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  • Des seuils de consommation ?

    La question des seuils est complexe. Il s'agit de trouver un compromis entre les effets négatifs de l'alcool sur différentes maladies dont le cancer pour lequel aucun seuil n'a pu être identifié, et les effets bénéfiques sur les maladies cardiovasculaires qui sont observés pour une consommation régulière et modérée de boissons alcoolisées. Néanmoins, les recommandations générales, celles du WCRF, sont, si l'on consomme de l'alcool, de ne pas dépasser deux verres par jour pour les hommes et un pour les femmes.



    L'origine des seuils actuels vient des années 1980. En 1981, le concept de « sensible drinking » pour lutter contre l'alcoolisme s'est développé au Royaume Uni. En 1984, les psychologues anglais préconisent 18 verres par semaine pour les hommes et 9 verres par semaine pour les femmes. En 1987, ces seuils sont revus à la hausse et passent à 21 et 14. En 1992, ces seuils sont adoptés par le gouvernement anglais et trois Medical Royal Colleges. En 1995, on passe à une limite journalière de 3 à 4 verres pour les hommes et de 2 à 3 verres pour les femmes. En 1994, un groupe de travail réuni sous l'égide de l'OMS élabore un questionnaire pour dépister les personnes dont la consommation d'alcool est excessive. Leur but est la prévention des problèmes psycho-sociaux. Ils définissent alors des seuils pour cela. Il faut préciser que ceux-ci n'ont pas été élaborés pour d'autres types de risque, comme ceux de maladies chroniques à long terme. Ils sont considérés à tord comme des seuils de l'OMS par une partie du monde politique et médical, ainsi que par le grand public. Cependant, ils n'ont jamais été validés comme tels.

    Les seuils de consommation actuels sont très controversés. En effet, le terme de seuil n'est pas forcément très bien compris par le public qui peut l'interpréter comme un seuil minimal ou considérer qu'il faut boire de l'alcool à raison de x verres par jour selon les recommandations. Ils sont également assez mal connus. D'une part, les consommateurs de vin considèrent qu'une consommation modérée correspond à 3,3 verres par jour (enquête ONIVINS), ce qui est supérieur à toutes les recommandations officielles. D'autre part, de nombreuses personnes que nous avons interrogées pensaient connaître les maxima conseillés, mais donnaient des réponses fausses, telles que « l'OMS conseille de boire au maximum quatre verres par jour ». Cette organisation refuse justement de donner des seuils précis pour éviter les confusions et pallier le manque de précision des recherches. Depuis 1995, sa recommandation est « Avec l'alcool, moins, c'est mieux ».

    Certains instituts comme l'INCa préconisent une réduction de la consommation d'alcool, compte-tenu du risque de cancers (pour plus de détails voir la section En France ?). En effet, ils n'observent pas de seuil minimal en dessous duquel le risque de cancer est nul, et c'est le seul facteur qu'ils prennent en compte pour élaborer leurs recommandations.

    Cependant, d'après Claude Béraud, anciennement au poste de médecin conseil national en 1989 :

    « Si l'on analyse globalement les bénéfices et les risques d'une consommation modérée d'alcool, conseiller l'abstinence à l'ensemble de la population française n'est pas justifié par des données scientifiques. Jeter un interdit sur la consommation modérée d'alcool est une attitude autoritaire et paternaliste qui ne respecte pas les données cliniques et épidémiologiques, qui va à l'encontre d'une médecine fondée sur des preuves et qui est incompatible avec le respect de l'autonomie de personnes qui demandent une information.»


    De plus, l'HCSP (Haut Conseil de la Santé Public) a rédigé en 2009, sur demande du ministre de la Santé, une analyse des recommandations en matière de consommation d'alcool suite à la publication du rapport de l'INCa. La conclusion de cette note est qu'il n'y a pas d'argument convaincant pour justifier une abstinence totale, il faut poursuivre les travaux scientifiques afin de préciser le risque attribuable aux faibles consommations d'alcool et le cas échéant la relation bénéfice/risque de la consommation à faible dose. En outre, l'analyse explique que des recommandations officielles ne peuvent considérer un seul facteur de risque ou de bénéfice. En effet, il faut prendre en compte l'ensemble des éléments connus afin d'élaborer un message cohérent et compréhensible pour le public qui n'a pas les moyens scientifico-techniques de pondérer les différentes recommandations. La disparité des discours peut les discréditer et leur faire perdre en efficacité, ce qui est regrettable au regard de l'objectif d'amélioration de la santé publique.

    Aujourd'hui, les recommandations les plus couramment citées correspondent à celles du WCRF, bien qu'elles ne soient pas reconnues officiellement. Elles sont, si l'on consomme de l'alcool, de ne pas dépasser deux verres par jour pour les hommes et un pour les femmes. Bien sûr, la consommation d'alcool chez les enfants et chez la femme enceinte est toujours très vivement déconseillée par l'ensemble des acteurs, à défaut d'être interdite. La règlementation imposée par la Sécurité Routière pour limiter le nombre d'accidents de la route est une alcoolémie inférieure à 0,5g d'alcool par dans le sang, soit environ deux verres standards. Il est impossible de convertir ce taux en une consommation quotidienne d'alcool, car il dépend du poids, du sexe, de la durée écoulée depuis la consommation et de la prise conjointe de médicaments et d'aliments. Cependant, il est intéressant de noter que suivre les recommandations du WCRF permet d'avoir une alcoolémie en deçà du taux maximum légal pour la conduite (la proposition inverse n'est pas vraie en général). Cela permet de tendre vers l'homogénéisation conseillée par le HCSP, le problème demeurant de faire bien comprendre au public l'utilité et l'origine des recommandations.

    Notons que ce seuil de deux verres par jour pour les hommes et un pour les femmes a été indiqué en 2007 par le WCRF et l'AICR comme un seuil à ne pas dépasser. En France, actuellement l'INPES rappelle « que la consommation d'alcool comporte des risques pour la santé ».

    Cependant, elle est nous semble nécessaire pour élaborer des recommandations de santé publique.

    Nous constatons donc que cette notion de seuil ne fait pas du tout l'unanimité et est sans cesse remise en question. Cependant, elle est nécessaire pour élaborer des recommandations de santé publique.



    - Néanmoins, la question des seuils est liée à la nature du produit consommé. En effet, sont-ils les mêmes pour le vin et les autres boissons alcoolisées ?
    -> Voir Distinction entre le vin et les autres alcools


    - La question de seuils relevant d'études scientifiques, elle fait donc partie intégrante d'un problème plus vaste.
    -> Voir Prouver une théorie