Espérances de notre site et enjeux de la controverse
Les questions de santé concernant la consommation de vin sont devenues des thèmes récurrents dans notre société. Que ce soit après une nouvelle étude scientifique ou lors du beaujolais nouveau, l'on ne cesse de vanter les effets bénéfiques du vin, parfois présenté comme une boisson miracle, parfois en occultant totalement qu'il s'agit avant tout d'une boisson alcoolisée dont les ravages peuvent parfois être terrifiants. En France, le débat de la santé et du vin prend une dimension toute particulière qui résulte notamment de la place de ce produit dans l'économie et de l'explication du paradoxe français, constat que les Français sont peu atteints de cardiopathies ischémiques alors qu'ils ont une alimentation riche en graisses animales. En effet, en 1992, un article publié dans The Lancet, écrit par Serge Renaud, suggère que la consommation de vin rouge est à l'origine du French Paradox, protégeant l'organisme des maladies cardiovasculaires. Ceci constitue le point de départ d'une controverse où chacun croit connaître la vérité, qu'il soit compétent ou non, comme si sa vérité était plus vraie que celle de l'autre. Mais le fond de la question n'est pas souvent celui que l'on pense : « le vin est-il bon pour la santé ? » est en effet une question qui n'a aucun sens. Après avoir étudié les acteurs majeurs du débat, nous nous sommes aperçus qu'ils sont globalement d'accord quand le point étudié est précis.
C'est pourquoi nous nous sommes tournés vers une problématique différente : quelles consommations de vin peuvent apporter quels effets bénéfiques pour quelles santés ? En effet, les questions sous-jacentes à cette problématique sont à la fois diverses et précises. On retiendra principalement les suivantes :
De quelle santé parle-t-on ?
En effet, maladies cardiovasculaires, cancers, obésité, diabète… sont autant de points majeurs différents de la recherche médicale et les regrouper sous un seul et unique terme « santé » constitue un abus qui sème le trouble et alimente la controverse.
Qu'est-ce qu'un effet bénéfique ?
Ce point est un des plus délicats car il dépend de la définition que l'on se donne. Si en buvant du vin, je diminue mon risque de maladie A mais augmente le B, peut-on le considérer comme bon pour la santé ? Peut-on effectuer comparer les bénéfices et les risques des maladies ?
Existe-t-il un effet de seuil ?
Si une consommation déraisonnée de vin est unanimement reconnue comme néfaste, il s'agit de différencier des comportements alcooliques différents qui pourraient donc avoir des conséquences différentes. De plus, un objectif peut être d'élaborer des recommandations de consommation basées sur des idées plus quantifiables que la « modération », dont le sens varie considérablement selon la personne interrogée.
Comment valider une théorie scientifique ?
Il existe de nombreux types d'études différents. Ils n'ont pas la même précision, les mêmes biais, la même puissance ni la même méthode, ce qui les rend difficile à comparer. Cependant, les mécanismes physiologiques en jeu sont extrêmement complexes, ce qui rend nécessaire la multiplication des travaux et leur confrontation.
La controverse autour du French Paradox réside donc davantage dans un amalgame de notions intriquées que dans des contradictions scientifiques ou idéologiques. Les médias, le « beau-frère qui m'a dit dimanche dernier que », « mon toubib », « un ami viticulteur », toutes ces personnes que l'on côtoie chaque jour, ont chacun un point de vue qui n'est pas toujours clair.
Notre site n'est pas destiné à résoudre le problème « le vin est-il bon pour la santé ? », mais à répondre à toutes ces questions sous-jacentes, d'éclairer les zones d'ombres, d'identifier les acteurs, les idées, les arguments et, par la suite, d'aider le citoyen à avoir la consommation qu'il juge responsable.
- Vous voulez en savoir plus sur l'histoire du vin ? -> Voir L'histoire du vin
- Vous voulez en savoir plus sur les enjeux économiques liés au vin ? -> Voir L'économie du vin en France
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