La cigarette électronique pourrait-elle constituer une nouvelle façon de fumer ?

Certains acteurs n’associent pas la cigarette électronique à un produit de sevrage comme les patchs : la cigarette électronique trouve alors un nouvel usage, qui se détache du but qui lui avait été attribué à sa création.

 

Le choix important de cigarettes électroniques proposé à l’utilisateur, les différents modèles, les nombreux goûts, l’absence de fumée et l’apparition de vapeur participent à ce nouvel usage : la cigarette électronique peut être une nouvelle façon de fumer.

 En effet, selon les vendeurs de cigarette électronique, ce nouveau produit constitue véritablement une nouvelle façon de fumer. Une façon moins risquée où l’on retrouve le goût et le souffle.

Dans le même sens, l’association de consommateurs AIDUCE voit tout aussi bien la cigarette électronique comme un moyen pour continuer de fumer, mais différemment. D’après Sébastien Bouniol [1], “le produit peut très bien être vu comme une aide pour réduire sa consommation mais sans avoir forcément l’idée d’arrêter. Et si, l’utilisateur veut juste profiter des arômes, il n’y a pas a priori, de jugements à formuler. l’AIDUCE veut défendre les droits et la liberté de choix des consommateurs.” “Nous voulons que l’on reconnaisse la cigarette électronique comme une autre manière de fumer, et que l’on cesse de porter un jugement moral sur la cigarette électronique sous prétexte que « fumer, c’est mal ». Nous souhaitons offrir la possibilité aux fumeurs d’arrêter de fumer si ils le souhaitent, mais nous voulons aussi fournir un moyen moins dangereux de fumer à ceux qui veulent continuer de fumer.”

 

 Pour Bertrand Dautzenberg [2], président de l’OFT, il s’agit véritablement d’un changement social accompagnant l’éloignement de la cigarette normal au profit d’une nouvelle cigarette, pour une autre façon de fumer : “On a vu de nombreux modèles dans les magasins de cigarette électronique qui tentaient d’imiter la cigarette traditionnelle, par exemple le modèle avec la petite lumière rouge qui s’allumait lorsque l’on inhalait de la fumée. Cependant ces modèles sont largement en voie de disparition car les consommateurs, contrairement à ce qu’auraient pu penser les vendeurs de cigarettes électroniques au départ, cherchent un produit qui remplit la même fonction que la cigarette, tout en rappelant le moins possible la cigarette traditionnelle. C’est d’ailleurs pour cela qu’on emploie de plus en plus le terme de « vapoteur » et non de fumeur, car les gens cherchent à s’éloigner de tout ce qui a trait à la cigarette traditionnelle.

Un journalise du New York Times reporte dans ce sens que : « Thanks to e-cigarettes, smoking is becoming glamorous again, and could become socially acceptable« . C’est bien la vision même de l’acte de fumer que l’on bouleverse. [3]

Cela étant, puisque la cigarette peut tout simplement s’apparenter à une nouvelle façon de fumer, certains risques sont à prendre en compte.

 

 Charlotte Kanski pour la ligue contre le cancer [4], pense notamment que la cigarette électronique, dans son usage, doit rester associée à une aide pour arrêter de fumer, sous peine d’assister à une banalisation de l’acte de vapotage : “C’est important qu’à un moment il y ait quelqu’un qui statue, qui pose des règles, ne serait-ce que pour les fumeurs : ça n’est pas très structurant tout d’un coup d’avoir un objet qu’ils utilisent à longueur de temps. Il n’y a plus un temps consacré au tabac. Ce n’est pas forcément une aide non plus. Pour eux, c’était pas mal de se dire : “je fais ma pause tabac, je descends, je fume dehors et bien là je continue de la même manière et je ne suis pas toujours là à vapoter”. C’est donc structurant d’avoir des règles.”

 Pour le Comité National Contre le Tabagisme [5], cette nouvelle façon de fumer, “plus sûre en apparence” est très dommageable :  “La méconnaissance de cette « fausse  sécurité » va permettre à l’industrie du tabac de continuer à vendre du tabac tout en vendant des cigarettes électroniques.”

 Devant le flou qui entoure notamment la nocivité de certains produits contenus dans ce nouvel objet, quand bien même ces derniers seraient moins dangereux que le tabac, la question de savoir si la cigarette électronique est une porte d’entrée, notamment pour la jeunesse, vers la cigarette traditionnelle doit être posée.

 La cigarette électronique peut-elle devenir une entrée vers le tabac ? 

Bibliographie:

[1] Interview de Sébastien Bouniol, Vice-président de l’AIDUCE

[2] Interview de Bertrand Dautzenberg, président de l’OFT

[3] J. Nocera,« Two Cheers for E-Cigarettes », The New York Times, 6 décembre 2013

[4] Interview de l’association de la Ligue contre le cancer

[5] Site officiel du CNCT, « Que peut-on dire sur la cigarette électronique », disponible sur http://www.cnct.fr/tous-les-dossiers-73/que-peut-on-dire-sur-la-cigarette-electronique-1-106.html, consulté le 4 avril 2014