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Saturn C-5A VS Saturn C-5BN



Les fusées Saturn forment une vaste famille de lanceurs conçus par Wernher Von Braun à partir de 1957. En 1961, débute le projet Apollo, et la série « C indice 5 » est retenue comme la fusée qui emmènera les astronautes sur la Lune.

Sa structure se compose de 3+2 étages, mais un doute subsiste sur le 3eme : Celui-ci est la pièce maîtresse de la fusée, car il se met en marche à la sortie de l’atmosphère (les 1 et 2 servent au décollage) et c’est lui qui permet le voyage terre-lune, le 4 servant à l’alunissage et le 5 au retour (ces deux derniers dépendent du module Apollo est non plus de Saturn).

Les deux versions proposées pour cet étage sont le S-N nucléaire, et le S-IVB chimique.

Le S-IVB a été conçu par Douglas Aircraft Company en 1960. Il utilise un seul petit propulseur J2, fonctionnant à la combustion du dihydrogène par le dioxygène (technologie LH2/LOX). La réaction génère uniquement… de l’eau. Celle-ci vaporisée est éjectée par la tuyère, et produit théoriquement l’ISP [impulsion spécifique] la plus élevée possible pour un système chimique.

Il mesure 17,8m de haut et pèse 119,9T une fois rempli (97% de carburant). Il développe pendant 475s une poussée d’un million de Newtons

Le S-N a été conçu par North American Aviation en 1961. Il utilise aussi un seul énorme propulseur, le NERVA, la version améliorée de celui conçu par l’équipe d’Ulam. Il utilise la technologie dite Nuclear/LH2, qui consiste à faire passer le dihydrogène directement liquide dans le réacteur.

Il diffère aussi énormément par rapport au premier au niveau des chiffres : il mesure 19,3m de haut, mais ne pèse que 53,7T plein. De plus sa masse n’est composée de carburant qu’à 82%, le S-N vide est 4 fois plus lourd que le S-IVB seul !
Autre différence, cette fois énergétique, sa poussée n’est que de 267000N, mais elle dure 1250s. Cela reste proportionnellement plus faible qu’avec une combustion, mais il ne faut pas oublier que la masse à déplacer est aussi bien plus faible.

Alors chimique ou nucléaire ? En Novembre 1961, Saturn C-5BN, la version nucléaire, est retenue par le « Space Exploration Programme Council » de la NASA, car le test KiWi-A du NERVA grandeur nature est un succès total. Et mathématiquement, l’utilisation du S-N permet d’augmenter la charge utile du module lunaire d’une bonne centaine de kilos !
Mais Douglas Aircraft n’a pas dit son dernier mot. Après le passage du PTBT, le choix du NERVA est remis en question. Pourtant dans ce cas précis, le S-N ne violait pas le traité, car l’étage était allumé en phase 3, après sortie de l’atmosphère, donc il n’y avait ni rejet de radionucléides dans l’atmosphère, ni explosion nucléaire orbitale.
Pourtant le nucléaire fait en 1964 un peu plus peur qu’en 1961, et les intérêts économiques sont aussi de la partie. Après une lutte âpre, le S-N est évincé par le S-IVB. Saturn C-5 est rebaptisée Saturn V, et la construction commence.