Diagnostic
Le diagnostic du TDAH nécessite la collecte et l'analyse de données provenant de sources diverses et de cas cliniques que le praticien devra solliciter et confronter :
- la rencontre des parents : les difficultés qu'ils rencontrent et les symptômes décrits peuvent s'avérer très utiles pour l'élaboration du diagnostic
- la rencontre avec l'enfant : certes, il est difficile de discuter de manière très précise avec un enfant des symptômes du TDAH, mais on peut l'interroger sur son anxiété, son sentiment de dépression
- l'observation clinique : il faut toutefois prendre garde car les symptômes se retrouvent souvent atténués durant la consultation, l'observation dans le milieu naturel par des moyens divers
- la consultation de l'entourage de l'enfant : le médecin traitant, le médecin scolaire, le corps professorale,…
- l'évaluation neuropsychologique : il n'existe pas de profil psychométrique spécifique à ce trouble, toutefois, l'analyse de la distribution des scores à certains tests permet la mise en évidence de troubles de l'attention, ce qui est souvent un signe majeur
- recherche de troubles associés et d'un diagnostic différentiel éventuel : il est rare de rencontrer le TDAH individuellement, car il a souvent pour effets l'apparition d'autres troubles, qui peuvent d'ailleurs même être un obstacle à la détection du trouble
Afin que le diagnostic du TDAH puisse être assurément établi, certains critères doivent être respectés, ceux définis par les classifications internationales reconnues (surtout le DSM-IV et le CIM-10 que nous expliciterons par la suite). Il faut également que les manifestations majeures du trouble (manque d'attention, hyperactivité, impulsivité) constituent une véritable gêne pour le sujet, qu'elles soient présentes avant l'âge de sept ans (« l'âge de la raison »), qu'elles se manifestent dans deux environnements bien différents depuis au moins six mois et qu'elles entraînent des difficultés scolaires, sociales ou professionnelles. En outre, il faut s'assurer que les troubles de l'attention par exemple ne soient pas dus à d'autres facteurs, comme des conflits familiaux, des troubles de vision, d'audition,…
Les grandes classifications
- La classification internationale des maladies (CIM-10) établie par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit les troubles hyperkinétiques tels des : « troubles caractérisés par un début précoce (habituellement au cours des cinq premières années de la vie), un manque de persévérance dans les activités qui exigent une participation cognitive et une tendance à passer d'une activité à l'autre sans en finir aucune, associés à une activité globale désorganisée , incoordonnée et excessive. »
Dans cette classification, il existe sept grands critères :
1) INATTENTION
Au moins 6 des symptômes suivants ont persisté au moins pendant 6 mois, à un degré inadapté ne correspondant pas au niveau de développement de l'enfant :
- ne parvient pas à prêter attention aux détails ou fait des fautes d'inattention dans les devoirs scolaires, le travail ou d'autres activités
- ne parvient souvent pas à soutenir son attention dans des tâches ou des activités de jeu
- ne parvient souvent pas à écouter ce qu'on lui dit
- ne parvient souvent pas à se conformer aux directives venant d'autrui ou à finir ses devoirs, son travail ou à se conformer à des obligations sur le lieu de travail (non dû à un comportement oppositionnel ou à un manque de compréhension des instructions)
- a souvent du mal à organiser des tâches ou des activités
- évite souvent ou fait à contre cœur les tâches qui nécessitent un effort mental soutenu,
telles que les devoirs à la maison - perd souvent les objets nécessaires à son travail ou à certaines activités à l'école ou à la maison
- est souvent facilement distrait par des stimuli externes
- a des oublis fréquents au cours des activités quotidiennes.
2) HYPERACTIVITE
Au moins 3 des symptômes suivants ont persisté au moins pendant 6 mois, à un degré inadapté et ne correspondant pas au niveau de développement de l'enfant :
- agite souvent ses mains ou ses pieds ou se tortille sur sa chaise
- se lève en classe ou dans d'autres situations alors qu'il devrait rester assis
- court partout ou grimpe souvent de façon excessive dans des situations inappropriées ;
- est souvent exagérément bruyant dans les jeux ou a du mal à participer en silence à des activités de loisirs
- fait preuve d'une activité motrice excessive non influencée par le contexte social ou les consignes.
3) IMPULSIVITEAu moins un des symptômes suivants ont persisté au moins pendant 6 mois, à un degré inadapté et ne correspondant pas au niveau de développement de l'enfant :
- se précipite souvent pour répondre aux questions sans attendre qu'on ait terminé de les poser
- ne parvient souvent pas à rester dans la queue ou à attendre son tour dans les jeux ou dans d'autres situations de groupe
- interrompt souvent autrui ou impose sa présence (par exemple fait irruption dans les conversations ou les jeux des autres)
- parle souvent trop sans tenir compte des règles sociales.
4) Le trouble survient AVANT 7 ANS
5) CARACTERE ENVAHISSANT DU TROUBLE
Les critères doivent être remplis dans plus d'une situation, à la maison, à l'école, et dans une autre situation ou l'enfant fait l'objet d'une observation (les informations doivent provenir de plusieurs sources pour mettre en évidence la présence de critères dans des situations différentes).
Autres critères
- 6) Les symptômes cités sont à l'origine d'une souffrance ou d'une altération du fonctionnement social, scolaire ou professionnel, cliniquement significative.
- 7) Ne répond pas aux critères du trouble envahissant du développement, d'un épisode maniaque, d'un épisode dépressif, ou d'un trouble anxieux.
- Aux Etats-Unis, selon le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV), le TDAH se caractérise par deux séries de manifestations : le déficit de l'attention d'un côté et l'hyperactivité-impulsivité de l'autre.
Voyons maintenant les critères diagnostiques du trouble selon cette classification.
1) Présence soit de (a), soit de (b)(a) six des symptômes suivants d'inattention (ou plus) ont persisté pendant au moins 6 mois, à un degré qui est inadapté ou ne correspond pas au niveau de développement de l'enfant:
- souvent, ne parvient pas à prêter attention aux détails, ou fait des fautes d'étourderie dans les devoirs scolaires, le travail ou d'autres activités
- a souvent du mal à soutenir son attention au travail ou dans les jeux
- semble souvent ne pas écouter quand on lui parle personnellement
- souvent, ne se conforme pas aux consignes et ne parvient pas à mener à terme ses devoirs scolaires, ses tâches domestiques ou ses obligations professionnelles (cela n'est pas dû à un comportement d'opposition, ni à une incapacité à comprendre les consignes)
- a souvent du mal à organiser ses travaux ou ses activités
- souvent, évite, a en aversion, ou fait à contre cœur les tâches qui nécessitent un effort mental soutenu (comme le travail scolaire ou les devoirs à la maison)
- perd souvent les objets nécessaires à son travail ou à ses activités
- souvent, se laisse facilement distraire par des stimuli externes
- a des oublis fréquents dans la vie quotidienne
(b) six des symptômes suivants d'hyperactivité-impulsivité (ou plus) ont persisté pendant au moins 6 mois, à un degré qui est inadapté et ne correspond pas au niveau de développement de l'enfant.
HYPERACTIVITE :- remue souvent les mains ou les pieds, ou se tortille sur son siège
- se lève souvent en classe ou dans d'autres situations où il est supposé rester assis
- souvent, court ou grimpe partout, dans des situations où cela est inapproprié (chez les adolescents ou les adultes, ce symptômes peut se limiter à un sentiment subjectif d'impatience motrice)
- a souvent du mal à se tenir tranquille dans les jeux ou les activités de loisir
- est souvent «sur la brèche» ou agit souvent comme s'il était «monté sur ressorts»
- parle souvent trop
IMPULSIVITE :- laisse souvent échapper la réponse à une question qui n'est pas encore entièrement posée
- a souvent du mal à attendre son tour
- interrompt souvent les autres ou impose sa présence (par exemple, fait irruption dans les conversations ou dans les jeux)
- En France, d'après la Classification Française des Troubles Mentaux de l'Enfant et de l'Adolescent (CFTMEA), l'hyperkinésie avec troubles de l'attention, classée parmi les troubles des conduites et des comportements, est caractérisée « sur le versant psychique [par] des difficultés à fixer l'attention, un manque de constance dans les activités qui exigent une participation cognitive, une tendance à une activité désorganisée, incoordonnée et excessive, et un certain degré d'impulsivité ; - sur le plan moteur [par] une hyperactivité ou une agitation motrice incessante. »
Ces critères ne doivent surtout pas devenir des règles rigides. En effet, on observe que parfois l'intensité d'un des symptômes en vaut bien plusieurs. Des examens cliniques, une meilleure connaissance du cadre de vie de l'enfant demeurent la base de l'élaboration du diagnostic.