La question de l'indépendance
Le rôle politique des provinces et la question de l'indépendance
Depuis 1956, la Nouvelle Calédonie est un territoire français autonome, c’est-à-dire qu’elle a ses propres lois édictées par le Congrès et possède son propre gouvernement qui exerce le pouvoir exécutif. La métropole délègue à ce gouvernement un pouvoir décisionnel très important, même si c’est elle qui a le dernier mot en cas d’avis différents.
Mais certains calédoniens veulent plus : ils veulent l’indépendance. Cela a suscité de nombreux conflits durant la 2nde moitié du 20e siècle et la violence a atteint son paroxysme avec la prise d’otage d’Ouvéa en 1988 qui a fait 23 morts. Pour mettre fin à ces violences, Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur, personnages principaux de la scène politique calédonienne de l’époque, ont conclu des accords avec le gouvernement français le 26 juin 1988 : les Accords de Matignon. Ces accords, approuvés par référendum par les français en novembre de la même année, prévoient une période de développement de dix ans, avec des garanties économiques et institutionnelles pour la communauté kanak.
Mais les Calédoniens ne s’arrêtent pas là. En 1998, ils concluent avec le gouvernement français l’Accord de Nouméa. Cet accord partage la Nouvelle Calédonie en trois provinces administratives, reconnait la légitimité du peuple kanak en tant que peuple premier, reconnait la légitimité des « nouveaux peuples » de Nouvelle Calédonie et enfin admet les travers de la colonisation en Nouvelle Calédonie. Concrètement, il prévoit le transfert de certaines compétences de la France vers la Nouvelle-Calédonie dans de nombreux domaines à l'exception de ceux de la défense, de la sécurité, de la justice et de la monnaie. Il prévoit aussi l’organisation d’un scrutin d’autodétermination entre 2014 et 2019 pour décider de l’indépendance de la Nouvelle Calédonie.
Dernièrement (en 2010), la Nouvelle Calédonie a adopté ses trois premiers signes identitaires : la devise « Terre de parole, terre de partage », l’hymne « Soyons unis, devenons frères » et le graphisme des billets de banque (d’après : Vice rectorat de la Nouvelle Calédonie, 28 février 2011, Des accords de Matignon à l’accord de Nouméa (1988-1998), accessible ici, page consultée le 8/05/2012).
Les projets de construction des usines du massif du Koniambo dans le Nord et de Goro nickel dans le Sud n’ont fait qu’exacerber la rivalité entre la province Nord et la province Sud. D’après le Dr. Jean-Pierre Doumenge, « le projet « usine du Nord » s’inscrit dans la politique de rééquilibrage du territoire, [alors que] le projet Goro Nickel renforce à contrario la prééminence économique de la capitale Nouméa, située à environ 50 km de là. »
Historiquement, il existe une forte rivalité entre la Province Nord, gouvernée par les indépendantistes du FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste), et la Province Sud, gouvernée par les loyalistes du Rassemblement-UMP. Nouméa, le chef-lieu de la Nouvelle-Calédonie, est située dans la Province Sud et compte beaucoup de métropolitains et d’Européens ou de descendants d’Européens, ce qui explique en partie leur opposition à l’indépendance de la Nouvelle Calédonie.
L’indépendance politique de la Nouvelle Calédonie nécessitant l’indépendance économique, la Province Nord encourage le développement des activités minières et comme les autres Provinces ne veulent pas être dépassées par la province Sud, toutes les provinces ont un rôle économique important par rapport aux différentes sociétés d’extraction et d’exploitation du nickel. Ainsi, la Province Sud possède 5% du capital de Vale Inco (d’après le site internet Vale Nouvelle Calédonie), les 2 autres provinces en possèdent 5% au total et la STCPI (Société Territoriale Calédonienne de Participations Industrielles, qui regroupe les 3 provinces) possède 34% de la SLN (Société Le Nickel, D’après : lien, page consultée le 6/05/2012); enfin, la Province Nord contrôle la SMSP (Société Minière Sud Pacifique) par l’intermédiaire de SOFINOR, Société de Financement et d’Investissement de la Province Nord. Bref, les provinces financent toutes les entreprises calédoniennes ayant attrait au nickel.
Mais leur rôle ne s’arrête pas là. Ce sont aussi elles [les provinces] qui décident de donner ou pas le permis de construire aux nouvelles usines. On comprend bien alors que le danger pour les politiques est de confondre leurs intérêts économiques avec leurs devoirs de dirigeants.
Vous pouvez reprendre l'analyse de la controverse en cliquant sur étape suivante, parcourir le site à partir des onglets au-dessus, ou consulter la page sur le nickel dans l'économie ("en savoir plus").