1929 (découvertes de traces d'une inondation gigantesque par Leonard Woolley dans la région d'Ur et parution du livre « Ur of the Chaldees »).
« Ur of the Chaldees »
En 1929, Woolley envoya aux média anglo-saxons le télégramme suivant : « Nous avons découvert des traces du déluge... ” La découverte fit alors les gros titres de nombreux journaux en Angleterre et aux Etats-Unis principalement. Il est à noter que Woolley est un des premiers archéologues à avoir saisi et utilisé l’engouement du grand public pour l’archéologie : cette couverture médiatique est sans précédent, et son livre est la meilleure vente de l’histoire de l’archéologie.
La couche argileuse mise en évidence par Woolley et ses successeurs dans toute la Mésopotamie correspond à un épisode cataclysmique d'inondations entre le Tigre et l'Euphrate. Cette inondation serait éventuellement la conjonction d'une montée de la mer dans le golfe Persique et de fortes pluies. Pour les hommes vivant dans cette région, pour qui le proche voisinage constituait souvent l'intégralité du monde connu, il se serait donc agi d'une submersion mondiale dont le récit se serait transmis et aurait enflé au cours du temps pour devenir le mythe concerné.
Dans la thèse de Woolley, l'aspect catastrophique est renforcé par la rupture de civilisation induite par cette inondation. Cette rupture s'expliquerait par l'arrivée de nomades du Nord repeuplant une zone dévastée par le cataclysme et apportant donc avec eux des nouveaux arts et techniques. Les conséquences considérables du point de vue des civilisations justifie alors l'apparition dans le mythe d'une véritable césure entre les mondes anté et post diluviens. Cette césure se retrouve notamment dans les Tablettes Royales, qui fixent bien cette séparation.
La datation exacte est difficile à juger, car de nombreuses inondations ont eu lieu dans cette région. La couche argileuse que Woolley choisit comme témoin du Déluge est celle qui daterait de -3500 av J.C.
Le phénomène serait localisé sur la Mésopotamie : la théorie ne rend donc pas compte de l'universalité du mythe du déluge, mais elle est une explication possible du récit biblique.
Non précisé, mais du même ordre de grandeur qu'une inondation normale.
Non précisée, mais la hauteur de la couche d'argile laisse supposer un phénomène plus long qu'une inondation normale.
On a retrouvé des dépôts argileux dans la zone d'Ur, séparant clairement deux niveaux de technicité très différents, ce qui fait penser à une inondation catastrophique ayant tué la majorité de la population locale et entraînant un repeuplement. De plus, des dépôts d'inondation sont présent un peu partout en Mésopotamie, et il faudra attendre les travaux de Max Mallowan pour montrer qu'ils ne correspondent pas tous, loin de là, à la même inondation.
Leonard Woolley a passé des années 1920 aux années 1940 (interruption pendant la guerre) à fouiller divers endroits de Mésopotamie. La période pendant laquelle il a échafaudé sa théorie se trouve etre 1925 et 1935 : il fouillait alors la région d'Ur.
Cette théorie est connue du grand public, mais pas sous sa forme exacte. La plupart du temps, Woolley n'est pas exactement cité, mais la notion sous-jacente d'inondations catastrophiques (notion que se partagent Mallowan et Woolley) existe. On peut noter la présence
La thèse de l'inondation catastrophique ne bénéficie pas d'une grande couverture scientifique, mais demeure existante. Par contre, la proposition exacte de Woolley n'est guère plus reconnue, à cause des découvertes de Mallowan (voir ci-dessus).
Des fouilles ultérieures ont montré que cette couche d'argile ne s'étendait que sur plusieurs kilomètres carrés autour d'Ur. Il ne peut donc s'agir de l'inondation qui aurait donné naissance au récit du Déluge, car il y en a beaucoup de similaires : ce genre de dépôts est courant et d'origine probablement fluviale. La thèse n'a donc plus aujourd'hui de défenseur. Cependant, on peut noter que Ryan et Pitman, dans les premières pages de leur livre, s'attachent tout de même à démontrer qu'elle est fausse. Ceci montre qu'elle reste, de par la couverture médiatique qu'elle reçut en son temps, une thèse de référence.