Rigueur scientifique remise en cause
Le boom médiatique
Potentielles répercussions
Une vision alternative de la controverse
« Chose certaine, nos résultats devraient inciter les pays à investir dans les recherches visant à élucider les causes des cancers, à déceler les facteurs environnementaux qui en sont responsables et à concevoir des programmes de prévention »
souligne M. Hannun.
La parution de l’étude de Cristian Tomasetti et Bert Vogelstein a ébranlé le monde scientifique, comme nous l’avons montré jusqu’à présent. Y. Hanun souligne ici un autre aspect de l’étude de Cristian Tomasetti etBert Vogelstein : selon lui, la parution de cet article pourrait limiter le nombre d’étude portant sur les causes du cancer dans le futur.
Cet argument est repris dans l’article « Non, le cancer n’est pas le fruit du hasard ! » (Le Monde, 07/01/2015) écrit par Annie Thébaud-Mony (sociologue des questions scientifiques relatives au cancer à l’EHESS) qui affirme que d‘une part, les scientifiques, souvent motivés par les découvertes novatrices, ne seront plus forcément très intéressés par des recherches sur les causes du cancer si celles-ci ont déjà été déterminées, et qui plus est si elles sont en majorité dues à des facteurs stochastiques par définition imprévisibles. De plus, la science serait selon elle souvent perçue comme toute puissante, donc les résultats scientifiques de l’article de Science risqueraient de ne pas susciter de nouvelles études sur le sujet :
Pour moi,ce type d’article est terriblement contre productif,car il fait croire que la science va trouver quelque chose qui explique le cancer. Il y a une fascination pour une science toute puissante.
fait remarquer Annie Thébaud-Mony.
Annie Thébaud Mony soutient aussi qu’il faut également prendre en compte les financements de ces recherches. Comme celle de Cristian Tomasetti et Bert Vogelstein, des organismes industriels privés financent une part des travaux scientifiques. La sociologue du cancer affirme que le fait que la recherche soit financée par ce moyen porterait un risque, car selon elle ces organismes privés pourraient faire en sorte de financer les études qui servent leurs intérêts. En l’occurrence, les recherches soutenant la thèse que des facteurs extrinsèques sont cancérigènes et favorisent énormément le développement de la maladie risqueraient d’être négligées et de manquer de financement.