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Nucléaire civil et militaire
Dans les années 60, la technologie des
centrales nucléaires se démocratise, et celles-ci
deviennent plus puissantes et plus abordables. La capacité de
destruction des armes nucléaires au contraire ne progresse plus.
La tendance est à la miniaturisation, et les deux camps
développent des bombes d’environ 100kT, mais pouvant tenir
dans une valise ! Mais il n’y a plus d’avancées
majeures, si ce n’est en vecteurs d’ogives, avec les
nouveaux ICBM MIRV (Multi-Independant Rentry Vehicule), c’est
à dire des missiles très longue portée contenant
plusieurs têtes légères et furtives qui frappent
des objectifs différents.
Par ailleurs, on note le développement en
France en 1968 et dans d'autres pays d'usines de séparation et
d'enrichissement d'Uranium, telles que celle de Kadarache (UP1) ou
celle de La Hague (UP2) qui sont alors sous la tutelle du CEA,
étroitement relié à l'armée.
Les limites de l'énergie nucléaire
vont se révéler également durant cette
période : en effet, produire de l'énergie à partir
de matériaux fissiles en utilisant la fission
génère une grande quantité de matières
radioactives qui demeurent dangereuses durant quelques millions
d'années. En conséquence, il est apparu rapidement que
des solutions devaient être trouvées pour résoudre
le problème de la gestion des déchets. Or il a
été impossible de diminuer de façon artificielle
la radioactivité des ces matériaux, la solution a donc
été de les entreposer en attente d'un traitement qui
permettrait de diminuer leur radiotoxicité, qui était
à l'époque méconnue et non maîtrisée.
C'est de là qu'est née
l'idée de retraiter les déchets radioactifs : la mise en
place de confinements adaptés à chaque type de
déchet pourrait permettre d'en limiter les risques potentiels en
cas de fuite, puisque l'on concentrerait certains déchets
ensemble. Il n'y a que très peu d'usines de retraitement dans le
monde. La plus importante se trouve en France, dans le Nord de la
Manche, à la Hague, sous la tutelle d'Areva, tandis qu'une autre
se trouve au Japon. C'est l'usine d'enrichissement de l'Uranium qui a
été reconvertie dans la séparation et le
retraitement des combustibles usés issus des centrales. C'est
cette usine qui produit entre autres les colis de déchets
vitrifiés, qui confinent en partie les déchets
radioactifs les plus dangereux. Le fonctionnement de cette usine peut
être décrit ainsi : les assemblages de combustibles
arrivent dans des structures à haut pouvoir de confinement,
appelées châteaux, puis les assemblages sont
retirés et placés en piscine durant 3 à 6 ans pour
diminuer la radioactivité des éléments à
vie courte. Ensuite, par des processus chimiques, on sépare les
différents éléments (Uranium, Plutonium, Thorium,
Césium, Iode, etc) et l’on compacte chaque type de
déchets avant de les mettre dans des conteneurs adéquats
qui permettront de les transporter avec le maximum de
sécurité.
On peut noter, dans la même voie,
l'élaboration de systèmes de stockage pour rassembler la
radioactivité. En effet, les voies de migration et de
reconcentration de la radioactivité sont alors totalement
méconnues, et il a été évalué comme
plus sûr de concentrer la radioactivité dans des lieux
précis qui permettent de minimiser les dégradations
éventuelles de l'environnement. Néanmoins, comme l'ont
montré les premiers site de stockage tels que le Centre de
Stockage de la Manche (CSM), de nombreux progrès en
matière de confinement restent à faire pour éviter
les fuites, omniprésentes dans ce centre du fait du manque
d'étude en particulier au niveau du sol lors de sa conception en
1969 et le choix de sa localisation.
La seconde limite a été liée
aux deux accidents majeurs de l'industrie nucléaire : le
premier, à Long Island aux Etats-Unis, n'a fait aucune victime
car les systèmes de sécurité ont fonctionné
juste à temps pour éviter une explosion ou une fusion du
coeur du réacteur. Le second, en revanche, est celui de
Tchernobyl. C'est là que les limites de l'utilisation du
nucléaire sont apparues : à l'époque, les
scientifiques et industriels soviétiques ont voulu aller trop
loin dans l'exploitation, sans connaître les mesures et
précautions à prendre pour éviter un accident. Le
système d'arrêt d'urgence du réacteur a eu un
retard d'exécution qui a fait comprendre aux scientifiques les
risques d'une utilisation immodérée et
inconsidérée de cette technologie. Néanmoins, cet
accident a servi de leçon : en effet, les systèmes de
sécurité des centrales ont été
améliorés afin d'éviter qu'une telle catastrophe
ne se reproduise, et le savoir-faire tant des forces militaires que des
industriels a été enrichi : par exemple, on a pu
grâce à cet accident étudier la migration des
radionucléides dans l'atmosphère, chose qui était
jusque là totalement méconnue, d'une part car il n'y a eu
que très peu d'explosion nucléaires à ciel ouvert,
et que celles qui ont eu lieu n'ont pas fait l'objet d'une étude
approfondie sur la dissémination qui en a
découlé.Il s'est avéré que, du fait de leur
masse, les particules radioactives sont tombées pour la plupart
à proximité immédiate de la zone critique (les
noyaux radioactifs sont liés à des éléments
lourds) mais que des éléments plus légers, tels
que l'iode ou le césium, ont parcouru une grande distance par
voie des airs avant de retomber. On a pu retrouver des traces de
Césium dans de nombreux endroits en France et dans toute
l'Europe occidentale, Césium qui était typique du
réacteur 4 qui a explosé à Tchernobyl.
Parallèlement, durant les années
1970/1980, l'application de l'énergie nucléaire au
domaine spatial s'est vue fortement réduite. En effet, il s'est
avéré que, vu le taux d'échec important au
lancement des fusées, la précaution a pour la
première fois pris l’ascendant sur la course à
l’exploit, le risque d'une explosion du réacteur
nucléaire en haute atmosphère était trop
important, et surtout l'arrivée de l'homme sur la Lune a
marqué une pause temporaire dans la conquête de l'espace.
La conclusion sur l'évolution des
connaissances en matière d'énergie nucléaire est
claire : l'utilisation des phénomènes nucléaires
représente une formidable quantité d'énergie, que
l'on peut partiellement exploiter, mais il ne faut pas oublier que
cette énergie doit rester en permanence sous contrôle sans
quoi le risque d'accident augmente considérablement et la
sécurité des personnes, et de l'environnement n'est plus
garantie. Par ailleurs, même si nous savons utiliser et exploiter
cette source d'énergie, nous ne la maîtrisons pas
complètement, et des recherches fondamentales plus
poussées doivent être effectuées pour pouvoir tirer
pleinement profit des possibilités qu'offre la matière.
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