Introduction

L’organisation des espaces urbains et les modes de consommation n’ont cessé d’évoluer depuis la moitié du siècle dernier. Des mutations économiques de l’après-guerre ont entraîné des changements radicaux de rapport au commerce, avec notamment  l’apparition des grandes surfaces. Ce sont ces changements qui, entre autres,  ont permis à la population française de suivre une telle croissance. Dans la continuité de ces évolutions historiques, on est amené à dresser le bilan de ce qu’est devenu, aujourd’hui, le commerce de proximité et l’organisation du commerce en centre-ville. On est alors amené à constater à grande échelle, une diminution progressive du commerce de proximité et plus largement de sa diversité. La controverse autour de ce sujet s’est très rapidement étendue car elle concerne tout riverain qui observe facilement les mutations de sa rue.

Une première problématique consiste à s’interroger sur les causes d’un tel phénomène. Elles sont de plusieurs ordres et on en distingue deux majeurs :

-d’un point de vue économique et utilitaire: la grande distribution n’a cessé de grandir par les intérêts de coûts qu’elle donne à ses clients. Il est possible d’acheter en plus grande quantité et à moindre coût. Cet aspect a contribué à l’essor des Trente Glorieuses et se justifie toujours actuellement en ces temps moins fastes au niveau économique. Également, les petits commerçants n’ont pas tous pu supporter ce détournement de clientèle et ont par conséquent fermé leurs portes. Enfin, la grande distribution concentre en elle-même une grande diversité ce qui rend aisée la consommation.

-au niveau de l’urbanisme : les différentes lois qui ont été adoptées ont permis l’implantation de grandes surfaces qui ont porté préjudice à la diversité des commerces aux alentours. Phénomène d’autant plus marqué qu’on observe actuellement l’apparition de « moyennes surfaces » en plein centre-ville (Dia, Carrefour Market) qui viennent d’autant plus porter atteinte à l’intérêt des commerces de proximité.

Les problèmes ainsi engendrés nécessitent une action de la part des collectivités locales qui se doivent de défendre leurs commerçants, mais aussi les individus qui souhaitent pouvoir consommer des produits autres que ceux issus de la grande distribution et conserver une diversité dans ce choix : on assiste également à une spécialisation du commerce de proximité pour essayer de garder un attrait face à la grande distribution ce qui explique le phénomène de « rues entières d’opticiens ou rues entières de marchands de chaussures ». Le manque de diversité des petits commerces peut également prendre cette forme.

Une deuxième problématique consiste donc à s’interroger sur les instruments permettant de garantir la diversité des petits commerces. Au cours de nos recherches, nous avons compris que la tendance consistait, au niveau juridique, à vouloir faire de l’urbanisme une réglementation qui s’étendrait au commerce. On parle alors d’urbanisme commercial. Mais la question qui émerge rapidement est la suivante : l’urbanisme, qui a pour instrument juridique premier le « permis de construire », est-il approprié pour établir une réglementation en matière commerciale? L’urbanisme peut-il en effet prendre en compte la nature de l’activité qui s’installe à un endroit donné, ce qui dépasse le cadre esthétique donc il s’occupe en premier?

C’est cette problématique que nous avons choisi de placer au cœur de notre controverse et nous avons reçu des réponses différentes au cours de nos recherches et entretien.

Notre étude s’est étendue sur les aspects suivants :