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Fiche autorites

Les provinces calédoniennes

      « La Nouvelle-Calédonie est aujourd’hui une collectivité sui generis, qui bénéficie d’institutions conçues pour elle seule, et qui se voit transférer, de manière progressive mais irréversible, certaines compétences de l’Etat. […]

      La Nouvelle-Calédonie est organisée en trois provinces (Province Nord, Province Sud, Province des Iles). Les provinces sont des collectivités territoriales qui disposent d’une compétence de droit commun, c’est-à-dire qu’elles sont compétentes dans toutes les matières qui ne sont pas réservées par la loi à l’Etat, au territoire ou aux communes. Elles s’administrent librement par des assemblées élues pour cinq ans au suffrage universel direct. » (Extrait du site officiel du ministère des Outre-mer, Organisation administrative de la Nouvelle Calédonie; lien )

      Historiquement, il existe une forte rivalité entre la Province Nord, gouvernée par les indépendantistes du FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste), et la Province Sud, gouvernée par les loyalistes du Rassemblement-UMP.  Nouméa, le chef-lieu de la Nouvelle-Calédonie, est située dans la Province Sud et compte beaucoup de métropolitains et d’Européens ou de descendants d’Européens, ce qui explique en partie leur opposition à l’indépendance de la Nouvelle Calédonie.

      L’indépendance politique de la Nouvelle Calédonie nécessitant l’indépendance économique, la province Nord encourage le développement des activités minières et comme les autres provinces (et surtout la province Sud) ne veulent pas être dépassées par la province Nord, toutes les provinces ont un rôle économique important par rapport aux différentes sociétés d’extraction et d’exploitation du nickel. Ainsi, la province Sud possède 5% du capital de Vale Inco (d’après le site internet Vale Nouvelle Calédonie), les 2 autres provinces en possèdent 5% au total et la STCPI (Société Territoriale Calédonienne de Participations Industrielles, qui regroupe les 3 provinces) possède 34% de la SLN (Société Le Nickel, source : Le Nickel, publié le 27/12/2007; lien ); enfin, la province Nord contrôle la SMSP (Société Minière Sud Pacifique) par l’intermédiaire de SOFINOR, Société de Financement et d’Investissement de la province Nord. Bref, les provinces financent toutes les entreprises calédoniennes ayant attrait au nickel. Vu la part importante du capital de chaque société minière que possèdent les provinces, celles-ci ont intérêt à prendre parti pour les sociétés minières pour défendre leurs intérêts économiques.

      Mais leur rôle ne s’arrête pas là. Ce sont aussi elles [les provinces] qui décident de donner ou pas le permis de construire aux nouvelles usines. On comprend bien alors que le danger pour les politiques est de confondre leurs intérêts économiques avec leurs devoirs de dirigeants et de céder à la corruption.

      D’après le site internet Vale Nouvelle Calédonie, la Province Sud participe activement à de nombreux forums de consultation et de surveillance qu’elle a mis en place (enquêtes, Comité de suivi environnemental, Comité de pilotage provincial, Table ronde, etc.). Les 3 provinces financent le CCCE (Comité Consultatif Coutumier Environnemental, intermédiaire permettant une discussion permanente entre Goro Nickel et les populations voisines de son projet, comme il est précisé dans le livret commémoratif du 29 octobre 2009).

      Enfin, les provinces interagissent avec les associations environnementales et les comités représentant les différentes populations, comme Rheebu Nuu. Par exemple, ce comité a réclamé « l’annulation de l’arrêté de la Province Sud autorisant la construction de l’usine et la création d’un « fonds patrimoine autochtone » pour réhabiliter les sites. […] A la demande de Rheebu Nuu, la Province Sud a demandé une contre-expertise au Centre européen de recherche et d’enseignement des géosciences de l’environnement (Cerege) » (d’après l’Agence France Presse, Nouvelle-Calédonie : les actions contre Goro Nickel se poursuivent, 18 avril 2004) et en 2006, Rheebu Nuu a réussi à faire annuler par le tribunal administratif de Nouvelle-Calédonie l'arrêté pris par la province Sud deux ans plus tôt et autorisant l'exploitation de Goro Nickel.

Pour accéder aux cartographies, cliquer ici pour celle d'avant 2008, et ici pour celle d'après 2008.