Apparition des termes et concepts

Hermaphrodite, intersexe, intersexué, hyperandrogyne ? Nombreux sont les termes qui désignent les individus dont les critères physiques ne permettent pas de les appeler « homme » ou « femme ». Cependant, ces termes ont des sens différents et ne sont pas utilisés au même moment. Voici donc quelques définitions de ces termes qui permettront de mieux les comprendre et les situer dans le temps.

 

Hermaphrodite
C’est au début du XXème siècle que le vocabulaire médical commence à employer le concept d’hermaphrodisme. C’est le premier terme qui apparaît lorsque les instances sportives commencent à s’intéresser au sexe des sportifs. Dès 1936, les athlètes hermaphrodites sont interdites de compétitions sportives. Cinquante ans après sa mort, Stella Walsh est accusée d’être hermaphrodite. L’hermaphrodisme est une pathologie particulière, qui caractérise un individu présentant à la fois des organes génitaux mâles et femelles. Cette conclusion est souvent tirée hâtivement. Dans l’article d’Emmanuel Quintin, paru dans le Figaro en Septembre 2009, Caster Semenya est qualifiée d’hermaphrodite. Plus loin, nous pouvons lire : Les examens sanguins, chromosomiques et gynécologiques pratiquées sur la jeune Sud-Africaine révèlent en effet qu’elle n’aurait pas d’ovaires mais des testicules internes qui produisent de la testostérone”. Le terme d’hermaphrodite est donc ici clairement un abus de langage.

 

Intersexe
Au fur et à mesure que la controverse évolue, les chercheurs préfèrent le terme intersexe, expression qui prend plus de précaution car elle désigne un individu dont les organes génitaux ne peuvent être définis comme mâles ou femelles. L’Intersex Society of North America (ISNA) s’est battue pour le changement de nomenclature, notamment au travers d’un article paru en 2005 intitulé Changing the nomenclature/taxonomy for intersex. Aujourd’hui, le sigle LGBT (Lesbienne, gay, bisexuel et transsexuel) est parfois suivi d’un I pour intersexe. En effet, d’après l’association Genres Pluriels, une personne intersexe présente les traits psychologiques de l’intersexualité, c’est-à-dire un refus de la binarité des sexes. (www.genrespluriels.be)

 

Intersexué
Le terme intersexué est proche d’intersexe et souvent pris pour synonyme. D’après l’association Genres Pluriels, une personne intersexuée a choisi un des deux sexes majoritaires (homme ou femme).

Dans le cadre de notre controverse, Anaïs Bohuon préconise l’usage du terme intersexué et de son substantif intersexuation (et non pas intersexualité) qui éloigne tout amalgame entre condition physique et orientation sexuelle.

 

Hyperandrogénie
D’un point de vue médical, l’hyperandrogénie caractérise le fait de produire trop d’androgènes (hormones masculines). Depuis le début du XXIème siècle, c’est le terme qui est utilisé par les instances sportives pour caractériser les femmes dont le taux de testostérone est trop élevé. En employant ce terme, comme nous le souligne les instances sportives, le sexe de la personne n’est pas remis en cause. Une athlète hyperandrogyne est une femme avec un taux d’hormone différent de l’ordinaire. D’après lui, ce n’est pas aux instances sportives de déterminer le sexe d’un individu. Elles doivent seulement trancher sur leur éligibilité à concourir.

 

Disorders of Sex Development (DSD)
C’est notamment l’ISNA (Intersex Society of North America) qui a utilisé le terme de « Disorders of Sex Development » (Troubles du Développement Sexuel). D’après eux, cette dénomination permet d’éviter le moins d’amalgame possible : pas de lien direct avec l’identité sexuelle, pas de notion de « vrai sexe » qui est problématique, ni de volonté d’assigner un sexe à un individu. L’ISNA accorde un intérêt particulier au vocabulaire car d’après elle, ce dernier doit suivre l’évolution des concepts. Ainsi, l’intersexuation dépasse le cadre uniquement médical alors que le terme de DSD s’intéresse seulement à la dimension médicale d’une certaine condition physique.

 

Les tests
A leur apparition en 1960, les tests sont appelés tests de féminité par les instances sportives. En 1997, B. Dingeon (responsable du contrôle de genre aux JO de 1992 et 1994) et A. Lacoste (médecin du sport) insistent sur la dénomination contrôle de genre. 

Désormais, la terminologie qui s’impose est : contrôle de genre. Contrôle de féminité (trop souvent utilise en langue française) est inappropriée, car la féminité est indéfinissable, infinie, multifactorielle… et donc a la portée d’aucun test simple, aussi moderne et aussi puissant soit-il.

Aujourd’hui, les instances sportives préfèrent parler de tests d’éligibilité soulignant qu’ils n’ont pas vocation à définir le sexe ou le genre d’un individu mais de déterminer si un certain nombre de critères garantissant une équité suffisante sont respectés afin de permettre à cet individu de concourir ou non dans telle ou telle catégorie.

Ni le CIO, ni l’IAAF n’a l’autorité à déterminer le genre d’un individu au plan légal et juridique. Ils décident seulement si une personne est éligible pour concourir avec les femmes. (Propos recueillis lors de notre entretien avec un médecin du sport)

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