Interview de M. De Volontat


M. Xavier De Volontat est, avec sa femme, propriétaire-récoltant du domaine de Château Les Palais (appellation Corbières) à Saint-Laurent de la Cabrerisse. il est de plus président de l'association de Vignerons Indépendants de France.

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Bonjour, nous sommes cinq étudiants de l’école des Mines de Paris. Dans le cadre de notre scolarité, nous effectuons une étude sur la controverse concernant les solutions actuellement préconisées pour faire face à la crise viticole en France, et plus précisément l’arrachage définitif des vignes en Languedoc Roussillon. Dans un premier temps, nous avons quelques questions à vous poser sur la situation viticole dans la région afin de comprendre le contexte économique et social. Nous vous demanderons ensuite des éclairages sur la solution de l’arrachage.

Vous êtes président des Vignerons Indépendants de France (VIF). Tout d’abord, quelles sont les motivations pour devenir vigneron indépendant ? Quelles sont les spécificités de ce métier ?
C’est un choix, choix souvent fait à cause d’une succession parce que souvent on reprend une exploitation. Donc lorsqu’elle est en cave coopérative les gens souvent suivent, quand on est vigneron indépendant, souvent les enfants suivent et sont vignerons indépendants. Dans 90 % des cas, on a une entreprise qui se transmet d'une génération à l'autre. Ensuite, il y a des choix qui peuvent être faits en fonction des périodes, et quand on est dans une crise, (ou mutation parce que qu’est ce qu’une crise ? est ce une mutation ou pas, il peut y avoir un débat philosophique autour) comme on l’est depuis deux ou trois ans et qui devrait continuer un petit peu, il est vrai que le fait d’avoir la maîtrise totale du produit de A à Z jusqu’à la vente peut permettre au vigneron, s’il en a les compétences, de récupérer la valorisation ou plus-value qu’il peut y avoir par la vente. Cela est un choix individuel par rapport à une stratégie d’entreprise globale en fonction de compétences que l’on possède ou non (c’est quelque chose qui ne s’invente pas). Entre rependre la cave de son grand père et investir dans des structures onéreuses (dont il faut compter l’amortissement), il y a une grosse différence. La principale différence entre un vigneron coopérateur et un vigneron indépendant, se situe au niveau de la vente du vin. L’un s’arrête au raisin et est rémunéré à travers de nombreux critères mais qui n’ont rien à voir avec une vente. Il est associé à la cave coopérative et cette dernière est obligée de le payer. Le vigneron indépendant en revanche, une fois qu’il a rentré ses raisins et qu’il a fait son vin (donc déjà la il y a une démarche supplémentaire) doit le commercialiser (donc à nouveau un acte supplémentaire). C’est alors une question de savoir faire et de compétences.

Le métier de VIF est d’abord un choix de vie. Il faut savoir que cette situation est dans la grande majorité des cas issue d’une succession ; près de 90 pour cent des viticulteurs qui travaillent de manière indépendante ont hérité de l’exploitation de leurs parents. C’est également un choix stratégique pour s’adapter au marché : la situation de VIF permet une plus grande maîtrise de la production. Le vigneron contrôle son produit de la matière première jusqu’à la commercialisation du vin alors qu’un vigneron coopérateur ne s’occupe que de produire de raisin. Cela permet d’avoir une meilleure réactivité aux évolutions du marché et d’augmenter la plus value engendrée par le vigneron ; aucune structure ne prend de marge sur la production de l’exploitant. Cependant, ce choix entraîne beaucoup de contraintes. Vigneron indépendant est un métier qui ne s’invente pas. Il nécessite de nombreuses compétences pour la fabrication du vin ainsi que pour sa commercialisation. Vigneron coopérateur et Vigneron indépendant sont deux métiers complètement différents.

Nous aurions aimé ensuite savoir, le profil des membres de votre association les VIF ; les types de vignerons associés en terme de taille de l’exploitation, le type de vin produit…
Il y a réellement de tout. Suivant les régions, même ici dans le Languedoc, cela part des toutes petites superficies et va jusqu’aux plus grosses. Notre association est un syndicat de défense du métier de vigneron indépendant (c'est-à-dire celui qui a ses vignes, qui récolte ses raisins, qui fait son vin et qui le vend). Ce métier est fait aussi bien en Alsace qu’en Corbières qu’en Bourgogne ou que dans le Bordeaux. Il y a des différences dues aux spécificités, mais la base du métier est toujours la même.
Ce syndicat est libre et on espère grâce à lui proposer des services au niveau de l’information pour les vignerons indépendants qui les aideraient dans la réalisation de leur métier.

Pourriez nous nous donnez environ la répartition entre vigneron indépendant et vigneron coopérateur ?
En France, aujourd’hui, 52% de la production de vin est assurée par des vignerons indépendants, Dans le Languedoc-Roussillon, c’est environ 30 % de la production qui est réalisée par des vignerons indépendants. Je pense que dans les années qui viennent, la disparition des entreprises de la filière se fera plus sur le secteur coopératif que sur le secteur des vignerons indépendants.

Pourriez vous nous donner quelques éléments sur la crise viticole actuelle dans le Languedoc Roussillon ? Selon vous, cette crise présente elle des particularités par rapport aux nombreuses crises qui ont déjà affectées le secteur, que ce soit par ses causes ou ses formes d’expression ou encore sa durée et son intensité ?
La durée c’est le plus simple ; elle ne sera pas plus longue que les précédentes. Je pense qu’elle est beaucoup plus dure parce qu’elle touche beaucoup plus l’économie des entreprises qui ont petit à petit diminué leur réserve financière. Elles vont subir la crise de plein fouet : quand on vend en dessous du prix de revient, la sanction est rapide : les réserves s’écroulent très vite. Et de toute manière, il y avait de moins en moins de réserves depuis quelques années ; si je prends par exemple le département de l’Aude, il y a eu en 1998 un gel qui a fait qu’il n’y a eu que 50% de la récolte. Les gens ont passé le cap c’est vrai, mais avec 50% de la récolte, même si les prix montent un peu, on a des pertes qui sont importantes. L’entreprise est capable de supporter en temps normal des petits événements négatifs (avec un prix rémunérateur raisonnable). Mais la succession de différents petits événements s’ajoutant à la crise qui date de 2003 (même si les viticulteurs n’ont ressenti la crise qu’un peu plus tard) fait que les viticulteurs n’ont pas eu le temps de reconstituer les réserves suffisantes pour résister. .

Pour revenir sur la durée, la crise date de plus de 3 ans. Pour dire si elle va durer 18 mois, 24 ou 36, je ne peux pas vous le dire.En terme d’intensité, il semble que l’on soit actuellement dans le creux le plus bas de la crise. On est en train très légèrement d’avoir un frémissement, mais est ce que c’est un frémissement avant le trou complet ou avant la remontée ? Mais c’est vrai que l’on sent sur certains types de vin, un frémissement positif. On verra dans un an si on repart sur une pente descendante. Mais là c’est le marché qui donne ces orientations donc un an c’est trop loin pour prédire si le marché va repartir : il y a un tel jeu de dominos entre nos vins dans le Languedoc et les vins de toute la France, d’Europe et du monde entier, que dès que l’on touche un domino, soit ça tourne à gauche, soit ça peut tourner à droite et favoriser un vin plus qu’un autre. Il y a beaucoup de choses que l’on ne maîtrise pas. On va par exemple avoir la récolte de l’hémisphère sud qui va se terminer prochainement, il faut voir les volumes qu’ils ont récoltés exactement et la qualité des produits mis sur le marché, pour anticiper les conséquences qu’il va y avoir pour nous sur certains types de vins. Dans le monde, tous les six mois il y a des récoltes, qui ne sont pas égales en quantités, mais qui existent et qui ont une influence. Toutes ces influences sont minimes, par exemple les vins du Chili ont sur les Corbières peu voire pas d’influence, mais quand on regarde, ce sont des vins de table, des vins de cépage, et le consommateur derrière consomme toujours la même quantité de vin, voire moins. Le consommateur aujourd’hui consomme un peu moins de 50 L par habitant, s’il consomme plus de vins de cépages, si ceux d’Argentine ou du Chili sont moins chers parce qu’ils font du dumping commercial, ces consommateurs vont acheter moins de Corbières. Donc tout a quelque part une influence qui est petite certes, mais lorsque l’on additionne ensuite ces influences les unes aux autres, c’est là que le frémissement que l’on sent aujourd’hui peut être largement remis cause très rapidement. Donc il y a cela à prendre en compte, ce qui fait que l’on ne peut pas prévoir sur du long terme. Même si l’on sait que globalement (je ne fais que répéter ce que j’ai lu et que vous avez du lire aussi) la production mondiale devrait s’équilibrer avec la consommation d’ici deux ans voire trois ans maximum. C’est ce qui est écrit parce que tous les pays anglo saxons vont consommer de plus en plus de vin, et les excédents qu’il y a aujourd’hui seraient résorbés. Mais il faut faire attention, est ce que c’est le vin produit aujourd’hui qui correspond à l’attente des consommateurs ? Si ce n’est pas le cas, demain nous allons manquer de vin, et parallèlement il y aura des vins qui seront sur des segments de marché en surproduction.

Cette crise, au bout de combien de temps vignerons et viticulteurs la ressentent ils ?
Il y a au niveau des effets de la crise sur l’entreprise environ douze mois de décalage entre le vigneron coopérateur et le vigneron indépendant. Le vigneron indépendant a ressenti ces effets immédiatement (normalement, sauf si le vigneron a beaucoup de stock). Avant, un « bon vigneron », avait au moins deux récoltes d’avance : la valeur d’une récolte à la banque, une récolte dans la cave plus la récolte en cours. Cela était sécurisant. Mais aujourd’hui, notamment en considérant le système fiscal que l’on a en France c'est-à-dire que l’on est beaucoup imposé sur ses stocks, mais aussi parce que les marges ont largement diminué, on n’a, je peux vous l’assurer, plus du tout une récolte d’avance à la banque et on n’a pas non plus une récolte en volume dans la cave. Un vigneron commence à vendre une partie de ses vins dans les six mois qui suivent la récolte. Lors de l’arrivée de la crise, notamment avec la baisse des cours, le vigneron indépendant a commencé à voir en 2004 que le marché valorisait moins bien les produits. Alors, il y a une adaptation de la part du vigneron pour dire j’investis moins, ou pour faire différents choix de stratégie de chef d’entreprise.

En revanche, le coopérateur est payé par la cave par acomptes basés sur le cours de l’année précédente et par un solde environ 15 ou 18 mois après la récolte. L’effet de la crise est donc beaucoup plus lent. D’autant plus que le coopérateur, n’étant pas lui en prise directe avec le marché puisqu’il est quelque part «salarié» de la cave coopérative, ne sait pas toujours pourquoi ses soldes diminuent. S’il ne cherche pas les informations ou bien s’il est dans une cave qui ne donne pas les informations à ses adhérents, souvent, il peut avoir des surprises si par exemple l’année d’après, il n’y a pas de solde. Le vigneron indépendant est donc plus en relation directe avec le marché et il peut donc être plus réactif, du moins il peut avoir plus de réactivité, d’adaptation parce qu’il voit directement que les cours baissent.

Mais sachant que le vin est un produit qui peut vieillir et donc qu’il existe des stocks, la surproduction est elle visible immédiatement ?
Il y a une toute petite inertie. On sait que le volume stocké (par le vigneron, le négociant et le consommateur) existe mais qu’il varie très peu d’une année sur l’autre.

Pour rebondir sur la distinction faite entre vigneron indépendant et vigneron coopérateur : les vignerons indépendants sont ils plus ou moins touchés par la crise que les vignerons coopérateurs ?
Les vignerons indépendants sont touchés plus tôt mais l’intensité du choc est exactement la même pour les deux catégories. La différence se fait plus au niveau de la capacité de réaction qu’ont les vignerons indépendants. Depuis 2003, le vigneron indépendant  soit subit la crise baisse les bras et va manifester, et a ce moment là il va mourir, il n’y a pas d’autre solution, soit dit : « il faut que je trouve d’autres solutions demain pour pouvoir augmenter mon prix de vente et donc ma marge et la valorisation de mon produit ».

Ce fut un bon moyen pour faire réagir les gens sur cet aspect commercial avec peut-être un changement dans la façon de faire le vin: on sait que le marché aujourd’hui demande certains produits et ne veut plus de certains autres, ce n’est même plus une question de prix. C’est comme un habit. Certains habits comme un jean se vendent un certain prix, même élevé, et un jean qui se vendait 5 euros ne se vend plus, plus personne ne l’achète, parce qu’il n’a pas de marque. Le marché du vin, même si c’est un produit différent au niveau de la culture, de la convivialité, fonctionne sur le même principe. D’hier à aujourd’hui, il faut réagir et se dire que même si je ne valorise pas mon produit au prix que je souhaiterais, je dois coller à cette réalité, et donc là où je ne réagirais pas et je vendrais à 1, je vais vendre à 1,2 et cette marge va permettre à l’entreprise de continuer d’exister. Alors que le coopérateur, qui ne maîtrise que la matière première qui est le raisin et non les étapes de transformation et de commercialisation, a plus de difficultés à percevoir les changements. Soit il s’investit plus dans sa cave, ce qui serait bien et normal et demande au directeur, aux techniciens : « Démenez vous, renseignez vous pour me dire moi qui vous amène des raisins, si je dois changer ma façon de cultiver pour avoir telle qualité, donnez moi l’information pour que je puisse vous donner le fruit qu’il faut, pour produire le bon vin qui sera demain vendu. » Il y a dans la cave coopérative une inertie qui est beaucoup plus lourde que chez un vigneron indépendant, qui peut évoluer doucement sur la qualité du vin qu’il produit.

Est-ce que a priori, étant donné que les caves coopératives ont été touchées par la crise un an plus tard que les indépendants, elles seront touchées aussi un an plus tard à la fin de la crise, ou y aura-t-il des compensations, des atténuations ?
Oui, normalement. Considérons la future récolte de 2007 sachant que la 2006 ne va pas être brillante au niveau recette.
Les premiers acomptes d’une cave coopérative, si le marché continue à légèrement progresser et vu la crise, ne vont pas être très importants car la cave va être prudente et ne va pas avancer trop d’argent. Les coopérateurs vont être payés pour cette récolte entre février et mai 2008 suivant la cave. La rémunération sera fonction de la récolte amenée et le prix sera de 80 à 90 % de celui de 2006 qui n’est déjà pas bien élevé, donc il y aura diminution des rémunérations. Le solde de la récolte 2007 sera payé en juin 2009.
Donc il y aura une inertie même si le solde sera, je l’espère pour les gens, plus important en 2009,
Le vigneron indépendant, lui, va commencer à vendre du vin à partir de janvier et connaîtra ses recettes au maximum 60 jours après la vente .Il va chercher à vendre en fonction de ses besoins qu’il connaît. A récolte égale toutes les années - ce qui n’existe pas – Il connaît le volume d’argent qu’il lui faut pour fonctionner par rapport à ses charges et va essayer de s’en approcher le plus possible. On vend donc plus ou moins tôt. Si les prix augmentent par exemple de 20%, il gardera peut-être 10% de sa récolte en volume comme « auto-assurance » si jamais une crise revient dans 2 ou 3 ans.

Plus précisément, au niveau de l’arrachage, est-ce que vous estimez, ayant le point de vue général des Vignerons Indépendants de France, que le Languedoc-Roussillon a été plus touché ?
Non. Au niveau des régions viticoles, dont il est assez difficile de faire un classement, et dont on peut sortir la Champagne qui est la seule région réellement en dehors de la crise, et tant mieux pour eux, et l’Alsace, il y a en Bourgogne, à Bordeaux, dans le Languedoc, dans les Côtes du Rhône ou même dans le val de Loire, des entreprises qui continuent à bien fonctionner et d’autres qui dans 6 mois vont déposer leur bilan.

En tant que vignerons indépendant, comment gérez vous la commercialisation de vos produits : grande distribution, restaurateurs, etc ?
Tous les marchés sont bons, c’est une question de stratégie. Il y a le vigneron qui a 3 hectares, et qui vend tout à la clientèle particulière parce que c’est là qu’il y a la marge la plus importante, mais aussi les frais les plus importants car aller au contact du particulier entraîne des coûts, à moins d’avoir beaucoup de passage devant son caveau et à ce moment là il suffit d’avoir une caisse sur place. D’autres ne vendent qu’à des grossistes, ou à la grande distribution, tout est une question de stratégie, aucun marché n’est contradictoire, c’est à chacun de faire ce qu’il veut mais il faut, lorsqu’on a choisi une ligne de conduite, s’y tenir et ne pas changer d’orientation tous les ans. La fidélité, vis-à-vis des clients, qu’ils soient particuliers ou intermédiaire, est importante et à la base de toute activité commerciale. Certains travaillent sur tous les segments de marché, en France, à l’étranger car ils ne veulent pas mettre tous leurs œufs dans le même panier. C’est vrai qu’en France, entre la grande distribution et les restaurateurs c’est compliqué car les restaurateurs n’aiment pas qu’on retrouve les vins de leur carte en grande distribution pour des questions d’image, alors certains vignerons travaillent avec deux étiquettes, une pour chaque marché et tout fonctionne bien.

Passons maintenant précisément à l’arrachage en Languedoc-Roussillon. Nous aimerions avoir votre point de vue général sur cette pratique. Certains points nous ont interpellés, mais vous êtes libre de compléter. Dans un premier temps, à propos de la Prime d’Arrachage Définitif (PAD), pensez vous qu’elle est trop élevée, pas assez élevée, est-ce que l’augmentation actuelle et prévue de cette prime incite réellement les gens ?
C’est une question compliquée. L’arrachage est malheureusement pour moi un mal nécessaire. C’est toujours dommage de perdre du potentiel de production car comme je le disais tout à l’heure le marché devrait bientôt s’auto équilibrer. Il est dommage que certains arrachent, dans le Languedoc mais pas seulement, alors que d’autres vont planter, ce qui est une réalité. Il est triste de perdre du potentiel qui normalement sur le marché final a sa sortie. Mais l’arrachage est un mal nécessaire car on a aujourd’hui des entreprises qui ne sont pas adaptées à la production d’un type de vin et ne s’adapteront pas. C’est quelque part un constat de faiblesse qu’il faut savoir reconnaître et utiliser. On a dans le Languedoc déjà connu l’arrachage il y a 15 ou 20 ans ce qui a permis de solutionner certains problèmes plus psychologiques que financiers de certaines entreprises. C’est une porte de sortie qui revient fort sur le Languedoc. Si on regarde la région de Bordeaux par exemple qui devrait arracher si l’on considère bien le côté production d’un certain type de vin par rapport à un marché, Bordeaux devrait arracher, comme dans le Beaujolais ils devraient arracher parce qu’ils ont des zones et des productions de vins qui ne correspondent pas au marché. L’arrachage est donc un mal nécessaire mais il ne va pas tout résoudre car il faudrait être très bon pour pouvoir dire : « tiens, c’est là et toi qui va arracher parce que ta vigne n’est pas bonne. » C’est impossible de pouvoir y arriver, c’est utopique mais nous, en tant que vignerons indépendants, nous nous battons pour qu’il y ait dans cet arrachage qui aura lieu de toute manière une conditionnalité pour minimiser des arrachages qui seraient faits n’importe comment, même si l’on sait très bien que globalement nous n’aurons pas satisfaction. L’arrachage doit, de mon point de vue, être considéré comme un arrachage social. On arrive actuellement en fin de course pour un certain nombre d’exploitants et lorsqu’on est en période de crise comme depuis 3 ou 4 ans, mais c’est cyclique dans la viticulture, on intéresse peu de jeunes qui veulent venir travailler. On a un métier un peu ringard qui passionne certes quelques uns, mais pas suffisamment pour pouvoir avoir une reprise. La pyramide des ages a donc tendance à pencher, contrairement aux exploitations qui sont toujours en nombre constant. Encore que dans la viticulture, il y ait un taux de succession par rapport à l’agriculture en général qui est plus du double. Il y a en moyenne dans l’agriculture 25 à 30% des agriculteurs de plus de 55 ans qui savent que leur successeur est en place et va prendre la relève, contre 60% dans la viticulture. Mais ce chiffre est en train de baisser de plus en plus vite, ce qui est normal, puis que les enfants sont refroidis à la fois par leurs parents eux-mêmes qui leurs disent de ne pas s’empêtrer dans ce métier, et par le constat de la situation actuelle très défavorable. C’est humain et normal. Il y a aujourd’hui dans les lycées viticoles une désaffection totale des élèves. On va passer 5, 6 ou 10 ans avec un manque d’élèves dans ces lycées qui forment normalement les futurs viticulteurs. C’est un signe qui montre qu’il va y avoir un problème dans les successions. Que fait-on de ces vignes ? Dans une période de crise, quelqu’un qui se porte pas trop mal va peut être acheter quelques hectares supplémentaires. Mais quelques hectares, c’est de la main d’œuvre en plus, c’est du souci commercial en plus, des produits en plus à vendre. Pour arrondir ses terrains, parce qu’il a une parcelle juste à coté, il va reprendre peut-être 5 ou 10% de sa superficie. Mais il est rare de voir quelqu’un reprendre des grosses exploitations pour doubler sa superficie.

Donc on a aujourd’hui des vignerons qui ont entre 60 et 65 ans, une population relativement vieille, qui n’ont pas de successeur et, qui ne gagnent plus d’argent. Qu’est ce qu’on fait ? Est-ce qu’on laisse ces gens la mourir, parce que la retraite viticole est, elle aussi, relativement faible, ou est-ce qu’on fait ce que l’on pourrait appeler un « arrachage social » ? On leur dit : « Ecoutez. Vous avez des exploitations de vignes qui sont obsolètes parce que vous n’avez pas investi pour avoir les bons cépages, une bonne conduite du vignoble. Vous avez cotisé toute votre vie, même si c’est faible cela vous fait une petite retraite. Arrachez comme cela vous dégagez un certain capital puisque de toute façon il n’y a pas d’autre solution et personne pour reprendre. » C’est ce que j’appelle l’ « arrachage social », et ça va arriver beaucoup plus dans la coopération que chez les vignerons indépendants. Comme je vous le disais tout à l’heure, ces vignerons indépendants souffrent un peu moins de la crise et donc le taux de succession est chez eux supérieur que chez les vignerons coopérateurs. Et il y a plus de tradition dans ce milieu, plus de passion que l’on communique puisque c’est un métier de passion avant tout.

Vous disiez tout à l’heure que dans l’idéal les parcelles à arracher devaient être ciblées, mais si l’arrachage se fait principalement avec les départs à la retraite, n’y a t’il pas le risque que les parcelles détruites soient des parcelles qui auraient été très intéressantes pour le marché ?
Oui, c’est le cas du vigneron qui part à la retraite et qui arrache toute sa superficie, mettons ses 10 hectares. Sur ces 10 hectares il en a 5 de cépages obsolètes (parce qu’il n’a pas réinvesti en sachant déjà il y a 10 qu’il n’y aurait personne pour reprendre) et 5 hectares de bons cépages. Il faudra ou il faudrait, car ce n’est qu’un souhait que je peux émettre aujourd’hui, lui dire : « Ces 5 hectares, oui, ils sont obsolètes, il faut vraiment les arracher et tu auras tel montant. Pour les autres tu as 2 solutions : ou tu n’en tires qu’une petite prime ou tu les échanges avec quelqu’un qui reste et qui lui a, aussi, quelques cépages qui sont obsolètes. » Il a tout à y gagner. Mais ça, c’est une théorie aussi car dans un village, et vous connaissez bien la mentalité dans les villages, les vignerons se disent qu’ils ne vont pas donner leur vigne à quelqu’un qui ne l’a pas travaillée. Et à un moment donné, il n’y a qu’avec l’épaisseur de la liasse que vous arriverez à leur faire comprendre.

Sinon on va peut-être arracher beaucoup plus dans des régions comme le Languedoc, alors que finalement il n’y a pas tellement à arracher. Bordeaux va rester avec ses 122 000 hectares de vigne alors qu’il faudrait qu’ils en arrachent 20 000. Parce que si Bordeaux continue à produire avec ses nouvelles parcelles là où ils ont arraché des pins il y a 5 ans, là où il y avait des vaches il y a 10 ans – ce ne sont pas des terres de vignoble même si on leur avait conseillé de continuer à planter – ce vin va continuer d’être produit, puis stocké, puis vendu à des tout petits prix et le léger frémissement dû à l’arrachage ici n’aura servi à rien.

Et justement ces échanges de parcelles, est-ce que cela se pratique déjà vraiment ou est-ce que c’est encore des souhaits ?
Aujourd’hui c’est un souhait. Et déjà quand on avait eu la campagne d’arrachage en 90, on avait souhaité mettre en place une structure qui nous aurait permis de contrer cet arrachage sauvage, mais rien n’avait été fait et cela reste encore présent dans l’esprit des gens. Et là c’est une volonté politique à tous les niveaux qu’il faudrait, politique de la filière, politique des chambres consulaires dont celle de l’agriculture et politiques gouvernementales et européennes : il faut que tout le monde ait le même discours sur ce sujet. C’est donc possible, on le demande et ce n’est que de cette façon là que l’on arrivera à préserver en partie les bonnes parcelles. Et le deuxième critère selon moi pour réussir ce mal nécessaire de l’arrachage, c’est de le faire sur une courte durée. Avec un montant réévalué, car pour le moment l’arrachage prend en compte le rendement des vignes et il a été demandé par la profession que cela soit enlevé afin que tout rendement reçoive une prime unique. Car tous les secteurs sont touchés, et non seulement celui des hauts rendements. Si l’on prend un département comme l’Aude, le secteur le plus touché est celui des AOC, alors que du côté de Narbonne ils sont moins touché car c’est plutôt des vins de table et de pays qui eux souffrent moins de la crise. Lorsque l’on cultive des AOC et lorsqu’on demande une prime d’arrachage c’est là qu’elle est la plus basse. Et quand on doit se séparer d’un patrimoine, car une vigne c’est un vrai patrimoine, et que l’on ne vous donne qu’une misère, on ne le fait pas volontiers. Il faut vraiment que le banquier nous mette le couteau sous la gorge et menace de nous emmener au tribunal de commerce pour déposer le bilan si on ne le paye pas. Donc cela se fait vraiment dans la douleur et au dernier moment. Pour que ce soit donc volontaire, il faut que cela soit revalorisé demain à un prix normal. On demande donc cette revalorisation à prix unique élevé aux environ 10 000 euros. Car pour la récolte prochaine qui sera sous le cadre de la nouvelle OMC, une enveloppe de 2,4 milliards d’euros est prévue pour les 400 000 hectares de vigne que l’on souhaite arracher ; si l’on fait la division cela fait 6000 euros par hectare, ce qui est pour moi une somme insuffisante pour être vraiment efficace. Ce que moi j’ai proposé à Bruxelles, où je retourne demain pour recommencer le travail de lobby, c’est d’arriver aux environs de 10 000 euros et de le faire sur 3 ans. C'est-à-dire 10 000 euros la première année, puis 8 000 euros la deuxième année et 4000 la dernière année. Ce qui en moyenne revient au même, mais lorsque vous savez que dans le règlement, si vous le faites la première année vous aurez plus que si vous hésitez vous êtes incités à vous décider. Car le problème psychologique de l’arrachage c’est que tout le monde est d’accord, à condition que ce soit le voisin qui arrache. Il faut donc arriver à avoir de la conditionnalité dans le prix, de la conditionnalité dans les cépages qu’il y aura à arracher et de la conditionnalité pour que ceux qui veulent arracher pour partir à la retraite puissent arracher en totalité, mais que ceux qui veulent arracher pour augmenter simplement leur trésorerie ne puisse le faire que dans un pourcentage maximum de leur exploitation. Si ce pourcentage doit être de 20 ou de 30%, aujourd’hui je ne sais pas. Mais il faut pouvoir faire la différence pour ceux qui veulent continuer mais qui pendant la période de crise se sont endettés et qui pourront ainsi rembourser des endettements sur le court terme ou bien réinvestir avec les nouveaux fonds pour avoir le matériel ou les cépages qui leur permettent de coller à la réalité du marché. C’est du social mais différent, qui peut permettre aux entreprises de recoller à la réalité car faire continuer des entreprises obsolètes en 2008-2009 c’est les envoyer dans le mur dans 2 ou 3 ans. Minimiser donc la superficie à arracher définitivement permettrait selon moi de ne pas déséquilibrer une exploitation afin qu’elle puisse se relancer sur le marché, et qu’elle puisse, sur le reste de son exploitation, faire les investissements nécessaires pour rebondir.

Est-ce que Bruxelles utilise des porte paroles comme vous pour essayer de travailler localement avec les vignerons afin de les conseiller dans l’arrachage ?
Non, Bruxelles travaille en macroéconomie, elle sait qu’arracher 400 000 hectares en Europe c’est normal, parce qu’il y a 3,2 ou 3,5 millions d’hectares en Europe donc cela ferait 11% du vignoble sur toute l’Europe. Et quand on regarde tout ce vignoble, trouver 400 000 hectares n’est pas compliqué. Le groupe des vignerons indépendant travaille également au niveau européen. Je suis allé en Espagne, en Italie, en Grèce,… et dans tous leurs villages on voit qu’ils font de l’arrachage social. Dans des pays comme la Hongrie où ils ont 300 000 hectares de vigne, la moitié est aussi cultivé par des tous petits vignerons (20 ou 30 ares) qui n’ont personne pour reprendre l’exploitation si ce n’est des gros investisseurs comme le groupe Pernod-Ricard qui peut être intéressé par la main d’œuvre bon marché. Et même avec cela, on sait que tout ne sera pas repris. Donc on sait très bien que sur l’ensemble de l’Europe il y aura de l’arrachage et que tout ne sera pas ramené au Languedoc-Roussillon ou la France. Je pense qu’il ne faut pas se figer sur ce chiffre de 400 000 hectares, s’ils l’ont annoncé c’est qu’ils doivent avoir une certaine vision macroéconomique et lorsque l’on discute avec eux on comprend qu’il n’y pas un objectif d’arracher ces 400 000 hectares, si on ne veut en arracher que 200 000 alors ça en restera là. Mais cependant nous devons faire attention dans les différentes filières car demain il n’y aura plus d’aide pour les vins qui n’auront pas de sortie. L’Europe ne veut plus payer pour détruire des produits, que ce soit pour le vin comme pour tous les autres produits agricoles. Car seulement pour le secteur viticole en Europe, cela coûte 500 millions d’euros par an. C’est 45% du budget du soutien viticole. C’est la dernière fois que l’Europe donne de l’argent pour adapter le volume de production. On part désormais sur un marché libéral et c’est la réalité du marché mondial qui arrive.

Vous pensez donc que c’est un passage nécessaire pour la relance du marché ?
Oui, moi personnellement et au niveau des vignerons indépendants, le libéralisme ne nous fait pas peur. On est tous concurrents entre nous mais en même temps complémentaires. Mais il faut aussi alléger et simplifier les procédures administratives pour les vignerons et aussi adapter toute la chaîne amont à la commercialisation du vin. Il faut travailler avec nos atouts car il y aura toujours un vin qui coûtera moins cher dans les autres pays ou les charges sont moins élevées, il faut travailler sur nos spécificités. Certains parlent de suppression des droits de plantation. Pour la culture des vins de table cela ne me pose pas de problème. Cependant pour les AOC cela devient différent et reviendrait à laisser chaque appellation contrôler la quantité de vignes à planter ou pas. Est-ce que la filière serait prête à prendre en charge et appliquer ces mesures, ou préfère-t-on que tout soit géré « là-haut » pour plus de facilité ? Moi je suis favorable au fait de nous laisser le gérer nous-mêmes.

Quant à l’ajout de copeaux ou d’eau dans le vin, pensez-vous que cela pourrait aider le marché ?
Il ne faut pas se focaliser sur ces problèmes. L’ajout d’eau n’est toléré que dans un micro-état américain, même en Californie c’est interdit, alors parler de cela pour justifier nos problèmes c’est de la désinformation. Ce qui serait cependant bien c’est que les Etats-Unis reviennent dans l’Organisation Internationale du Vin, l’OIV, afin de se soumettre aux mêmes règles internationales qui valent pour tous les pays. Et certains pays comme l’Australie suivant les Etats-Unis, cela pourrait amener à deux organisations mondiales du vin, ce qui serait dangereux car cela déboucherait sur 2 définitions différentes du vin.

Les copeaux de bois, je ne suis ni pour ni contre, cela dépend d’un choix de chacun pour ces coûts. Cela dépend des goûts que l’on recherche dans son vin que l’on peut ainsi aromatiser ce qui apporte un plus. Et de plus les copeaux coûtent bien moins cher, au minimum 10 fois moins cher qu’un élevage en fût. Il ne faut pas se mettre des contraintes supplémentaires pour avoir plus de difficultés. De toute façon ce n’est pas la même chose, un vin élevé en fût sera toujours bien meilleur. Le consommateur, lui, ne s’y intéresse pas. Ce qu’il veut c’est un bon produit et il n’y a pas besoin de préciser sur l’étiquette comment ce vin a été obtenu. Un grand château élèvera toujours en fût car c’est nécessaire pour la qualité de son produit. C’est un savoir-faire. Pour d’autres par exemple qui font des vins bons marchés, les copeaux pourraient leur permettre de dégager une plus grosse marge par rapport à leur prix de revient et tout le monde jusqu’au consommateur y voit un bénéfice.

Mais comme vous le dites ce ne sont que quelques points de la question. En revanche pensez-vous que l’arrachage définitif soit la solution véritable du problème ?
Je pense que si l’on ne fait que cela, dans 10 ans on aura le même problème. Aujourd’hui la majeure difficulté à affronter est l’adaptation au marché qui passe par un premier secteur qui est l’activité commerciale et c’est là où en France on a des lacunes très importantes. Je pense qu’on s’est endormi en comptant sur la réputation du vin français qui suffisait, au début de l’exportation, à écouler nos stocks sans problème. Puis les autres pays nous ont observé et sont arrivés sur le marché avec toute une démarche commerciale dans sa globalité : merchandising, marketing, et autres méthodes dont on ne disposait pas. Notre qualité de vin n’est pas en retard par rapport au marché mondial, et même si on arrache pour garder les meilleures produits, si on peut pas les vendre ce sera inutile. Il faut travailler la partie aval de la filière. L’arrachage n’est qu’un petit ajustement nécessaire. Il faudra donc que l’on soit soutenus et aidés et pas seulement financièrement. Par exemple si l’on veut exporter au Brésil, il faut une quantité de procédures importantes. Si l’on téléphone à UBI France on vous dit ce dont vous aurez besoin. Et vous payez. Vous appelez ensuite la CFCE et on vous dit qu’il vous faut ces documents et vous repayez. Vous appelez la SOPECSA et là encore vous payez. Vous avez trois informations différentes, qui ne se recoupent qu’en partie et encore vous n’avez pas tout, et vous avez payé trois fois. Quand en France on mettra la même intensité pour vendre des Airbus que pour vendre du vin on ne fera pas fortune, je ne me fais pas d’illusion, mais on rapportera des devises. Il faut que l’Etat se mette demain à la mesure des petites entreprises que nous sommes afin que déjà au niveau de certains services ont puisse avoir des informations correctes. L’année dernière j’ai rencontré la direction régionale du Commerce Extérieur en Bourgogne avec un représentant qui a fait une superbe présentation à 80 vignerons en leur montrant comment on pouvait les aider sur les différents marchés. Mais moi à la fin je lui ai dit : « Monsieur c’est bien beau ce que vous proposez, mais ici vous avez 80 vignerons qui ne pourront pas aller dans les cadres que vous avez proposé parce que vous avez oublié de préciser que pour entrer dans ces cadres il faut faire plus de deux millions d’euros de chiffre d’affaire, avoir au moins 10 salariés, etc… Vos outils sont très bien mais ils ne sont pas adaptés pour nous. Il faut mettre en place des outils commerciaux demain qui permettent d’avoir un retour financier.

Et l’après arrachage comment voyez-vous la reconversion des terrains et des gens ?
Le désastre. C’est le côté caché contre lequel on ne peut rien aujourd’hui. Et je ne vois pas par quelle culture remplacer les vignes pour préserver le terrain. Les olives par exemple ne sont pas rentables.

Et que sont devenues les 100 000 hectares arrachées pendant les campagnes entre 1985 et 1994 ?
On y a majoritairement replanté des vignes. Car c’est toujours là un des côtés vicieux des propositions de Bruxelles aujourd’hui. Pour planter il faut avoir des droits de plantation en portefeuille et ces droits ont une durée de validité de 8 ans à partir du moment ou l’on arrache la vigne. Et on estime aujourd’hui les droits en portefeuille des vignerons à 80 000 hectares (le chiffre exact n’est pas accessible car pour des raison obscures les douanes ne veulent pas les donner au filières). Donc arracher 5000 hectares pour en replanter 80 000 … Donc finalement la décision de libérer les plantations amènerait certes à une augmentation de la compétition mais au final le marché s’équilibrerait et bougerait moins. C’est pour cela que je pense que Bruxelles proposera par la suite la suppression de ces droits. Et sinon il faudrait leur donner une durée de validité de 12 ans par exemple, comme cela on éviterait de replanter systématiquement pour ne pas perdre le droit de replanter au bout de seulement huit ans, car ces droits sont chers et les perdre c’est gaspiller de l’argent. Ainsi on pourrait attendre de voir le moment propice de la relance du marché pour replanter.

Donc pour vous cet arrachage est-il un danger réel pour la viticulture comme on semble l’entendre dire par certains ?
C’est un mal nécessaire et de toutes façons il n’y a pas d’autre solution. Il faut être honnête avec les viticulteurs : on ne peut pas les maintenir en permanence à la surface de l’eau alors qu’il n y a pas les issues commerciales pour vendre notre production. Mais aider les gens à partir c’est mieux que de les laisser déposer le bilan et ne rien toucher. Il faut que ce soit mesuré, encadré et qu’il y ait surtout le développement du commerce derrière pour la relance.

Que pensez-vous de la représentation médiatique de la crise ?
Elle reflète une vue macroéconomique du problème mais il ne faut pas oublier les hétérogénéités du milieu surtout lorsque l’on parle de chiffres. Comme lorsque l’on a annoncé une augmentation de 12% du chiffre d’affaire de la filière viticole alors que si l’on enlève le cognac, le champagne et les grands crus de bordeaux ou d’ailleurs, on se rend compte que tout est négatif.

 

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