Une partie de la communauté scientifique, dont Robert M. Best et Max Mallowan.
A la fin des années 1940, le nombre de fouilles effectuées par Max Mallowan contredisant la théorie de Woolley firent que la couche d'argile qu'il avait retenue apparut comme trop locale (quelques kilomètres carrés autour d'Ur) et commune pour pouvoir être considérée comme correspondant à l'inondation qui donna naissance au mythe du déluge. L'idée de l'inondation resta cependant d'actualité.
Noah's Ark and the Ziusudra epic de Robert M.Best.
Site internet accessible ICI
Cette thèse reprend la thèse de Leonard Woolley (qui était le professeur de Mallowan), mais situe autrement les couches de dépôts de l'inondation responsable du déluge. En effet, les fouilles de Mallowan ont montré que le dépôt de Woolley ne s'étendait que sur quelques kilomètres carrés, et étaient donc incompatibles avec la notion d'un déluge unique. De tels dépôts sont courants en Mésopotamie : le débat se situe donc pour décider lequel correspondrait au déluge biblique. Mallowan considère qu'il s'agit d'un dépôt daté de -2900 av J-C, et c'est ce même dépôt que Best considère comme étant le bon.
La théorie de Best s'appuie beaucoup sur les mythes, et plus particulièrement sur l'Atrahasis (qu'il privilégie par rapport à la Bible), et s'intéresse à leur interprétation afin de reconstruire une réalité plausible. Les arguments sont donc plus littéraires que purement scientifiques. Selon cette thèse, Noé était soit roi de la ville de Shuruppak, soit un notable. Pour sauver ses biens de l'inondation imminente, il fit adapter en urgence un ancien navire de commerce en « arche » pour sauver son bétail et sa famille. Il dériva jusque dans le Golfe Persique, d'où un rallongement de la durée de l'inondation : une semaine selon l'Atrahasis, un an (un mois) selon la Bible.
2900 av. J-C. Il est intéressant de noter que les arguments de Mallowan et Best divergent. Mallowan arrive à cette conclusion car cette couche concerne simultanément trois cités-états de grand importance, alors que Best met en place cette datation en interpolant la chronologie des rois de Mésopotamie et les légendes : il obtient alors une période approximative, qui se trouve comprendre la couche de Mallowan.
Du même ordre de grandeur qu'une inondation normale.
Non précisé, mais du même ordre de grandeur qu'une inondation normale.
Inconnue. La couche d'argile évoquée étant épaisse, on suppose une crue (car Mallowan suppose qu'il s'agit de crues catastrophiques du Tigre et de l'Euphrate) exceptionnellement longue. Best pense cependant à une semaine, en faisant confiance à la datation mise en place par l'Epopée de Gilgamesh, dont la rédaction (dans sa version la plus ancienne) a l'avantage d'être moins éloignée géographiquement, culturellement et historiquement du phénomène.
Les strates du sol de l'ancienne Mésopotamie regorgent de couches d'argile. Comme dit précédemment, les différentes thèses de l'inondation soutiennent différentes couches d'argile, mais le choix de Mallowan repose sur l'étendue de la strate argileuse.
Fouilles de Mallowan, d'abord sous la tutelle Woolley, puis seul, dans les années 1940.
La différence entre la thèse de Mallowan et celle de Woolley est très peu faite, et il est difficile de trouver, tant dans les documentaires que dans les sites internet, des informations vraiment précises sur la différence entre les deux. De plus, les différences entre les théories post-Mallowan sont si ténues qu'il est très dur de s'y retrouver. La théorie de Best est la seule qui se détache du reste, bénéficiant de documentaires et d'une certaine couverture. En effet, elle s'intéresse beaucoup au personnage de Noé, ce qui trouve un écho dans l'attitude du grand public, plus intéressé par le traitement du mythe que par des données géologiques pures.
Cette théorie est reconnue par la communauté scientifique, bien que bénéficiant d'une couverture relativement ténue : il est très dur de trouver sur le Web of Knowledge un article traitant de cette version des faits à l'origine du récit du déluge.
Cette thèse est assez bien accueillie par la communauté chrétienne ouverte aux arguments scientifiques. Elle a en effet l'avantage de coller aux mythes et de trouver une vérité à la Bible, contrairement à la théorie de la Mer Noire, qui ne fait pas intervenir Noé. Par contre, elle est violemment attaquée par Ryan et Pitman : son problème est la petite taille de la zone inondée, et l'aspect « commun » d'un phénomène d'inondation, si catastrophique qu'il puisse être.