Par ailleurs, l’ŒIL a une petite équipe de chercheurs et réalise ses propres suivis sur le terrain.

Obstacles rencontrés

      Le principal problème rencontré par l’ŒIL reste l’accès aux données de ses partenaires, notamment de Vale Inco. Ainsi, en 2009, à la suite d’un accident industriel, de l’acide sulfurique a été déversé dans des cours d’eau, ce qui a touché la faune et la flore aquatique. L’entreprise n’avait alors pas communiqué ses informations. De même, en 2010, elle n’a pas informé l’ŒIL qu’un incident avait eu lieu. Néanmoins, Céline Duron note une amélioration sur ce point : « On est assez dépendants des données des industriels et des instituts de recherche. […] Et par exemple avec l’industriel Vale, on est sur le point de signer ce protocole, et c’est une grande avancée. Ce protocole d’accord sur la transmission des données engage l’industriel à adopter une démarche transparente. En nous envoyant toutes les semaines ses indicateurs, les résultats de ses suivis… »

      L’ŒIL ne fait en tout cas pas encore l’unanimité, notamment auprès de certaines associations environnementales. Selon l’association Corail Vivant, qui ne fait pas partie du conseil d’administration, l’ŒIL est un « observatoire écologique sans véritable efficacité ni pouvoir » (propos de Didier Baron, président de Corail Vivant, qui a répondu à nos questions par mail).

      Pour accéder aux cartographies, cliquer ici pour celle d'avant 2008, et ici pour celle d'après 2008.