La Dépendance Énergétique

Une opportunité pour le sud ou une volonté d’exploitation d’un nord déjà dépendant ?

 

Un fossé qui se creuse ?

L’Europe et les pays occidentaux en général sont pour la plupart dépendants d’autres pays concernant les énergies fossiles qu’ils importent. Les pays de l’OPEP qui fixent les prix du pétrole et les différends problèmes qui ont eu lieu avec le gaz Russe montrent qu’être dépendant au niveau énergétique n’est pas la meilleure des solutions. Pour pallier ce problèmes certains pays comme la France ont choisit le nucléaire comme principale source d’énergie pour leur électricité.

Le concept DESERTEC prévoit une importation massive d’électricité depuis les régions désertiques des pays du MENA. Cela soulève de nombreuses interrogations quand à la sécurité et la fiabilité de l’approvisionnement pour de nombreuses raisons.

En premier lieu, une dépendance en énergie électrique des pays du MENA semble beaucoup plus dangereuse qu’une dépendance en énergie fossile. En effet, contrairement aux hydrocarbures, l’électricité ne peut être stockée. Il serait donc très difficile pour les pays européens de faire face à une coupure massive des importations, alors que les différents stocks stratégiques d’hydrocarbure permettent à l’Europe de se prévenir contre de telles coupures.

Ensuite, les raisons possibles de coupures de l’approvisionnement sont très nombreuses. Des catastrophes naturelles peuvent facilement endommager les futures lignes CCHT, des accidents sont vite arrivés et encore plus probables, des actes terroristes peuvent avoir lieu n’importe quand et n’importe où. Avoir la possibilité de couper l’Europe en électricité est une occasion que certains réseaux terroristes ne voudraient rater pour rien au monde. Enfin, un boycott des approvisionnements n’est pas à oublier, de la même façon que ce qui est arrivé avec le gaz Russe, des tensions entre les états exportateurs et importateurs peuvent avoir des conséquences désastreuses et aboutir à des coupures de l’approvisionnement pour des durées indéterminées.

Enfin, en dehors des problèmes techniques qu’un tel transport peut engendrer, il ne faut pas oublier que tant qu’un cadre juridique clair et précis quand à la nature des importations n’est pas défini, le projet ne pourra pas se mettre en route. Il faut pour cela une volonté commune de tous les acteurs concernés, aussi bien industriels que politiques pour créer des accords convenant à toutes les parties et fixant précisément la nature des prestations. De tels accords ne sont malheureusement pas encore envisageables à l’heure actuelle. En effet, certains pays du MENA tels que l’Algérie ne sont pas encore mûrs pour un tel projet. De plus, Cela ne peut se faire en peu de temps. Un tel partenariat doit être construit sur des bases solides. Les acteurs doivent tous réfléchir à leur degré d’investissement ainsi qu’à tous les aspects du projet qui les concernent. Ils doivent s’imprégner du projet afin de le maîtriser dans sa totalité. Il faudra donc du temps avant que tous les acteurs arrivent à ce stade et seulement là il sera possible de penser à bâtir des accords.

La fondation DESERTEC est consciente de ces problèmes de dépendance, voici une réponse qu’elle fournit dans son livre rouge.

Les questions les plus souvent posées gravitent autour de la sécurité de l’approvisionnement: «Ne sommes-nous pas trop dépendants sur le plan de l’approvisionnement énergétique des autres pays?» «Qu’adviendrait-il si le réseau de distribution venait à être détruit à la suite de catastrophes naturelles, d’accidents, de sabotages ou de boycotts?» La sécurité énergétique doit être prise au sérieux. Nous devons et nous pouvons prendre des dispositions pour la garantir. Il est nécessaire de mentionner que le concept DESERTEC ne mise pas seulement sur le seul courant généré dans les régions désertiques, mais considère celui-ci comme la partie d’un apport énergétique mixte provenant de toutes les énergies renouvelables. Le concept DESERTEC proposerait aux pays européens, une option supplémentaire face aux ressources énergétiques fossiles, tels que le gaz naturel et le charbon, et permettrait de réduire la dépendance de ces derniers.

Le concept DESERTEC propose en outre – grâce aux nombreux sites potentiels et la construction de nombreuses lignes de transmission – une plus grande variété de sources d‘approvisionnement et de connexions que ce ne serait le cas avec les ressources énergétiques fossiles et leurs oléoducs. Le système dispose de suffisamment de capacité de réserve pour pallier toute panne d‘origine technique décelée sur les lignes de transmission. Un arrêt organisé des livraisons de courant électrique conduirait à des pertes de revenus dans les pays producteurs - contrairement aux énergies fossiles que l‘on peut stocker et vendre plus tard même à un prix plus élevé.

DESERTEC pense en effet que la question de la dépendance n’est pas un réel problème dans le sens ou le projet permettrait de réduire celle en énergie fossile. De plus, selon eux, une panne sur le réseau ne serait pas non plus catastrophique étant donné la multiplicité des connexions. Il ne serait pas judicieux pour les pays du sud de faire un boycott car cela leur ferait perdre de l’argent.

Enfin, il faut savoir que la question de la dépendance doit se poser pour les pays de l’EUMENA en 2050. Il faut donc se projeter dans l’avenir et spéculer sur les situations économiques et politiques de tous ces pays en 2050, ce qui n’est pas une chose aisée. Il est fort possible que les pays du MENA aient atteint un niveau de développement semblable à l’Europe d’aujourd’hui. Ces pays auront donc les mêmes besoins énergétiques. Il semble donc logique pour DESERTEC de commencer dès maintenant à coopérer avec eux malgré les différentes instabilités de certains plutôt que de les isoler, ce qui ne ferait que nuire à tout le monde.

En conclusion : monter un projet de cette taille (400 milliards d’euros) dans un contexte supranational complexe, relève d’un vrai challenge diplomatique. Sécuriser des contrats d’achat et de transit sur une période de 30 ans n’est pas une mince affaire… Il y a encore une absence dans la plupart des pays producteurs potentiels, du cadre politique approprié pour offrir aux investisseurs privés ou publics les mesures planificatrices et juridiques nécessaires. Le faire ensemble dans la zone du MENA relève de l’exploit millénaire, c’est celui que doit relever DESERTEC pour réussir son projet.

Ce qui suit est la réponse de DESERTEC à différentes questions posés par des internautes sur le sujet de la dépendance énergétique. Le point de vue global de DESERTEC est résumé ci-dessus mais ces réponses sont intéressantes pour avoir une vision plus précise du point de vue de DESERTEC sur ce sujet.


REPONSE DE DESERTEC SUR LES QUESTIONS DE DEPENDANCE ENERGETIQUE

We ask our Arabic readers for their understanding regarding the nature of the questions and the way they are expressed. Such questions and concerns are actually directed toward us quite often.

1. Wouldn’t Europe be making its energy supply dependent on foreign sources and thus expose itself to attacks?

It makes sense for Europe to buy solar energy from North Africa and the Middle East because it can be produced more cheaply there and solar-thermal power plants are able to supply electricity reliably, thus offering advantages over the renewable sources in Europe which are mostly fluctuating in nature; they also efficiently complement the existing forms. Should energy prices be forced to rise due to, say, delivery interruptions, these two market advantages would be lost as this would be the case with European customers in the medium term. The big difference with regard to the dependency on fossil fuels lies here: Renewable power can be produced just as well in Europe, albeit at higher costs and requiring more input. It is hence in the interest of the power-exporting countries to offer an economical and reliable product; otherwise the demand would decrease and a drop in investments, export revenues and employment could be expected. In this sense, an energy cartel much like the model of OPEC tends to be self-destructive and makes little sense. Solar power that is not delivered is thus lost and may not be sold later at a higher price as with oil or gas.

The TRANS-CSP scenario illustrates the following picture for the power production mix of Europe for the year 2050: 65% own renewable energies, 17% solar power imports and 18% fossil backup and top-loaded power plants. The failure of power plants and pipelines can be easily compensated for until their repair or a political solution using stand-by gas power plants. There will not be one large transmission line or one big solar-thermal power plant, but hundreds of power plants in a net of renewable energy sources located on several continents. Both state and small or major private investors can / should / want to participate in the power plants and power lines. The financing of these power lines could take advantage of, for example, pension funds which are looking for secure, long-term investment opportunities that are sustainable and ensure peace. Pension funds, in particular, are interested in a form of energy supply which functions economically since their investments in Europe require it as well.  

Solar energy is practically unlimited and, through a consolidated utilization of solar technologies, it becomes more favorable. This means that there are no conflicts and competition despite growing demand for resources which are limited both regionally and quantitatively as is the case with oil, gas or uranium. Instead, additional power plants and lines can simply be constructed. The possibility of charging batteries or of producing hydrogen economically with clean power could also make the transport sector less dependent on fossil fuels. Furthermore, sustainably produced biomass could be used more sensibly in the transport sector than for the production of electricity.

As can be seen in Europe, mutual networks and interconnecting ensures peace and cohesion amongst countries. By the creation of education and employment opportunities as well as better general living conditions, DESERTEC is an ideal anti-terror program.  

2. With solar energy imports from Arabian countries, wouldn’t we simply be replacing dependencies such as the dependency on natural gas from the Ukraine with new, possibly more critical dependencies?

No, because we also expand the number of suppliers, thereby reducing the risk of supply failure. After all, the number of stand-by options increase with every new trade connection.

3. Isn’t it highly dangerous to depend on politically instable countries in MENA?

It is more likely that parties which are not mutually dependent become involved in conflicts with one another than parties which are interdependent on one another. By 2050, the South Mediterranean region will have roughly the same economic power and population as Europe and hence similar energy requirements. Isolating this region would be much more dangerous for Europe than a joint effort towards a sustainable energy supply system. On a global scale, there will be a change of paradigm in terms of political security, which will replace the conflicts increasing worldwide over limited resources with a joint international effort to harness renewable resources. 

4. If the power lines or power plants become the target of terrorist attacks, could Europe’s power supply suddenly be immobilized?

According to the TRANS-CSP study by the DLR, imported solar energy from the entire MENA region (Middle East and North Africa) could cover approximately 17% of Europe’s energy requirements by 2050. The future energy mix is - much like today – determined at 125% of the top load, including 25% reserve capacity for emergencies. Hence, there would be enough energy available even if all the solar power plants and high-voltage direct-current transmission lines (HVDC lines) fail simultaneously – which is a highly unlikely event in itself. However, this reserve energy would stem substantially from stored fossil fuels and reserve power plants. A strong EU-MENA association with HVDC transmission lines could continue to supply energy during events of this kind, unlike the alternating-current network of today. 

5. Aren’t the Middle East and North Africa (MENA) too unstable for long-term investments?

In several states of the MENA region, the domestic political stability is endangered by political stagnation. Nevertheless, a number of countries are making significant improvements in terms of domestic and foreign political stability. The DESERTEC Foundation tries to support the nations in the region in this process of development by helping to establish an advanced economy which is based on technology, and create employment opportunities in the industrial sector. The plans put forward by DESERTEC would contribute towards this stabilization through development in the national economies and societies described.

Despite possible security concerns, high international investments in the oil sector are still made in these countries. The MENA countries could also participate in the investments in solar and wind energy plants and hence develop a reinforced interest to keep these plants in operation.

Un réseau multiple

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