Ces nouveaux organismes génétiquement modifiés représentent-ils des risques pour la planète ? Ou au contraire pourraient-ils résoudre des problèmes liés à l’environnement ? La problématique est la même pour les nouveaux OGM que pour les anciens.
Pollution génétique
Le premier risque avec les OGM est la pollution génétique. En créant des OGM, on risque de les voir s’échapper et se répandre dans la nature. Ils peuvent alors se reproduire et passer leurs modifications génétiques à l’ensemble de l’espèce.
Une solution pour remédier à ce problème est de ne créer que des OGM qui soient stériles. C’est ce qui a été proposé par l’entreprise développant le saumon à croissance rapide AquAdvantage : n’élever que des femelles rendue stériles.
Cependant avoir des animaux d’élevage stériles pose aussi d’autres problèmes. Cela oblige les éleveurs à acheter de nouvelles bêtes à chaque fois plutôt que de faire se reproduire celles qu’ils possèdent, créant ainsi une dépendance des éleveurs envers les entreprises qui vendent le bétail OGM. C’est ce qui s’est passé avec le maïs OGM de Monsanto (qui est stérile) : certains paysans se sont retrouvés complètement dépendant de Monsanto et ont dû s’endetter pour racheter chaque année des nouvelles semences.
De plus, même si les animaux sont stériles, quand ils s’échappent dans la nature, ils peuvent entrer en compétition avec les espèces déjà présentes. S’ils s’échappent en nombre suffisant et que leur modification génétique leur donne un avantage sélectif, ils peuvent mettre en danger d’autres espèces.
Enfin, la stérilité des individus n’est pas toujours fiable à 100 % et il suffit que quelques individus seulement se reproduisent pour que la contamination s’opère. Pour revenir à l’exemple du saumon AquAdvantage, les femelles sont rendues stériles par triploïdie mais il n’a pas été démontré que ce processus était fiable à 100 %.
Diversité génétique
L’utilisation d’OGM dans l’agriculture a entraîné une baisse de la diversité de plantes cultivées. Premièrement le nombre d’espèces et de variétés différentes a diminué car beaucoup de producteurs ont remplacé leurs variétés locales par celles fournis par les grands semenciers (le maïs modifié de Bayer-Monsanto par exemple). Ces variétés de plantes OGM se retrouvent ainsi chacune cultivées sur des surfaces agricoles immenses et remplacent la multitude de variétés qui existait auparavant.
De plus, au sein même de ces variétés OGM, la diversité génétiques entre deux individus est faible car souvent une grande partie des graines proviennent d’un petit nombre de parents.
Rien ne laisse à penser qu’il n’en aille pas de même à l’avenir pour les animaux d’élevage OGM.
Et cette perte de diversité génétique – en terme d’espèces différentes élevées ou bien au sein même des espèces – est très problématique.
Si on n’élève plus qu’une seule espèce de vache par exemple, il suffit qu’une maladie touche cette espèce et tous les élevages perdent leur bétail. Alors que si plusieurs espèces sont élevées, les autres espèces ont des chances de ne pas être affectées par la maladie. Il y a donc alors un véritable risque sanitaire.
De plus, les espèces à faible diversité génétiques dans leur population sont beaucoup plus vulnérables aux maladies. En effet, tous les individus réagissent de la même façon en cas de maladie car ils ont tous pratiquement les même allèles.
D’un autre côté, certains arguent que l’utilisation des méthodes d’édition du génome va au contraire permettre de réintroduire de la diversité. En augmentant par modification génétique la productivité de certaines espèces ou sous-espèces qui n’étaient pas élevées car trop peu rentable (croissance trop lente, production trop faible de lait,..), on pourrait les rendre attractives pour l’élevage et ainsi augmenter le nombre de races différentes élevées pour l’alimentation.
Augmentation des rendements
Les défenseurs des OGM soutiennent que ceux-ci peuvent également apporter des réponses à des problèmes environnementaux.
En élevant des animaux OGM à forte croissance (comme le saumon Aquadvantage), on diminue fortement la quantité de nourriture utilisée pour nourrir les bêtes ainsi que le temps nécessaire pour qu’ils parviennent à l’âge adulte et soient consommables. Cela permet de réduire grandement le coût environnemental de la viande. Dans un monde où le nombre d’humain augmente, de nombreux écosystèmes, tel que la forêt amazonienne, sont détruits pour créer des champs. Passer à de la viande OGM pourrait permettre de diminuer les surfaces agricoles nécessaire pour nourrir les bêtes.
Pour d’autre, l’optique de toujours chercher de meilleurs rendement dans l’élevage et dans l’agriculture est à remettre en cause car cet objectif a entraîné une augmentation de la souffrance animale (développement d’élevages industriels où les bêtes sont entassées les unes sur les autres), une baisse de la qualité des aliments (les poulet élevées en batterie par exemple) et a contribué à abîmer l’environnement (usage de pesticides, monoculture, ..). L’utilisation d’animaux OGM dans l’élevage ne serait donc qu’un pas de plus dans cette direction et ne serait pas la voie à suivre. Il faudrait plutôt revenir vers d’autres modèles d’élevage plus respectueux de l’environnement et des bêtes.
Médicaments
Enfin, une autre idée serait de modifier certains animaux pour qu’ils deviennent plus résistants à certaines bactérie ou maladies, de façon à réduire la quantité de médicaments et d’antibiotiques utilisés.
Mais encore une fois, si l’introduction d’animaux OGM dans les élevage entraîne une perte de diversité génétique et qu’elle est accompagnée par le développement d’élevages industriels toujours plus grands, il faudra bien augmenter les doses de médicaments donnés au bêtes pour qu’elles survivent dans ces conditions (les animaux dans les élevages industriels risquent plus de développer des maladie car ils sont les uns sur les autres).
Que retenir ?
Il est à noter que, jusqu’ici, les utilisations qui ont été faites des « anciens » OGM ont majoritairement été néfastes pour l’environnement, notamment l’élaboration de plantes résistantes à des pesticides permettant l’utilisation massive de pesticides. Dur alors de penser que la nouvelle génération sera utilisée de façon beaucoup plus responsable pour l’environnement.
De plus, rendre plus productives certaines espèces peut se faire sans avoir recours à la modification génétique. En effet, en faisant des croisements entre différentes races et en sélectionnant les caractères intéressants (comme a été fait la sélection aboutissant aux différentes races de chiens) on peut arriver à de très bons résultats. D’autant plus que cette sélection « à la main » peut maintenant être guidée par la connaissance du patrimoine génétique des différentes espèces à croiser.