Acteurs de la controverse
Docteur Sergio Canavero
BIO
Sergio Canavero est un neurochirurgien qui concentre ses travaux sur la transplantation de tête
Canavero a grandi et étudié à Turin, à l’Université de Turin. Il a travaillé pendant 22 ans comme neurochirurgien à l’hôpital universitaire de Turin, mais a quitté l’institution en 2015 à cause de sa constante opposition avec ses collègues de travail. Il a été le directeur du Turin Advanced Neuromodulation Group. Il a commencé travaillé sur la transplantation de tête en 1982.
En 2013, Canavero a publié un protocole qui selon lui rendrait possible la transplantation de tête, le projet HEAVEN (HEad Anastomosis VENture). Canavero a collaboré avec Xiaoping Ren, de l’université de Médecine de Harbin.
En novembre 2017, avec Ren Xiaoping et leurs collègues, ils déclarent avoir réussi à transplanter une tête entre deux cadavres humains avec succès.
REFERENCES
Tom Lamont (October 3, 2015). « I’ll do the first human head transplant ». The Guardian. Retrieved November 18, 2017.
Sharon Kirkey (2017). « Head Case ». National Post. Retrieved November 18, 2017.
Dr Xiaoping Ren
BIO
Ren Xiaoping est un chirurgien orthopédique, connu pour avoir fait partie de l’équipe ayant réalisé la première greffe de main.
Ren est diplômé de l’Université de Médecine de Harbin. De 1996 à 2000 il poursuit ses études en faisant de la recherche sur l’anatomie et la chirurgie des mains.
Ren est un personnage controversé depuis qu’il a annoncé qu’il comptait participer à la première greffe de tête.
Avant cela, Ren a passé sept ans à transplanter des têtes avec des souris. Mais les résultats ont été plus ou moins probant : le succès de ses greffes est à prendre avec des pincettes, les souris qui ont vécu le plus longtemps avec la transplantation sont mortes au bout de trois heures.
POSITION DANS LA CONTROVERSE
C’est en partie à cause du manque de succès de ses expériences que Ren est si critiqué. De plus, la procédure est jugée trop coûteuse et requiert trop de médecins. Il est aussi accusé de mener des opérations contraires à l’éthique.
Mais malgré toutes ces critiques, Ren reste confiant quant à la viabilité de la transplantation de tête, fermant les yeux sur les problèmes de re-connection de la moelle épinière, point technique qui divise beaucoup de médecin dans cette controverse.
REFERENCES
Hannah Osborne (14/06/2017) “HEAD TRANSPLANTS: SERGIO CANAVERO ANNOUNCES SUCCESSFUL REPAIR OF SPINAL CORDS” Tech and Science, Newsweek
Helen Thomson (24 September 2016) Head transplant team’s new animal tests fail to convince critics, NewScientist
Valery Spiridonov
BIO
Valery Spiridonov est un russe d’une trentaine d’années qui souffre de la maladie de Werdnig-Hoffmann, une maladie génétique qui affaiblit les muscles et les neurones moteurs. Sa maladie l’a réduit à n’être plus capable que de se nourrir, taper sur un clavier et se déplacer en fauteuil roulant grâce à un joystick.
Spiridonov est déjà très chanceux selon les médecins d’avoir survécu jusque là. Etant conscient de la fragilité de sa vie, il a voulu prétendre à la première transplantation de tête, qui aurait été opéré par Canavero et Ren ainsi que 80 autres médecins. Spiridonov n’a pas été le seul à se porter volontaire, douze autres hommes ont aussi tenté, mais sa candidature a été la première retenue.
On estime qu’un telle opération coûterait entre 10 et 100 millions de dollars. Pour lever des fonds, il a commencé à vendre des t-shirts, des mugs, des coques d’iPhone avec une image de sa tête sur un nouveau corps.
POSITION DANS LA CONTROVERSE
Mais en 2017, après deux ans de travail et de préparation avec Canavero et son équipe, Spiridonov a annoncé vouloir arrêter toute procédure. De fait, il n’est plus certain de vouloir prendre les risques d’une opération si expérimental, et préfère prétendre à des opérations sur la moelle épinière, plus susceptible d’améliorer sa condition.
CITATIONS
‘Given that I cannot rely on my Italian colleague, I have to take my health into my own hands,’
‘I gave two years of my life to this project. I will be glad to see it happening (with someone else).’
‘I feel a weight lifted off my chest.’
REFERENCES
Will Stewart (21 June 2017) “Volunteer set to become the first person to undergo a HEAD TRANSPLANT admits he will NOT now undergo the surgery and says: ‘That’s a weight off my chest’”, MailOnline
Jerry Silver
BIO
Jerry Silver est Professeur dans le département de Neuroscience à l’Université de Médecine de Case Western, et Professeur adjoint dans le département de Neurochirurgie à la Clinique de Cleveland.
Il a étudié l’anatomie à l’Université de Case Western jusqu’en 1974, puis a poursuivi ses études à Harvard en neuroscience.
Il a obtenu de nombreux prix dans ses domaines de recherche. Il s’est concentré essentiellement sur les remèdes à la paralysie et sur la réparation de la moelle épinière endommagée.
POSITION DANS LA CONTROVERSE
Etant donné sa position d’expert en matière de moelle épinière, Jerry Silver a beaucoup critiqué les travaux de Sergio Canavero. Il l’accuse de rester volontairement vague dans ses rapports d’expérience, de manquer de preuves et de cacher l’échec de certains procédés. Il ne fait aucune confiance en le succès d’une transplantation de tête.
REFERENCES
Case Western Reserve University, Jerry Silver
Arthur Caplan
BIO
Arthur Caplan est Professeur de Bioéthique à l’Université de Médecine de New York (NYULMC). Il est docteur en philosophie des sciences, et a beaucoup contribué à l’élaboration des politiques de dons et de distribution d’organes aux États-Unis, ainsi qu’aux politiques de vaccination et don de sang.
POSITION DANS LA CONTROVERSE
Pour Caplan, l’opération n’est en aucun cas faisable, l’obstacle de la re-connection de la moelle épinière n’est pour lui pas surmontable. A cela s’ajoute les problèmes de rejet de greffe et les effets secondaires engendrés, qui seront susceptibles d’être beaucoup plus violent pour une greffe de tête complète.
Par ailleurs, même si l’opération était viable techniquement, pour Caplan, il y a un gros obstacle éthique : le cerveau ne fonctionne pas tout seul, il ne fonctionne qu’en interaction avec les sens et les signaux nerveux de tout le reste du corps. Un cerveau transplanté sera-t-il capable de fonctionner en réponse à d’autres perceptions, à un corps qu’il ne connaît pas ? Pour lui, une telle opération ne peut conduire qu’à une instabilité mentale, et c’est en cela qu’elle ne peut être éthiquement correcte.
CITATIONS
“it is both rotten scientifically and lousy ethically.”
“Scientifically what Canavero wants to do cannot yet be done. It may never be doable.”
“one would have to be out of one’s mind.”
REFERENCES
Anto Čartolovni and Antonio G. Spagnolo (15 June 2015) “Ethical considerations regarding head transplantation”
Arthur Caplan (February 2015) “Doctor Seeking To Perform Head Transplant Is Out Of His Mind”, Forbes
Arthur Caplan (22 May 2015), “Head Transplant: Could This Irresponsible Procedure Really Take Place?”, Medscape
Jean-Michel Dubernard
BIO
Jean-Michel Dubernard est un médecin et professeur des universités-praticien hospitalier à l’Université Claude Bernard Lyon.Il a été député UMP de 2002 à 2007.
Il a acquéri une renommée internationale en dirigeant la première greffe de main en 1998. Il réalise ensuite la première double greffe de main en 2000. En 2005, il a participé à la première greffe partielle du visage.
POSITION DANS LA CONTROVERSE
Jean-Michel Dubernard pense que Canavero va dans le bon sens, et que la médiatisation et les critiques qu’il subit sont conséquence d’un grand pas dans la médecine. De fait, il fait un parallèle avec ce qu’il avait pu endurer à l’époque de la première greffe de main (article incendiaire dans le New York Times).
Même s’il reconnaît que Canavero a triché dans ses expériences sur la moelle, il a confiance en la réussite technique de la transplantation, et la considère nécessaire afin de changer la vie de nombres de tétraplégiques.
Pour ce qui est de l’éthique, Jean-Michel Dubernard pense que c’est au patient seul de décider si oui ou non la transplantation doit avoir lieu. Et pour que le choix soit réel, il faut être transparent avec le patient et le prévenir de tous les risques éventuels. Il ne risque pas d’y avoir de problème d’identité car pour lui le cerveau est un disque dur, et le corps sur lequel sera greffé la tête n’influera pas sur la personnalité. De plus, il considère qu’il n’y aura pas plus de risque de rejet que pour une greffe de main où la réussite est de 85-95%.
REFERENCES
“Urologie et chirurgie de la transplantation”, Hôpital Edouard Herriot
Lawrence K. Altman. “A pioneering transplant, and now an ethical storm.” New York Times, (6 décembre 2005)
C-Yoon Kim
BIO
C-Yoon Kim est un chercheur à l’Université de Médecine Vétérinaire de Konkuk à Séoul en Corée. Il a travaillé notamment sur le protocole de re-connection de la moelle épinière dans le cadre de GEMINI.
Il opère sur des souris et des chiens en leur coupant le cordon cervical et en utilisant ensuite des fusogènes pour la réparer. Précisément, il applique localement une solution aqueuse de PolyEthylene Glycolylated – Graphene NanoRibbons (PEG-GNRs). Cette solution combine les atouts fusogénique du PEG et les propriétés de conduction électrique des GNRs.
POSITION DANS LA CONTROVERSE
Il a mené des expériences aux côtés de Canavero, mais celles-ci ont mal été reçues par le monde scientifique : plusieurs expériences sont des cas d’études isolés, sans utilisation de témoin, d’autres n’ont pas pu être exploitées du fait d’une inondation dans les laboratoires.
Ils ont néanmoins pu guérir un chien dont ils avaient dégradé 90% de la moelle épinière, et 5 souris sur 8 après le même type d’opération.
REFERENCES
“Spinal cord fusion with PEG-GNRs (TexasPEG): Neurophysiological recovery in 24 hours in rats”, C-Yoon Kim
“Controversial ‘Head Transplant’ Doctor Claims Success in Animal Experiments”, George Dvorsky, Gizmodo
Marike broekman
BIO
Marike Broekman est une neurochirurgienne de l’Université d’Utrecht (Pays-Bas), actuellement à l’Ecole de Médecine de Harvard (Etats-Unis), présidente de l’Ethico-legal Committee of the European Association of Neurosurgical societies (EANS).
Elle a mené beaucoup de recherches en oncologie, et spécifiquement sur le diagnostic et le traitement de tumeurs cérébrales.
POSITION DANS LA CONTROVERSE
Pour elle la transplantation de tête ne peut être éthiquement correcte que si le rapport bénéfices/risques est positif. Or elle considère qu’aujourd’hui, les médecins n’étant pas techniquement prêts pour une telle opération (problème de la moelle épinière, de la gestion des rejets et de la douleur post-opération), on ne devrait pas se lancer dans la greffe de tête. Elle rappelle aussi que les organes du corps donneur pourraient être à la place utilisés pour d’autres greffe, sauvant plusieurs personnes au lieu d’une.
CITATIONS
« Je suis très inquiète. Nous ne sommes prêts ni techniquement ni psychologiquement »
REFERENCES
Elena Sender (19.05.2017) “Transplantation de tête : « Il est peu probable que le patient survive », Sciences et Avenir
Florence Bellivier
BIO
Florence Bellivier est professeur de droit à l’université de Paris 10 Nanterre. Elle est spécialiste du droit civil, du droit de la bioéthique et du droit médical.
POSITION DANS LA CONTROVERSE
Florence Bellivier précise que sur le plan juridique, la personne n’est pas liée au corps. Depuis 1994, la loi a réglementé l’utilisation du corps humain et, ce faisant, a bien distingué la personne et le corps. Cette intervention ne changerait donc pas le concept juridique de la personne. Elle pose alors une question centrale au vu d’une telle transplantation : qu’est ce qui définit une personne ? Son corps ? Sa tête ? La connexion entre les deux ? Les préoccupations philosophiques sont ainsi au cœur du débat.
CITATIONS
“La question posée est de savoir ce qu’une société est prête à faire pour le bien-être des membres qui la composent.”
REFERENCES
Biographie de Florence Bellivier, France Culture
Zelda Colonna-Desprats (14 décembre 2017), “Greffe de tête : de l’héritage philosophique aux problématiques bioéthiques”
Sandrine de Montgolfier
BIO
Sandrine de Montgolfier est Maîtresse de Conférence en Histoire des sciences de la vie de la santé et de la bioéthique à l’Université Paris Est Créteil Val de Marne.
POSITION DANS LA CONTROVERSE
Sandrine de Bellivier pense que la transplantation de tête ne peut être viable car même si certaines philosophies ont essayé de déconnecter le corps et l’esprit, aujourd’hui, on est plus dans une acceptation de la cohérence entre la vie psychique et corporelle.
Cela soulève également la question de la pertinence d’un tel choix en matière de santé publique. L’opération serait très coûteuse, et pour elle il serait plus judicieux d’aider la recherche sur la reconstitution de moëlle épinière ou encore sur le cancer.
CITATIONS
“On s’achemine vers une désincarnation de la personne d’un point de vue corporel.”
REFERENCES
IRIS – EHESS, Membres | Membres statutaires, Sandrine MONTGOLFIER (de)
“Greffe d’une tête humaine : La science va-t-elle trop loin ?”, Paulina Jonqueres d’Oriola
Hervé Chneiweiss
BIO
Hervé Chneiweiss est Président du comité d’éthique de l’Inserm, membre du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), directeur de recherche du laboratoire Neurosciences Paris Seine, médecin neurologue toujours en activité à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), et enfin, rédacteur en chef de Médecine/sciences.
POSITION DANS LA CONTROVERSE
Pour Hervé Chneiweiss, le projet Heaven est condamnable tant il manque de viabilité scientifique et de principes d’éthique. De fait, pour lui, Sergio Canavero est un médecin mégalomane qui veut réaliser une opération pour laquelle la médecine n’est pas prête, et donc son projet n’est qu’une expérience vouée à l’échec et qui néglige les grands enjeux qu’elle soulève.
CITATIONS
“C’est une honte ! ”
“Il abuse de la crédulité d’un grand nombre de gens paralysés. Il n’y a aucune crédibilité scientifique à ce projet et cela va à l’encontre de tous les principes d’éthique.”
REFERENCES
Ecole des Neurosciences Paris (ENP), Hervé CHNEIWEISS
“PORTRAIT. Hervé Chneiweiss, un bourreau de travail assumé”, Par Sylvie Riou-Milliot le 18.10.2014, Sciences et Avenir
Emmanuel Hirsch
BIO
Emmanuel Hirsch, né en 1953 à Bordeaux, est professeur d’éthique médicale à la Faculté de médecine de l’Université Paris-Sud 11 et directeur de l’Espace de réflexion éthique de la région Île-de-France et de l’Espace national de réflexion éthique sur les maladies neurodégénératives.
CITATIONS
“L’innovation en en biomédecine expose au risque de manquer de repères et dès lors de transgresser, faute d’un encadrement approprié.”
REFERENCES
Arrêté portant nomination du directeur de réflexion éthique de la région Île-de-France
Emmanuel Hirsch, « Morale, éthique : la figure médicale », 1er janvier 1988 (consulté le 1er mars 2016)
Sciences et avenir, Iris Joussen (22/09/2017)
Vincent Ricouleau
BIO
Vincent Ricouleau est professeur en droit médical et spécialiste de neuroéthique.
POSITION DANS LA CONTROVERSE
Pour Vincent Ricouleau les questions soulevées par la transplantation de tête sont trop nombreuses et trop complexes pour que le débat puisse être tranché et l’opération mise en oeuvre. Accepterait-on de greffer une tête sur un receveur plus âgé, ou l’inverse ? D’une couleur de peau différente ? Voire d’un sexe différent ? En quoi consisterait l’accompagnement psychologique ?
Le professeur précise qu’en droit, pour qu’une expérimentation sur un être humain soit autorisée, il doit y avoir un équilibre entre l’intérêt thérapeutique et les risques encourus.Or les patients prétendant à une greffe de tête sont atteints de graves dysfonctionnements neuromusculaires, de paraplégie ou de tétraplégie. L’objectif ultime est donc de retrouver une motricité. Sauf que les risques encourus sont de mourir pendant l’opération ou de voir sa vie réduite. Le rejet des greffons est une vraie menace.
Par ailleurs il explique que l’opération serait irréversible : une dé-transplantation du corps serait impossible. Pourtant il arrive qu’un patient ne supporte plus psychologiquement la greffe, à l’instar de Clint Hallam : le premier greffé de la main a finalement demandé qu’elle lui soit retirée.
CITATIONS
“Le receveur peut se reproduire, si l’opération réussit, mais la descendance sera celle du donneur. Quels pourraient être les impacts sur le droit de la filiation ? Comment préserver psychologiquement les enfants ? Le receveur peut-il exiger la stérilisation du donneur avant l’opération ?”
REFERENCES
“LES ENJEUX JURIDIQUES ET ÉTHIQUES DU PROJET DE GREFFE DE TÊTE.”, Vincent Ricouleau, Professeur de droit.- JEUDI 29 DÉCEMBRE 2016
“Six questions sur la « greffe de tête » pratiquée en Chine”, Loup Besmond de Senneville , le 23/11/2017
Robert J. White
BIO
Robert J. White, né le 21 janvier 1926, mort le 16 septembre 20101, est un neurochirurgien américain de la Case Western Reserve University School of Medicine de Cleveland.
En 1970, le neurochirurgien transplante la tête d’un singe sur un autre singe, bénéficiant notamment des expériences du pionnier russe de la transplantation d’organes sur le chien, Vladimir P. Demikhov.
L’opération échoue, le singe à la moelle épinière sectionnée, est mort très rapidement, sans retrouver la motricité.
POSITION DANS LA CONTROVERSE
Au cours des années 1990, White a envisagét de pratiquer le même type de transplantation de tête sur les humains et se pratiquait sur des cadavres à la morgue.
Le chirurgien estime que la transplantation de tête sur un corps sain appliquée aux humains pourrait sauver des patients de maladies n’affectant pas la tête, comme de multiples défaillances d’organes, les maladies du cœur, le diabète, etc. Les corps seraient obtenus de personnes en état de mort cérébrale. Néanmoins, il reconnaît qu’une telle transplantation soulèverait de graves questions d’éthique
REFERENCES
Segall, Grant (September 16, 2010). « Dr. Robert J. White, famous neurosurgeon and ethicist, dies at 84 ». Cleveland.com. Retrieved February 4, 2011.
« Robert J. White, MD, PhD – Hall of Honor 2011 Inductee ». Metro Health 2012-2014. Retrieved April 30, 2014.
Vladimir Demikhov
BIO
Vladimir Petrovitch Demikhov est un scientifique russe précurseur dans la transplantation d’organes. Il a mené différentes transplantations entre les années 30 et 50. Il a transplanté le coeur d’un animal, le poumon et le coeur d’un autre animal. Il est aussi connu pour avoir transplanté une tête de chien sur un autre chien, créant un chien à deux têtes dans les années 50.
POSITION DANS LA CONTROVERSE
Vladimir Demikhov est acteur antérieur à la controverse et dont les travaux ont inspiré de nombreux chirurgien comme Robert J. White, pionnier dans la controverse de la transplantation de tête.
REFERENCES
Shumacker HB., « A surgeon to remember: notes about Vladimir Demikhov », The Annals of Thoracic Surgery
Cooper DKC., « Vladimir Demikhov », The Annals of Thoracic Surgery 1995, Vol. 59
Alexis Carrel et Charles Guthrie
BIO
Alexis Carrel est chirurgien et biologiste français, pionnier de la chirurgie vasculaire, connu pour son expérience du cœur de poulet battant in vitro pendant un temps très supérieur à la vie d’un poulet.
Charles Guthrie est un physiologiste américain qui s’est beaucoup spécialisé dans la médecine vasculaire.
Ensemble, ils ont longtemps collaboré dans le cadre de travaux sur la chirurgie vasculaire. Cela vaudra à Alexis Carrel le prix Nobel de physiologie et médecine en 1912.
Ils ont mené à bien la première greffe de tête sur un chien. Ils ont attaché la têt d’un chien qu’ils avaient décapité, sur le cou d’un autre, en reconnectant les artères de telle sorte que le sang circule dans la tête greffée. La tête a été conservée 20 minutes sans irrigation, puis, le chien a commencé à montrer des réactions à des stimulations visuelles, auditives et des réflexes moteurs. Mais sa condition s’est vite dégradé et il a été euthanasié quelques heures ensuite.
CITATIONS
Nobelprize.org
“The history of head transplantation: a review”, Nayan Lamba, Daniel Holsgrove, and Marike L. Broekman
Mathias Audit
BIO
Mathias Audit est docteur en droit privé (Université Paris I) et agrégé de droit privé de sciences criminelles (2005).
POSITION DANS LA CONTROVERSE
Mathias Audit apporte des éléments de débats autour des conventions internationales concernant les pratiques scientifiques et la médecine. Il rappelle qu’il est stipulé dans le droit international que « l’intérêt de la science et la société ne devrait jamais avoir préséance sur le bien-être de l’humain ». Néanmoins chaque pays est souverain sur l’application des conventions internationales, même signées. Or la Chine, est réputée plus libérale sur les questions éthiques.
Il explique que la greffe de tête suppose un véritable casse-tête juridique et que Canavero profite donc de la position chinoise en terme d’éthique pour concrétiser son opération.
CITATIONS
« Rappelez-vous le scandale de l’exposition ‘Our Body’ – à partir de corps asiatiques – interdite dans certains pays comme en France pour des raisons éthiques ».
REFERENCES
Steering legal, integrating law into business, Mathias Audit
Jacques Brotchi
BIO
Le docteur Jacques, Baron Brotchi, est un neurochirurgien belge et le fondateur du service de neurochirurgie de l’hôpital Erasme.
Administrateur de la Fondation Francqui, il a publié plus de 380 travaux scientifiques dans divers domaines de la neurochirurgie dont les tumeurs de la moelle épinière, sujet dont il est l’un des experts les plus respectés au niveau mondial.
POSITION DANS LA CONTROVERSE
Pour lui la transplantation de tête est impossible car la médecine n’est pas techniquement prête de relever le défi de la reconnection de la moelle épinière. Il considère qu’aucune des tentatives de transplantation de tête, ou de reconnection de la moelle épinière sur des animaux, n’a connu de réussite.
Il rappelle aussi les problèmes d’acceptation psychologique de la greffe de la part du patient et des problèmes liés à la définition de l’individu et de sa potentielle descendance.
Enfin, il critique de façon virulente le comportement de Canavero quant à l’aspect financier de l’opération. L’italien estime son coût à 10 millions d’euros. Mais sans subsides publics, dépourvu de fonds de recherche, cette somme devrait être payée par le patient pour l’instant. Jacques Brotchi explique que, quand il réalise une greffe de moelle épinière, aucun de ses patients ne reçoit jamais de facture. C’est une opération qui n’a pas de prix, car ils sont toujours couverts par des fonds de recherche. Il considère que la somme avancée par le docteur italien n’est pas seulement méprisante envers le patient, mais envers toute la profession.
CITATIONS
“Il est impossible de recoller la jonction entre la moelle épinière et le bulbe rachidien, qui commande la respiration, la tension artérielle, le cœur. Or une transplantation de la tête, qui nécessite le sectionnement des deux artères et de l’amas de nerfs que constitue la moelle, induirait qu’on puisse re-connecter des millions de fibres nerveuses au tronc cérébral. Ce n’est pas comme si on devait suturer une dizaine de câbles.”
“C’est de l’escroquerie et une exploitation du malheur des handicapés. Et donner de l’espoir à un patient, alors qu’il n’y a pas de solution, c’est criminel.”
REFERENCES
“La greffe totale de tête, bientôt une réalité?”, Par Silvia Benedetti et Rafal Naczyk, L’Echo
Quassim Cassam
BIO
Quassim Cassam est directeur du département de philosophie à l’université de Warwick au Royaume-Uni et professeur. Il écrit sur la connaissance de soi, sur la perception et sur les vices épistémiques.
POSITION DANS LA CONTROVERSE
Quassim Cassam s’interroge autour de la définition de l’individu après la greffe. Selon lui, déterminer qui est donneur ou receveur dans cette greffe est compliqué : greffe-t-on une tête sur un corps ou un corps sur une tête ?
La continuité mentale et psychologique du patient n’est pas certaine, et est selon lui le critère de réussite de l’opération. Et le monde scientifique ne pourra se prononcer sur cela qu’une fois la transplantation de tête tentée.
CITATIONS
“The impact of head transplants on our mental lives remains unknown.”
REFERENCES
Warwick, Social Sciences, Department of Pilosophy, Quassim Cassam
“Will head transplants create an entirely new person?”, 23 juin 2015, Quassim Cassam
Arthur Massot
BIO
Actuellement étudiant en Licence d’Histoire à l’Université de Caen-Normandie, Arthur Massot est rédacteur chez l’Alter Ego.
POSITION DANS LA CONTROVERSE
Arthur Massot propose une réflexion psychanalytique sur le problème que pourrait poser l’appropriation de l’image du corps pour le patient transplanté.
REFERENCES
“La science perd-elle la tête ?”, 22.11.2017 par Catherine Allamel-Raffin