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Le N1



En 1959, Korolev présente son projet de lanceur spatial lourd, mené par l’OKB-1. L’objectif est pour le moment de pouvoir lancer du matériel sur des orbites de fly-by très excentrées de la terre pour observer le système solaire, et de pouvoir lancer des stations orbitales militaires.
Il s’agit de la « N-Série ». Le premier projet a une capacité de chargement d’environ 50T, et utilise un moteur nucléothermique.
2 rivaux de Korolev proposent aussi des modèles, qui sont des dérivés d’ICBM existants.
En 1961, 3 versions se précisent : N1, N2, N3, et quand Kennedy annonce la même année publiquement l’intention d’envoyer un Américain sur la lune, les Soviétiques se réveillent et débloquent des fonds pour la N-1.
En 1965, la N1 dernier cri possède 5 étages, dont la monstrueuse couronne de 30 propulseurs pour le 1er étage, et a considérablement grandi depuis 4 ans. Le moteur nucléaire qui devait équiper le second étage prend du plomb dans l’aile ; les Soviétiques maîtrisent mal la technologie, et leur système viole consciencieusement le PTBT, contrairement à son équivalent sur Saturn C-5N.
Valentin Glushko, un ingénieur ukrainien, invente un nouveau combustible : le couple diméthylhydrazine/N2O2. Il s’agit de propergols ultrapuissants et très toxiques, mais possédant un énorme avantage : lorsque les deux réactifs se touchent, le tout s’enflamme spontanément, ce qui permet une simplification du système (ils sont aujourd’hui utilisés sur Ariane 5). Il veut le mettre sur tous les étages de la N1. Korolev le trouve très lourd et tient à son propulseur nucléaire, et une lutte d’influence se crée entre les deux hommes, ce qui est considéré aujourd’hui comme l’une des sources de l’échec du projet.
Avec la mort de Korolev en 1966, la décision du RVSN sera le tout chimique, mais pour le moment du kérosène spatial en attendant l’avancée des recherches sur l’UDMH (diméthylhydrazine asymétrique). La construction de la version finale, N1-L3, commence.
4 exemplaires seront lancés, chacun échouera.
Le 3 Juillet 1969, quelques secondes après le lancement, l’étage 1 se fissure et la fusée retombe sur le pas de tir. Les réservoirs sont pleins et les 2000 tonnes de carburant s’embrasent à l’impact. Une explosion d’une puissance de 5kT, soit une petite bombe atomique, rase le pas de tir. Cet incident porte un coup fatal au programme lunaire soviétique, Les américains ont gagné la course à l’espace.

Petite vidéo de l'explosion