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  • Distinction entre le vin et les autres alcools

    La différence majeure entre le vin et les autres types de boissons alcoolisées est la présence dans le vin de polyphénols. On leur attribue les effets bénéfiques du vin sur les maladies cardiovasculaires et sur certains cancers, même si ces derniers sont encore à l'étude. La distinction entre les différents types de vin (jeune, de garde, blanc, rouge…) est plus délicate et on constate des différences mineures.



    Nous l'avons vu dans les articles précédents, plusieurs spécialistes n'hésitent pas à différencier le vin des autres boissons alcoolisées (bières, spiritueux…).

    En effet, on retrouve dans le vin des molécules qui ne sont pas ou très peu présentes dans les autres boissons alcoolisées : les polyphénols. Ce sont ces polyphénols, et plus particulièrement le resvératrol, qui sont à l'origine des effets bénéfiques du vin sur la santé et notamment sur les maladies cardiovasculaires (pour plus de détails, voir la partie L'ingrédient magique ? )


    Peut-on distinguer le vin des autres boissons alcoolisées ?

    Les chercheurs ne sont pas tous d'accord sur la question. Certaines études tentent à montrer que les boissons alcoolisées semblent avoir un impact positif sur les maladies cardiovasculaires grâce à la présence d'éthanol. Le vin semble avoir simplement davantage d'effets bénéfiques en raison de sa concentration en composés phénoliques. Concernant les cancers, les rapports du WCRF/AICR et de l'INCa affirment qu'il n'y a pas de différences significatives entre les alcools. Par contre, les études s'intéressant aux possibles effets positifs du vin sur le cancer suggèrent que ceux-ci lui sont propres et s'expliquent par la présence importante de resvératrol. Certaines études épidémiologiques s'intéressent aux effets d'autres boissons alcoolisées (bière, spiritueux) sur la santé (cancer, MCV, ostéoporose, maladie d'Alzheimer,…). Cependant, elles sont encore trop peu nombreuses pour permettre de conclure.

    Pour le Dr Lanzmann-Petithory, médecin épidémiologiste :

    « Les études menées sur la bière sont tirées par les cheveux. La bière n'a que des effets négatifs sur la maladie d'Alzheimer et le cancer. Les bénéfices santé sont liés au seul vin, qui reste un jus de fruit fermenté avant d'être une boisson alcoolisée ».


    Le cardiologue et chercheur Michel de Lorgeril tempère :

    « Si le vin a plus d'avantages que les autres boissons parce qu'il contient des polyphénols, la bière contient, elle, des acides foliques, connus pour leurs vertus anti anémiques et anti infectieuses. De nombreuses études anglo-saxonnes ont par ailleurs montré que la consommation très modérée d'alcool a un impact positif sur la santé. »


    De plus, l'article Does wine consumption explain the French paradox? de Leiris et Boucher paru dans la revue Dialogues in Cardiovascular Medicine, vol 13, n° 3 (2008) souligne que :

    « Within the framework of Northern California Health Care program, Klatsky et al performed a prospective cohort study of 128 934 adults followed from 1978 to 1998.9 They concluded that drinkers of any type of wine have a lower risk of CHD and respiratory deaths and a lower all-cause mortality risk than do beer or spirit drinkers, even though each beverage type apparently protects against CHD mortality. »


    L'article The French Paradox par Hugh Tunstall-Pedoe paru dans la même revue rappelle que :

    « Epidemiologists are not well equipped to distinguish one wine from another. Indeed some large cohort studies find different forms of alcohol, beer, wine, and spirits, to be equally beneficial, others favor wine. Different patterns of consumption are confounded with other lifestyle factors—wine goes naturally with other components of the Mediterranean diet. »


    Ainsi, si la distinction entre le vin et les autres boissons alcoolisées semble cohérente quand on évoque les maladies cardiovasculaires et la longévité, elle est plus difficile à justifier pour la prévention de certains cancers. Cependant, en France, des études épidémiologiques associent la consommation modérée de vin avec les styles de vie les plus sains : en général, les buveurs modérés ont un régime alimentaire plus sain, fument moins et pratiquent davantage d'activité physique. Ceci amène à distinguer les types de boissons, mais aussi à relativiser leurs effets, en mettant l'accent sur le style de vie dans son ensemble.

    En revanche, en ce qui concerne la prévention routière, des précisions nous ont été apportés par M. Besson, sénateur de la Drôme, et par La Brigade Accidents et Délits Routiers. Le premier nous a fait part d'une anecdote : il y a une vingtaine d'année, avec l'aide d'un brigadier de la gendarmerie, il avait fait un sondage sur la consommation d'alcool des jeunes contrôlés en voiture le samedi soir : 40% avaient bu trop de bière, 30% de pastis et 30% de whisky. Le vin n'apparaissait pas. La BADR nous a confirmé ce genre de statistiques : la vodka est un des principaux alcools consommés par les jeunes. A nouveau, le vin n'apparaît pas. Cet argument est mis en avant par les pro-vins pour justifier l'exception qu'il faudrait lui accorder. Mais pour être exact, il faut parler des autres tranches d'âge. Nous n'avons pas de statistiques, mais la consommation de vin y est sûrement beaucoup plus importante. Le risque d'accidents correspondrait alors davantage avec les consommations excessives de repas festifs, distinctes du binge drinking des jeunes. Il s'agirait alors de mieux cibler les messages de prévention que de distinguer les boissons alcoolisées (Voir La vidéo de la sécurité routière).


    Les bienfaits du champagne

    D'après l'article Les vertus du vin et du champagne (Vie pratique, 2010), le champagne aurait, consommé avec modération, de nombreux effets bénéfiques :

    « Le champagne contient de grandes quantités d'acide phénolique, un antioxydant qui, d'après une étude anglo-saxonne, protégerait nos neurones contre les attaques de radicaux libres. Comparativement au champagne traditionnel, le champagne rosé présente l'avantage de contenir de plus grande quantité de resvératrol qui possède des propriétés anticancer, anti-Alzheimer, antidiadète et antivieillissement. »


    Par ailleurs, selon l'article, le champagne renferme un cocktail d'oligoéléments aux effets anxiolytiques et régulateurs de l'humeur comme le magnésium, le zinc, le lithium et le phosphore. Lors d'un repas copieux, le champagne favorise aussi la digestion. En effet, il dissout les graisses et évite les ballonnements car, contrairement aux vins mousseux et aux boissons gazeuses (type sodas), ses bulles sont d'origine naturelle : elles proviennent de la seconde fermentation et non de l'adjonction de gaz carbonique.


    Le vin rouge et le vin blanc ont-ils les mêmes effets ?

    Il semble que beaucoup de chercheurs soient d'accord sur ce point. Pour le Dr Michel de Lorgeril, chercheur au CNRS, le rouge et le blanc ont les mêmes bienfaits pour la santé :

    « Il n'existe pas d'études ayant démontré une différence. Le vin rouge est plus consommé que le blanc, c'est tout ».


    Les vins rouges sont plus riches en polyphénols que les blancs. Mais plus nombreux ne veut pas dire plus efficaces. Les scientifiques pensent que ces micronutriments, bien que moins présents dans le vin blanc, peuvent avoir autant d'effets protecteurs sur le système cardiovasculaire que le vin rouge.

    Cependant, l'avis de La Journée Viticole du 28 mars 2001 contredit ces résultats. En effet, le potentiel antioxydant du vin rouge serait sans aucun doute supérieur à celui du vin blanc et le vin blanc réduirait plus rapidement le nombre de colonies bactériennes.

    Les procédés de vinification des différents types de vin induisent des différences de composition : les vins rouges sont plus riches en flavonoïdes phénoliques (et en resvératrol) que les vins blancs. Cependant, les vins blancs ont des taux plus élevés de tyrosol et d'acides caféique, d'autres composés phénoliques qui ont également des propriétés antioxydantes. Une étude a même montré que le vin blanc serait un meilleur inhibiteur de l'oxydation du cholestérol LDL. Ceci pourrait expliquer le fait que les différents types de vin ont des effets similaires sur la santé cardiovasculaire et la longévité.


    Combien de temps le vin doit-il vieillir avant d'être consommé ?

    Un vin de garde a macéré plus longtemps. Il se conserve donc mieux et est souvent consommé après avoir vieilli plusieurs années. Par ailleurs, il est plus riche en polyphénols. Ainsi, Bernard Hudelot, viticulteur produisant des vins de garde et diplômé d'études biologiques, souligne de plus que de nos jours, la macération des vins est raccourcie et qu'ils contiendraient de fait moins de polyphénols. Le lien entre vin et santé serait, selon lui, d'abord une question de vin de garde.

    Cependant, l'avis de La Journée Viticole du 28 mars 2001 semble contredire ces résultats puisque une moindre efficacité de protection serait constatée au fil du vieillissement du vin et il faudrait donc mieux, en termes de bénéfices pour la santé, consommer des vins jeunes.

    On constate une contradiction apparente entre l'avis de La Journée Viticole et l'avis de M. Bernard Hudelot. Mais en réalité, les deux suggèrent de boire les vins les plus riches en polyphénols. En effet, leur concentration diminue en au cours du vieillissement (ce qui justifie la consommation de vins jeunes), mais les vins de garde en contiennent plus de par leur fabrication, mais ils sont fait pour être vieillis et sont donc consommés plus tardivement.


    Pourquoi ne pas boire du jus de raisin ?

    L'INCa tient à rappeler dans sa fiche repère Alcool et cancers du 16/03/11 que :

    « D'autres aliments sont sources de resvératrol (raisin, mûres, cacahuètes, …) et présentent l'avantage de ne pas contenir d'alcool. »


    Néanmoins, pour une efficacité maximum, la présence d'alcool est nécessaire car il agit comme un solvant pour les polyphénols et comme un vasodilateur sur les artères. C'est ce que soulignent Bernard Hudelot ainsi qu'un article paru dans La Journée Viticole du 28 mars 2001 :

    « De nombreux chercheurs considèrent que la présence de l'alcool est primordiale, car il permet de transporter les composés phénoliques. »


    De plus, l'alcool sert à préserver plus longtemps les polyphénols et jouerait un rôle spécifique dans la protection contre certaines maladies, notamment les maladies cardiovasculaires.

    Ainsi, les effets du jus de raisin, ou par extension de tout aliment contenant une quantité importante de polyphénols comparable aux taux dans le vin, n'ont pas les mêmes effets que le vin sur l'organisme de par l'absence d'alcool. Nous voyons donc que ce ne sont pas seulement les polyphénols qui sont responsables des effets bénéfiques du vin sur certaines maladies, mais bien le couplage éthanol-polyphénol.


    Nous constatons donc qu'il est difficile de ne pas faire de distinction entre le vin et les autres boissons alcoolisées. Cependant, la distinction entre vin rouge et vin blanc ou encore entre vin jeune et vin de garde est plus délicate. Autant la frontière entre le vin et les autres boissons alcoolisées est nette (présence importante de polyphénols dans le vin), autant celle entre les différents types de vin est beaucoup plus floue.



    Les "meilleurs" cépages pour le resvératrol (Norbert Latruffe) :




    - Cependant, malgré la distinction que l'on peut faire entre vin et alcool, cela reste du domaine de la santé publique. Comment faire face aux dangers de l'alcool sur le plan législatif ? -> Voir La santé publique


    - Outre la distinction entre les vins et les autres alcools, ni a-t-il pas un problème lié à la quantité consommée ? -> Voir Le problème des seuils de consommation