Les biocarburants des premières générations en sont actuellement au stade industriel : ils ont donc suscité l’intérêt des entreprises. En témoigne le nombre de producteurs de biocarburants à travers le monde, citons :
- Le groupe européen des producteurs de biodiesel, ou European Biodiesel Board (EBB), qui est une organisation fondée en 1997 porteuse d’un double objectif : promouvoir les biocarburants au sein de l’Union Européenne et regrouper les principaux producteurs de biocarburants
- Total, qui, parmi ses activités, inclut la production de biocarburants
- Tereos, qui est un groupe agro-industriel spécialisé dans la première transformation de produits agricoles (betterave, canne, céréales) destinés au secteur de d’énergie; l’un des secteurs d’application est la production de bioéthanol, carburant liquide pouvant se substituer à l’essence.
La filière des biocarburants est donc intéressante pour les industriels. Quel est l’état des lieux pour les biocarburants de troisième génération ?
Certaines tentatives industrielles existent en Europe. C’est ainsi qu’une start-up espagnole, Bio Fuel System, a lancé une production de biocarburants à base d’algues (Pierre Le Hir, A Alicante, la révolution du « pétrole bleu », Le Monde, 29 janvier 2011, source papier). L’entreprise travaille en partenariat avec l’université d’Alicante pour mener à bien ce projet, ce qui témoigne des liens encore étroits qui unissent la recherche et l’industrie. En France, l’industrie des biocarburants issus de micro-algues est à un tournant de son développement : il reste à établir des partenariats publics-privés afin de financer les projets, comme le souligne un article du Monde de 2011, « La filière française doit maintenant s’organiser ». Les compétences sont là, les centres de recherche nombreux, technologiquement, l’activité est mise au point : « La France dispose en effet d’équipes de recherche de premier plan, au CNRS, à l’Institut de recherche pour l’exploitation de la mer, au CEA ou à l’INRA ».
Ces centres de recherche vont avoir une importance capitale dans l’industrialisation de la production de biocarburants.
L’INRA est le premier institut de recherche agronomique en Europe. Il met son expertise au service du secteur privé (notamment les grands groupes industriels) et des services publics. Il s’engage vis à vis de la société pour la recherche dans des domaines tels que l’alimentation, l’environnement, les énergies renouvelables et la valorisation des territoires au moyen de contrat d’objectifs d’une durée de 4 ans avec l’Etat. Il accompagne et participe à de nombreux projets d’avenir concernant les biocarburants, dont Greenstars. Le projet Greenstars est porté par le gouvernement en tant qu’institut d’excellence dans le domaine des énergies décarbonées. Au sein de l’INRA, le Laboratoire de Biotechnologies de l’Environnement est le centre de recherche universitaire auquel appartient Jean-Philippe Steyer, un spécialiste très cité et très reconnu dans le domaine.
Mais d’autres organismes publics de recherche s’intéressent de près aux biocarburants, soulignant les liens de l’industrie avec la recherche mais aussi les directives publiques :
- Le CNRS, qui comprend l’Institut Ecologie et Environnement, plus spécialisé dans le domaine des bioénergies. Il participe avec l’INRA et d’autres centres au groupe EcoInfo, qui met à disposition son expertise aux industriels.
- L’Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques (INERIS), établissement public à caractère industriel et commercial placé sous la tutelle du ministère chargé de l’Ecologie. Il se concentre sur la maîtrise des risques pour un développement durable des biocarburants (lien vers un dossier publié).
- Le Centre d’Energie Atomique (CEA), établissement public de recherche, en partenariat avec des entreprises auxquelles il propose des expertises technologiques. Le CEA est un opérateur de recherche au meilleur rang mondial dans le domaine des technologies de l’énergie, notamment pour l’énergie nucléaire mais aussi pour les énergies renouvelables, avec une plateforme de recherche spécifique.
- L’Institut Français du Pétrole, s’intéresse aussi aux énergies nouvelles dans les domaines de l’énergie, du transport et de l’environnement.
Ces organismes de recherches ont des liens très étroits avec l’industrie et c’est ensemble qu’ils travaillent à une possible future production à grande échelle de biocarburants issus d’algues.
Ainsi, la filière française de production de biocarburants de troisième génération est donc en cours de lancement. Une collaboration entre les industriels, les pouvoirs publics et les organismes de recherche est nécessaire. Cependant, des freins économiques et réglementaires subsistent. Pour Veolia, il manque un « démonstrateur industriel ». De premières tentatives sont en cours, comme le projet en partenariat avec GDF-Suez dans le Morbihan : Safeoil.
« Les premières mises en culture dans les bassins sont prévues pour le printemps 2013. » assure Jean-Philippe Steyer de l’INRA (Marie Pintado, La microalgue, futur biocarburant grâce à l’INRA. ,Midi Libre, 27 Mars 2012).
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