La question des causes de la dépression est controversée. Il faut toutefois être en mesure de soigner les patients dépressifs : quels outils le prescripteur a-t-il à sa disposition pour cela ?
Devant l’absence de définition claire et globalement acceptée des causes de la dépression, qui engendre elle-même une forte incertitude concernant l’efficacité théorique des différentes formes de traitements, le prescripteur est contraint de procéder de manière empirique en utilisant les traitements qui ont déjà fonctionné dans d’autres cas. C’est pourquoi les psychiatres continuent de prescrire des antidépresseurs qui, malgré le flou entourant leur fonctionnement, ont déjà prouvé leur efficacité chez des patients dépressifs (voir à ce sujet la partie Efficacité).
MDD : Dans ce groupe-là, il y a des molécules qui sont très valables, comme la paroxétine, par exemple, le deroxat, ou alors le Prozac, son nom pharmacologique m’échappe… Ça, ce sont des médicaments […] que je prescris très régulièrement. Ce sont des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, et ils sont efficaces, ils sont bien tolérés souvent…
Amar : Et vous constatez dans vos prescriptions qu’ils sont efficaces ?
MDD : Oui, dans mes prescriptions, mais aussi pendant mon internat à l’hôpital.
~Entretien avec Marie-Dominique Dufresne, psychiatre
Cette démarche s’inscrit dans une logique de traitement des symptômes plutôt que des causes : le prescripteur est face à un patient souffrant de dépression, et son but est de soulager la douleur de ce dernier le plus rapidement possible. Il est toutefois possible de coupler une telle approche à une recherche à plus long terme des causes environnementales, comme le font certains psychiatres.
On constate finalement une sorte de rupture entre le prescripteur, qui doit aider au quotidien ses patients à se sentir mieux, et s’appuie pour cela sur son expérience et celle de ses confrères, et les chercheurs qui essaient de déterminer quels sont les mécanismes à l’origine de l’apparition de la dépression, dans le but de mieux traiter cette dernière. Bien que l’on puisse présumer que le traitement d’une maladie ne peut se faire qu’à l’aide d’une connaissance suffisamment précise de son fonctionnement, ce qui implique une étroite collaboration entre médecins et chercheurs, on voit donc à travers l’exemple de la dépression que ce n’est pas toujours le cas.
Une fois le traitement choisi, une nouvelle question se pose au prescripteur : comment savoir si ce traitement est efficace ? Cette question controversée est l’objet de la partie suivante.