« Le cancer, c’est la faute à pas de chance ? »
Mateus C. (2015, 3 janvier) Le Parisien
« Le cancer c’est la faute à pas de chance »¹, « Incertitudes sur la « loterie » du cancer »² titre la presse. « Bien plus que le tabac », peut-on lire, les cancers seraient « provoqués par le hasard ».
L’événement qui a provoqué une telle effervescence médiatique est un article paru le 2 janvier 2015 dans la revue Science : « Variation in cancer risks among tissues can be explained by the number of stem cell divisions » : Cristian Tomasetti et Bert Vogelstein par une analyse bio-statistique sont arrivés à la conclusion que 2/3 des risques de développer un cancer est lié au nombre de divisions cellulaires dans un organe au cours de sa vie.
La presse généraliste a repris les résultats de cette étude en expliquant que 2/3 des cancers pouvaient être attribués au pur hasard, à la malchance. Cette interprétation et l’article de C. Tomasetti et B. Vogelstein a conduit au développement d’une controverse ayant touché différents domaines.
Notre travail a été d’étudier les différentes réactions suite à la publication d’un article allant à l’encontre d’un consensus scientifique et des politiques de prévention en place. Nous avons étudié les retentissements provoqués dans la presse à la fois généraliste et spécialisée et également mené des entretiens avec différents acteurs impliqués dans la controverse afin d’avoir la vue du sujet la plus complète possible.
Les résultats de l’étude ont été repris par des journalistes et des scientifiques qui ont remis en question ces résultats. Ils auraient notamment donné lieu à une sur-interprétation et à des déductions dites simplistes voire hasardeuses comme l’explique Annie Thébaud-Mony dans un article paru dans Le Monde le 7 janvier 2015 intitulé « Non, le cancer n’est pas le fruit du hasard ! » D’autant plus que les deux auteurs dans le communiqué de presse relayé le 7 janvier 2015 par Science mettent en garde contre les interprétations erronées qui ont été faites de leur article.
Ces résultats sont également très discutés car ils pourraient avoir des conséquences importantes en matière de politiques publiques reposant sur des études faisant le lien entre facteurs environnementaux et développement du cancer. Toutefois en parallèle l’équipe du docteur Yusuf Hannun a mené une étude se basant sur les même données mais remettant en cause les conclusions de C. Tomasetti et B. Vogelstein, cette étude parallèle a donné lieu à l’article « Substantial contribution of extrinsic risk factors to cancer development » publié dans la revue Nature le 16 décembre 2015.
Les réactions se font très vite suivre, et plusieurs spécialistes des questions de santé comme le journaliste Jean Yves Nau résument la situation :
Pour l’heure la plupart des spécialistes se refusent à trancher entre ces deux conceptions aussi opposées, le presque-tout hasard et le presque-tout comportemental, une forme de fatalité et une forme de libre arbitre.
Jean-Yves Nau 2015
Ce faisant, il récapitule bien les enjeux liés à cette controverse sur les origines des développements des cancers et les problèmes scientifiques qu’elle soulève dans de nombreux domaines.
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Les points de discussion s’articulent autour de trois dimensions : les problèmes de rigueur scientifique vis à vis de l’étude controversée, le « boom » médiatique qui a fait suite à la publication de l’étude de C. Tomasetti et B. Vogelstein, et les potentielles répercussions de cet article dans le monde scientifique et dans les domaines de santé publique.
¹ Mateus C. (2015, 03 janvier) Le Parisien
² Par Pauline Fréour (2015, 01 décembre), Le Figaro
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