
Sur la route pour déterminer la part génétique de l’intelligence, les jumeaux monozygotes constituent une source d’informations très importante pour les recherches s’intéressant à la question, car ils présentent la particularité de partager le même ADN. L’article intitulé Meta-analysis of the heritability of human traits based on fifty years of twin studies (Posthuma , 2015) s’intéresse par exemple aux échantillons de jumeaux reportés par 2748 publications, parues entre 1958 et 2012 (dont la moitié parues après 2004). Cela représente au total plus de 14 millions de paires de jumeaux. En inspectant ces échantillons, ils constatent qu’a priori tous les traits humains analysés sont héritables. Beaucoup d’autres études se sont basées sur des échantillons de jumeaux. Par exemple, dans Gene Network Effects on Brain Microstructure and Intellectual Performance Identified in 472 Twins (Chiang et al., 2012), des chercheurs s’intéressent à des images scannées de plusieurs centaines de cerveaux de jumeaux pour identifier les corrélations génétiques existantes dans la structures des cerveaux analysés. Dans une autre étude publiée en 2012 et décrite dans l’article Genetic Variants Build a Smarter Brain (Costandi, 2012), des scans de jumeaux monozygotes et dizygotes et de frères et sœurs sont analysés et cela permet encore aux chercheurs de remarquer des corrélations génétiques sur les tailles de cerveau, mais aussi des corrélations de QI.
De plus, l’héritabilité expliquée par les études de jumeaux représente les corrélations les plus importantes obtenues par les recherches. Ainsi, ces corrélations constituent en quelque sorte un objectif à atteindre pour certaines études utilisant des échantillons différents, comme par exemple pour Robert Plomin et Sophie Von Plumm. En effet, dans The new genetics of intelligence (Plomin et Von Stumm, 2018), ils s’intéressent à des scores appelés GPS (voir Missing heritability). Pour des échantillons relativement faibles (quelques centaines de milliers d’individus), cette méthode fournirait une explication de la variance d’intelligence observée inférieure à 10%, soit très loin des 50% observés avec les études de jumeaux. Si ces chercheurs pensent pouvoir atteindre une explication de la variance observée d’environ 20% en augmentant la taille des échantillons, ils reconnaissent que pour atteindre les valeurs des études de jumeaux il faudrait de nouvelles technologies, des modèles prenant en compte de nouveaux types d’interactions. Ainsi, même pour certaines études n’utilisant pas d’échantillons de jumeaux, l’héritabilité obtenue avec ce type d’individus peut servir de repère, d’objectifs. L’importance de ces études s’est traduite par la mise au point de l’étude TEDS pour Twins Early Development Study par le professeur Plomin comme nous le confiait la psychologue L.Thompson, l’idée étant de mener une étude à l’échelle d’un pays tout entier.
Cependant, quelques articles affirment qu’il existe des limites à utiliser uniquement ces échantillons. Dans Meta-analysis of the heritability of human traits based on fifty years of twin studies (Posthuma , 2015), les auteurs soulignent l’importance de disposer de plus d’informations, comme des mesures de facteurs environnementaux, des séquences ADN ou encore des informations sur des relations différentes de celles des jumeaux afin d’évaluer des variances explicables autrement que par des modèles de gènes additifs (voir 1 gène + 1 gène = 2 gènes?).
L’article Genetic influence on family socioeconomic status and children’s intelligence (Trzaskowski et al., 2013) cite lui aussi des limites aux études de jumeaux, notamment lorsqu’il s’agit d’évaluer l’influence de l’environnement social. Les huit chercheurs participant à cette recherche expliquent que le schéma de principe classique qui consiste à comparer des jumeaux monozygotes et dizygotes ne permettrait pas d’analyser l’effet des différences environnementales entre les familles, spécialement l’effet du statut socio-économique, (facteur très important à analyser selon eux), puisque les jumeaux partagent justement ce même statut. Utiliser un modèle de jumeaux pour analyser ce type de facteurs conduirait selon eux à une mauvaise conclusion quand à la nature des relations de cause à effet. C’est pourquoi ces chercheurs décident d’utiliser des échantillons d’enfants non apparentés pour étudier les origines génétiques de facteurs clés comme le statut socio-économique, et leur relation avec certains traits comme le QI.