A travers les antidépresseurs, le prescripteur traite la dépression comme un trouble d’ordre chimique. Cela ne revient cependant pas à nier le rôle de l’environnement.
L’idée même d’utiliser des antidépresseurs repose sur une hypothèse : la dépression serait due à un trouble de la chimie du cerveau, et pourrait par conséquent être guérie par l’absorption d’une molécule. Le traitement de la maladie passerait donc par l’identification des molécules et des réactions chimiques impliquées.
La sérotonine, par exemple, est un neurotransmetteur souvent identifié comme étant impliqué dans l’apparition de la dépression : les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), les inhibiteurs de la monoamine oxydase et les antidépresseurs tricycliques, trois classes d’antidépresseurs qui représentent la grande majorité des prescriptions, fonctionnent ainsi en augmentant la quantité de sérotonine présente dans le cerveau du patient. Des variations génétiques liées aux transporteurs de la sérotonine ont de plus été constatées chez des patients dépressifs.
Ce point de vue n’exclut toutefois pas l’existence de causes environnementales : la dépression pourrait être indirectement causée par des événements vécus par le patient ; cependant, ces événements auraient pour conséquence directe une modification de l’état chimique du cerveau, et c’est cette modification qui engendrerait l’état dépressif. Des études ont ainsi été menées sur les conséquences d’événements particuliers sur l’humeur de différents individus en fonction de leur génome :
Des travaux ont par exemple montré que certains des individus qui développent davantage de dépression et d’idées suicidaires après des stress précoces (menaces, abandon, violences, abus pendant l’enfance) sont ceux qui possèdent des « versions courtes » du gène codant pour le transporteur à la sérotonine.
~Dossier de l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (Inserm) sur la dépression (12)