Anaïs Bohuon

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Profession

Socio-historienne, Anaïs Bohuon est aussi Maître de conférence à l’UFR STAPS de Paris Sud. Elle publie des articles et ouvrages scientifiques sur le corps, le sport et le genre.

Une de ses principales publications : Le Test de Féminité dans les Compétitions Sportives. Une histoire classée X ?, 2012.

Son site web : http://www.anaisbohuon.com/

 

Son implication dans la controverse

Citée ou interviewée dans la presse généraliste, elle est radicalement opposée à ces tests.

Depuis son livre (2012), elle défend la même thèse, s’oppose à ce test pour plusieurs raisons. Elle rencontre des sportives et on retrouve son point de vue dans la presse généraliste mais pas dans les articles scientifiques.

Aucun médecin n’est capable de donner la définition de ce qu’est une vraie femme. Dutee Chand se vit et se revendique en tant que femme. Elle a été élevée en tant que femme, s’est toujours sentie femme et c’est le monde du sport qui lui dit : vous n’êtes pas une femme.

(Coquard, 2015)

Mais le monde du sport valorise les avantages innés ou naturels, rétorque Bohuon. Une taille normale, ce n’est pas quelqu’un qui fait 2,20 m au basket. Pourtant, on ne régule pas cet avantage. Là, on dit que les femmes doivent rester dans le seuil normal estimé. Encore faudrait-il prouver que toutes les femmes XY bénéficient d’un avantage qui leur permette d’aller à haut niveau ! Je comprends qu’on ne peut pas abolir les frontières (du genre). Mais si vous prenez leurs records, elles sont loin des hommes. Semenya, avec ses 1min55s45, elle n’arrive même pas aux Championnats de France masculins… Je suis persuadée que le TAS va aller dans le sens de Chand et casser la décision.

(Coquard, 2015)

Pour Bohuon, les tests découlent d’une vision normative de la féminité :

On veut que les sportives excellent mais qu’elles restent dans les critères de la féminité : être mince, imberbe, avoir un minimum de hanches, avoir un minimum de poitrine, ne pas être trop musculeuse, être longiligne… Au-delà du sport, ces tests nous amènent à réfléchir sur ce qu’on attend d’une femme dans la société. Faut-il se maquiller pour être une femme ? Faut-il s’apprêter spécialement pour être une femme ?

(Au Mondial, les footballeuses sont priées d’être des femmes, 2015)

En outre, il lui semble inepte de ne pas considérer une surproduction hormonale naturelle comme un avantage parmi d’autres

Et s’il s’agit juste de contrôler les femmes qui auraient un taux de testostérone plus important, ce qui constitue effectivement un avantage, dans ce cas, pourquoi ne pas chercher à réguler d’autres avantages physiques, pourquoi ne pas interdire les joueurs de basket qui mesurent plus de 2,20 m ?

(Au Mondial, les footballeuses sont priées d’être des femmes, 2015)

Pour elle, l’argument selon lequel les tests auraient une portée dissuasive pour éviter que des hommes ne concourent avec des femmes est fallacieux : 

Ces tests de féminité sont illogiques si l’on connaît bien le sport de haut niveau. Le sport est un tel bastion de la masculinité que, pour un homme, participer à une compétition féminine, ce serait la honte ! […] 

(Au Mondial, les footballeuses sont priées d’être des femmes, 2015)

Enfin, pour Anaïs Bohuon :

Il faudrait complètement arrêter ces tests et faire exactement la même chose qu’on fait pour les hommes, se contenter des tests de dopage.

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