La destruction du HFC-23


Après accréditation (qui dure 7 ans), Fenyui Industries a donc le droit de générer, puis de vendre, des crédits carbones issus de la destruction chimique du HFC – 23 (CHF3), produit indésirable lors de la synthèse du fluide réfrigérant HFC-22. La destruction s’effectue selon un processus d’incinération, dont les produits sont notoirement moins nocifs pour l’environnement : le dioxyde de carbone (CO2), le fluorure d’hydrogène (HF) et le chlorure d’hydrogène (HCl). Ils sont de plus purifiés et traités avant d’être libérés dans l’atmosphère.

Bilan de la réaction d’incinération :

HFC-23 -> HF + HCL + CO2


Quel investissement et quelles retombées financières pour un tel projet ?

Fenyui Industries a investi environ 5 millions de dollars dans la construction et l’installation d’un four, et pour chaque tonne détruite, elle reçoit 100 000 dollars. Les 19 projets HFC-23 actuellement accrédités vont émettre aux alentours de 478 millions de crédits carbone, avec un investissement (qui se résume quasiment à l’installation de l’incinérateur) estimé à 0,8 € / crédit / an, lorsque les crédits HFC-23 sont vendus 12 € sur le marché européen.
Environ 50 % des crédits générés par des initiatives propres sont issus des projets HFC-23, pour 19 projets dans le monde, principalement implantés en Chine (11 projets) et en Inde.

Part des crédits HFC-23 en Chine (source : Tonsic)

Part des crédits HFC-23 en Inde

Le calcul des réductions d’émission est relativement simple dans ce cas. C’est la différence entre un scénario de référence d’émission préalablement établi par la méthodologie approuvée par le conseil exécutif, et les émissions équivalentes à la quantité de HFC-23 détruite par incinération (1 tonne de HFC-23 équivalant à environ 11700 tonnes de CO2, ce qui signifie que le HFC-23 serait 11700 fois plus ‘’nocif’’ que le dioxyde de carbone, utilisé comme unité de référence en terme de gaz à effet de serre).


Une nouvelle stratégie pour l’usine

Nous sommes en 2005, l’entreprise met en place le projet MDP. L’entreprise, afin d’être en règle vis-à-vis de la méthodologie, respecte les limites de production  de HFC-22 auxquelles elle est astreinte. De plus, le waste ratio est plafonné à 3 %. Elle a fait le choix, logique à ses yeux, de s’approcher au plus près du plafond pour ce taux, afin de créer du HFC-23, et ainsi générer des crédits carbone en grand nombre. Les retombées économiques ne se font pas attendre, jusqu’à atteindre une certaine forme de paradoxe : la destruction du HFC-23 et les recettes qu’elle engendre grâce à la vente des crédits générés est supérieure aux recettes issues de la commercialisation du HFC-22, secteur d’activité principal de l’entreprise.

Si cela peut ressembler à un effet d’aubaine, l’entreprise reste dans le cadre des lois et de la méthodologie telle qu’elle est définie, elle n’a en quelque sorte rien à se reprocher.

Seulement, cette brusque augmentation du waste ratio a alerté les médias qui n’ont pas tardé à réagir…

Comment le HFC-23 s’est-il inséré au sein des projets MDP ? Débordement et explosion médiatique