Pour prescrire, il faut avant tout diagnostiquer. Cela soulève deux questions : quels sont les symptômes de la dépression et comment juge-t-on de leur sévérité ?

La consultation joue un rôle essentiel dans ce diagnostic et il faut s’intéresser notamment à ce qui amène un patient à consulter. Qui va voir les psychiatres ? Quand est-ce que quelqu’un juge qu’il a besoin de traiter une éventuelle dépression ? Distinguons deux types de patients : les volontaires et les réticents. Les premiers vont consulter d’eux-mêmes tandis que les seconds y sont poussés par leurs proches, voire obligés par des institutions (armée, cliniques, etc…). Dans tous les cas, il faut faire particulièrement attention aux tentatives de « négociation » de la prescription et à la volonté de coopération du patient. En effet, un patient s’étant auto-diagnostiqué une dépression va avoir tendance à réclamer des antidépresseurs et insister sur ce qu’il considère comme symptomatique de la dépression (exagérer ses symptômes, etc…). Au contraire, un patient réticent à la consultation va chercher à cacher ses symptômes et à prétendre que tout va bien. L’omission et le mensonge sont de véritables barrières à l’établissement d’un diagnostic juste et à une prescription adéquate. Il relève donc de la responsabilité du médecin de voir au-delà du jeu du patient et plusieurs consultations sont parfois nécessaires afin d’établir un diagnostic sûr.

Cependant la subjectivité ne relève pas uniquement du patient. En effet, du fait qu’il fasse partie intégrante de la société et qu’il soit pour cela sujet aux préjugés et aux diktats (consciemment ou non), il est difficile voire impossible pour un médecin d’être absolument objectif. Nous retiendrons notamment les études établissant des liens entre la prescription et la complexion des patients : leur genre, leur âge, leur appartenance à un certain groupe ethnique ou milieu social.

Le diagnostic de la dépression est donc gêné à la fois par la subjectivité du patient et celle du médecin. Cependant, si chaque cas est bien unique, de fortes similarités ont été relevées. Cela a permis aux psychiatres de mettre au point des grilles de critères censées permettre de diagnostiquer la dépression (DSM – Manuel Diagnostique et Statistique des troubles mentaux et HDRS – échelle de dépression de Hamilton). On y trouve une liste de symptômes évalués quantitativement par le médecin en fonction de leur sévérité. Le décompte est alors comparé à une moyenne statistique. Ces grilles sont utilisées par la plupart des psychiatres mais sont très critiquées par ceux qui considèrent que la dépression est un état psychologique que l’on ne peut pas quantifier.

Est-il réellement possible de diagnostiquer une dépression par une méthode unique ? Il faudrait pour cela pouvoir juger de l’efficacité des différentes méthode existantes.

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