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    La controverse autour du French Paradox, qui s'exerce en fait autour d'un débat sensiblement différent, nous a amené à étudier de grandes questions relevant de thèmes à la fois scientifiques, politiques et sociétaux. Si nous devons avoir une conclusion sur ce sujet, celle-ci dirait qu'il n'y a pas réellement de controverse au sens de théories contradictoires ou divergentes. Il s'agit plutôt d'une controverse alimentée par une incompréhension générale et par une absence de clarté sur les faits explicités. Par exemple, « un bienfait sur un type de cancer » sera très vite interprété par « un bienfait sur la santé ». Ce genre de généralisation, que l'on voit dans les médias ou dans l'esprit des gens, est à proscrire pour garder un débat utile et moteur.

    Les recommandations sont parfois des compromis puisque les études sont très souvent ciblées et difficilement comparables, et que le bon sens en matière de santé publique est de recommander la modération. Les points de débats correspondent à des divergences dans l'analyse et dans la dimension du domaine étudié, certains se focalisant sur des maladies spécifiques et d'autres prenant en compte l'ensemble des paramètres connus. En outre, si le resvératrol a des effets positifs pour la durée de vie sur des cellules in vitro, qu'en sera-t-il sur un individu ? Ces thématiques scientifiques soulèvent une question plus générale en science, qui est la suivante :

    -> Comment prouve-t-on une théorie ?



    Car toutes les études n'ont pas le même degré de certitude ni la même méthode. Mais pour le non-initié au vocabulaire et à la recherche – a fortiori si les intermédiaires n'expliquent pas clairement de quoi il s'agit – il est difficile de comprendre les enjeux de cette controverse. A ces méconnaissances s'ajoutent des imprécisions sur le fond du sujet : de quoi parle-t-on exactement ? Du vin ? De l'alcool ? Tantôt le consommateur entendra parler de resvératrol (et donc de vin), tantôt d'éthanol (et donc de boissons alcoolisées en général), ou bien des deux.

    En effet, certains effets sont corrélés et d'autres non, si bien que les précisions concernant les mécanismes en jeu sont nécessaires. Tout est une question de référentiel et d'effets étudiés. De surcroît, les campagnes concernant la santé publique sont relatives à l'alcool, de même que la loi Evin - même si certains militent pour créer une exception en faveur du vin : cette distinction entre le vin et l'alcool en général est un sujet récurrent dans cette controverse qu'il faut nécessairement prendre en compte.

    -> Peut-on distinguer le vin des autres boissons alcoolisées ?



    Malgré tout, même si on peut souvent restreindre notre débat sur le vin, il demeure un flou artistique assez général : qu'entend-on par consommation modérée ? Pour un gros consommateur, 4 verres par jour forment une consommation modérée ; pour un abstinent, 2 verres par jour, c'est déjà beaucoup. D'un point de vue médical, la modération se transforme en une consommation nulle en ce qui concerne la femme enceinte. Les recommandations officielles font état de 2 ou 3 verres par jour, au maximum. Mais d'où viennent ces chiffres ? Que prennent-ils en compte ? Si on donne des chiffres, c'est bien qu'il faut quantifier la dose de vin « bonne pour la santé ».

    Cela passe par l'établissement d'une sorte de compromis entre toutes les maladies : c'est-à-dire l'évaluation de la dose qui minimise globalement, en moyenne, les risques des maladies prises dans leur ensemble. Cet aspect-là est primordial dans une controverse où la complexité scientifique empêche les réponses binaires à chaque problème. Il est constamment question de contexte alimentaire, d'influence réciproque, d'effets corrélés, de quantité. La question de l'existence d'une telle dose qui minimiserait les risques conduit naturellement à la question suivante :

    -> Existe-t-il un effet de seuil ?



    Ce site dresse un état des lieux actuels des discussions autour du vin de la santé. En quelques années, celles-ci ont énormément évolués mais… et après ?



    Que se passera-t-il demain ? Assistera-t-on à l'explosion du vin-médicament ? De nouvelles analyses verront le jour, de nouvelles méta-analyses seront effectuées, la recherche avancera. Au vu de la controverse, et compte tenu des enjeux socio-économiques liés à position de la France comme premier producteur mondial il est tout-à-fait possible que la politique évolue en faveur du vin. A l'heure où le consommateur tend à devenir un consomm-acteur, il est nécessaire de lui fournir toutes les clés pour qu'il puisse se faire son propre avis et estimer lui-même la consommation qui lui conviendra. Car il s'agit aussi de plaisir personnel. Mais celui-ci s'arrête là où l'alcoolisme commence et se transforme en poids sur la conscience quand la route se teint de sang.

    Ce n'est le but de personne de sacrifier la convivialité d'un repas ou la joie d'ouvrir une bonne bouteille. Mais l'objectif n'est pas non plus d'inciter à la consommation. Cette controverse agite tous les milieux parce que le vin, en France, a une dimension particulière. Donnons-lui la place qu'il mérite : il aura 65 millions de places différentes.



    Remerciements