Rigueur scientifique remise en cause
Le boom médiatique
Potentielles répercussions
Une vision alternative de la controverse
Une épidémiologiste dans un institut de recherche sur le cancer, au cours d’un entretien qui nous a été accordés, a exprimé sa surprise vis-à-vis des réactions à l’étude de Cristian Tomasetti et Bert Vogelstein qui ont été très virulentes dans son laboratoire. L’idée que deux tiers des cancers seraient dus à une erreur de réplication lors des divisions cellulaires change en effet la manière d’aborder la maladie et les causes qui lui sont communément accordées. Les résultats ont surtout posé problème dans le domaine de la santé publique et de la prévention des cancers en remettant en cause les campagnes de prévention contre les dangers de la cigarette ou de l’alcool. Une mauvaise lecture de l’étude conduit à expliquer les cancers par des facteurs que la médecine ne peut contrôler donc canaliser. Les personnes ayant des comportements à risque peuvent alors considérer que leur consommation de tabac n’a pas un véritable lien avec la probabilité de développer un cancer. De cette manière le retentissement de l’étude peut s’expliquer par le fait que le cancer touche un domaine bien plus vaste que celui de la médecine avec des implications politiques et économiques majeures.
Cependant, selon Tomasetti et Vogelstein, les recommandations de l’OMS quant à l’observation d’un mode de vie sain seraient devenues la priorité pour de nombreuses personnes qui dénigreraient ainsi l’importance du dépistage.
Les conséquences psychologiques et sociales sont aussi à prendre en compte car la question de la responsabilité individuelle du patient peut être remise en cause. Une étude expliquant que le développement des cancers ne peut être véritablement contrôlé tend à déculpabiliser les malades.