Notre projet

Ce site a été conçu par cinq étudiants de l’école des mines de Paris dans le cadre du cours de description de controverses suivi en première année de cycle Ingénieurs Civils. Ce cours, dispensé sous la responsabilité du Centre de Sociologie de l’Innovation (CSI) de l’école, consiste à documenter en petits groupes les mécanismes de la controverse entourant un sujet donné, pouvant faire intervenir des scientifiques et des acteurs de la société civile.
Notre travail de recherche sur le débat entourant l’expérimentation animale a été principalement mené à travers l’exploitation d’outils de documentation disponibles à l’école – bases de données d’articles de presse scientifique ou généraliste – ainsi que d’entretiens réalisés avec quelques-unes des personnes engagées pleinement dans la discussion.

Matériels et méthodes

Constitution d’un corpus de presse généraliste

Pour avoir une première approche du déploiement de la controverse, nous avons tout d’abord utilisé la base de données EuroPresse, rassemblant des articles issus de la presse généraliste, en se restreignant aux périodiques français pour cet aperçu. Commençant simplement par rechercher des articles contenant l’expression « expérimentation animale », nous en avons trouvé un grand nombre à partir des années 1970, avec des mots-clefs récurrents comme « douleur », « recherche », « laboratoire », « sensibilité » … que nous avons ensuite associés aux termes « animal », « animaux » dans nos recherches. Il est alors apparu que la totalité des articles interrogeant spécifiquement notre thématique de recherche mentionnaient explicitement, que ce fût au singulier ou au pluriel, l’expression « expérimentation animale ».

Nous nous sommes donc concentrés sur l’analyse des très nombreux résultats obtenus par recherche de cette expression. Il s’agit, en particulier, d’opérer un tri étant donnée la grande proportion d’articles qui, touchant des sujets de santé publique, font état de l’avancement de l’expérimentation animale comme étape admise du processus de production de médicaments, de cosmétiques, ou de processus de recherche biologique. Ceux-ci ne traitent en aucun cas, à moins de les évoquer de façon très marginale, des questionnements qui peuvent entourer le principe même d’expérimentation animale et ne devaient donc pas être pris en compte dans cette première phase de notre recherche – ils représentent, comme on le verra, plus d’un tiers de l’ensemble des résultats obtenus. En a résulté un travail de lecture permettant de déterminer quels articles avaient effectivement pour thème la controverse qui nous intéresse.

Un certain nombre d’articles issus de la presse généraliste française, environ 200, a été ainsi retenu, dessinant grossièrement une première chronologie de la controverse : la thématique en question apparaît dans les médias interrogés à partir du milieu des années 1970, à une fréquence plutôt faible tout d’abord, avant une intensification : ainsi, la période de 2000 à 2015, soit 15 années sur les 40 que balaye la constitution de ce corpus, rassemble plus de la moitié des articles réunis. De façon générale, les articles ainsi rassemblés rendent souvent compte d’événements organisés par des citoyens ou associations dans le cadre du combat contre l’expérimentation animale, de débats sur la scène politique ou de « scandales » mis au jour – trafic d’animaux par exemple. Il peut aussi s’agir d’entretiens avec des politiques, scientifiques ou représentants d’associations, ou plus rarement de textes d’opinions, dans tous les cas le plus souvent favorables au moins à une modération de l’expérimentation animale. La presse généraliste se fait de cette façon dans une grande mesure le relais des considérations éthiques qui tendraient à opposer l’opinion publique à l’expérimentation animale.

En supposant pertinente la méthode de constitution de notre corpus, le graphe ci-après, montrant le nombre d’articles qu’il contient par an, peut être considéré comme représentatif de la visibilité médiatique des questions associées à notre controverse. La première remarque à faire est celle de la dynamique générale d’augmentation de ladite visibilité au cours des dernières décennies.

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Nombre d’articles du corpus de presse généraliste par année de publication

On remarque également un certain nombre de « pics » qui se distinguent au cours de cette période : en 1998, 2003, 2008/2009, 2013 et 2015.

On relèvera notamment l’impact médiatique des décisions politiques : au « pic » de 1998 on peut associer notamment un référendum important en Suisse qui relance le débat sur le génie génétique, et auquel se cumulent entre autres la grève de la faim d’un activiste britannique, Barry Horne, la diffusion du documentaire Primatesde Frederick Wiseman : on assiste à une somme d’attaques contre l’expérimentation animale, peu après, du reste, que le Parlement européen a interdit la commercialisation de cosmétiques en ayant fait l’objet. Au pic de 2003, on associera de même le recours sur la loi votée en 2002 interdisant la commercialisation de cosmétiques dont la production fait intervenir l’expérimentation animale, et un sondage ayant montré que plus de 70% des Français étaient favorable à une limitation de cette expérimentation. Il semble que l’actualité politique constitue donc un moteur important de la médiatisation de la controverse ; d’autre part, il paraît difficile de déterminer les décisions législatives comme réponses à des conjonctures particulières dans l’opinion publique.

La hausse du nombre de documents édités traitant de l’expérimentation animale entre 2008 et 2010 est liée à la mise en application de la loi européenne sur l’interdiction de la commercialisation de cosmétiques développés avec recours à l’expérimentation animale, mentionnée précédemment. Cette interdiction soulève donc la problématique des méthodes alternatives à l’expérimentation animale, de leur fiabilité et de leur développement en pratique. C’est naturellement qu’on observe dans l’opinion publique un regain d’intérêt pour ces notions, qui sont alors questionnées.

Enfin, l’année 2015 est marquée par un regain d’intérêt général en ce qui concerne l’expérimentation animale, il faut entendre par là « la place des animaux dans la recherche scientifique ». C’est en mars que ce problème défraye la chronique, avec les anti-vivisection qui se frayent un chemin dans l’UE – on désigne par làun ensemble d’associations qui défendent les droits animaux, et dont la vivisection n’est généralement pas le seul domaine d’action : il fait partie d’un des nombreux points sur lesquels ces associations concentrent leurs efforts afin d’améliorer le bien-être animal. La vivisection est en effet un des traitements infligés aux animaux qui touche le plus le grand public, à travers notamment l’utilisation par ces associations de photos représentant par exemple des animaux mutilés pour sensibiliser l’opinion publique à cette cause. Ces associations sont présentes et actives dans les grandes 3/25 Nombre d’articles du corpus de presse généraliste par année de publication villes de France : des happenings sont organisés notamment à Montpellier le 28 février 2015 par l’association FUDA, près de Strasbourg le 25 mai, à Paris par l’association Galgos Ethique Europe, à Lyon le 3 octobre par la fondation Brigitte Bardot. Il s’agit principalement de manifestations d’un grand nombre de personnes s’accompagnant de la tentative par les participants de réaliser un acte qui va choquer ou du moins interpeler. Par exemple, une grève de la faim a été organisée à Strasbourg ; à Lyon, les participants se sont déguisés en animaux et se sont attachés aux portes d’un laboratoire pratiquant la vivisection.

En juin 2015, la commission européenne a débattu la proposition de l’initiative citoyenne européenne « stop-vivisection » qui consistait simplement à interdire toute expérimentation animale. Suite au débat, le 4 juin 2015, la CE rejette cette proposition, l’estimant prématurée et d’efficacité réduite. Elle indique que nombre d’avancées médicales ont été rendues possibles grâce à l’expérimentation animale. D’autre part, trop renforcer la législation entraînerait la délocalisation des laboratoires de recherche vers des pays où la législation leur permettrait de poursuivre leurs expériences. Cependant la CE s’est engagée sur quatre points :

• Encourager l’avancement des moyens d’applications de la règle des 3 R – Reduce (réduction), Replace (remplacement par d’autres méthodes), Refine (optimisation), notions qui seront développées plus loin –, c’est-à-dire faire en sorte qu’il soit plus simple pour les laboratoires de limiter les expérimentations animales en minimisant leur nombre ainsi que la douleur infligée aux animaux,

• S’engager dans le processus de mise au point et de mise en application des méthodes de substitution,

• Renforcer le contrôle du respect de la règle des 3 R et harmoniser sa législation,

• Se diriger vers la suppression de l’expérimentation animale en concertation avec la communauté scientifique.

La réaction de ladite communauté n’est pas unique. On peut, avec une bonne approximation, diviser les réactions en deux groupes. Le premier groupe, majoritaire, a accueilli avec bienveillance cette décision. C’est la position par exemple du CNRS qui représente la voix d’une majorité de scientifiques. Le second groupe, beaucoup plus minoritaire, est composé de scientifiques considérés plus « extrémistes » que leurs pairs. Ils soutenaient la proposition de l’association stop-vivisection et ont donc reçu d’un mauvais œil la décision de la CE – c’est le cas par exemple d’André Ménache, directeur de l’association Antidote Europe.

On voit donc, à travers ces premiers éléments de chronologie, se dégager certains temps forts et, déjà, certains mécanismes de la controverse.

Au-delà de la répartition quantitative des articles, on peut proposer une analyse statistique des occurrences de certains termes.

En traçant, comme sur le graphique ci-après, une distribution du nombre d’articles comprenant d’abord « méthodes alternatives » puis « associations » et enfin le nombre d’articles total, on observe une forte corrélation entre les associations et la mention des méthodes alternatives. Cette corrélation n’est ni apparente ni due à l’évolution globale du nombre d’articles mais est intéressante, car le nombre total d’article évolue presque indépendamment du nombre d’articles comprenant « méthodes alternatives » ou « associations ». On peut donc émettre l’hypothèse selon laquelle les associations ont un impact important sur le développement de ces méthodes alternatives ou du moins permettent de mettre en lumière les progrès qui sont fait dans ce domaine, et donc de faire pression sur les chercheurs pratiquant encore l’expérimentation animale. Ainsi pousseraient-elles au développement de nouvelles technologies pour initier un cercle vertueux.

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Nombre d’articles contenant les termes « méthodes alternatives », « associations », et nombre total d’articles par année

Il faut également remarquer que même si l’apparition de la mention des méthodes alternatives commence dans les années 2000, elle triple en 2009. En effet, la loi interdisant la vente de cosmétiques contenant des produits testés sur des animaux a impliqué un développement important de ces méthodes alternatives pour subvenir aux besoins des producteurs. Le nombre de mentions de ces méthodes augmente certainement aussi naturellement dans la presse puisque l’idée d’une interdiction induit immédiatement une discussion sur la nécessité d’une substitution, indépendamment de l’avancée réelle de la recherche concernant ces substituts.

D’autre part, nos recherches nous avaient, comme évoqué plus haut, amenés à constater que la presse généraliste faisait régulièrement mention des tests sur les animaux sans envisager leur caractère controversé, en particulier s’agissant d’innovations dans le domaine médical. Il s’agit fréquemment d’articles évoquant le recours à une expérimentation animale suffisamment poussée comme signe du sérieux d’une recherche, ou plus simplement comme une étape normale de tout travail scientifique pouvant avoir un impact biologique sur l’homme, avec des expressions comme « ces recherches en sont encore au stade de l’expérimentation animale ». A contrario, l’absence d’expérimentation animale pourra également être invoquée dans un tel contexte pour dénoncer ce qui sera jugé comme relevant de certain laxisme. Il s’agit ici d’interroger tous ces articles envisageant l’expérimentation animale sans remise en cause.

On a pu rassembler 118 articles s’inscrivant strictement dans ce cadre au terme d’une interrogation d’EuroPresse par des équations de recherches affinées progressivement. On a commencé par penser à exclure le thème de l’expérimentation animale du titre, puisqu’il est généralement latéral dans les articles qui nous intéressent à présent, avec l’équation TEXT= « expérimentation* animale* »! TIT_HEAD= (anima*)! TIT_HEAD= (expérimentation*). On considère ensuite la possibilité d’exclure les textes comprenant des expressions récurrentes dans les articles relatifs au caractère controversé de l’expérimentation animale, avec TEXT= « expérimentation* animale* »! TIT_HEAD= (anima*)! TIT_HEAD= (expérimentation*)! TIT_HEAD= (éthique*)! TEXT= « réduire l’expérimentation animale »! TEXT= « vivisection* »– de fait, le terme « vivisection » est employé avec une connotation généralement péjorative pour décrier l’expérimentation animale, et non lorsqu’elle est évoquée comme normale. Enfin, on a procédé à diverses restrictions jugées pertinentes à la lecture des résultats de recherche : TEXT= « expérimentation* animale* »! TIT_HEAD= (anima*)! TIT_HEAD= (expérimentation*)! TIT_HEAD= (éthique*)! TEXT= « réduire l’expérimentation animale »! TEXT= « vivisection* »! TEXT= « L’Oréal »! TEXT= « commission européenne »! TEXT= « contre l’expérimentation animale »! TEXT= « remplacer l’expérimentation animale »! TIT_HEAD= « cobaye* »! TEXT= « anti-expérimentation* »! TEXT= « pétition* » – en particulier, la firme L’Oréal est fréquemment évoquée pour avoir franchi le pas du bannissement médiatisé des tests sur les animaux dans ses laboratoires. On a ainsi finalement obtenu 893 résultats parmi lesquels la sélection des 118 articles retenus comme correspondant à ceux recherchés s’est terminée à la main.

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Nombre d’articles de presse généraliste francophone évoquant l’expérimentation animale sans remise en question de sa valeur scientifique

On s’est intéressé à la répartition de ces articles de presse dans le temps : le graphe ci-dessus présente leur nombre en fonction de l’année de publication. Les premiers articles de ce type datent des années 1950 et sont alors relativement peu fréquents. Leur nombre augmente ensuite de façon générale jusqu’à un pic dans la première moitié des années 2000 : on peut envisager que ce phénomène s’explique par une dynamique globale de prise d’acuité du souci, de la part de la population, de connaître les fondements des recherches pouvoir avoir un impact sur sa vie, ou de sa méfiance à l’égard du monde scientifique. Une stabilisation autour des valeurs plus basses observées précédemment a à nouveau lieu dans la dernière décennie. À moins que l’opinion publique, à supposer que l’on puisse en lire là une image ou certaines idées du moins, ne soit redevenue moins critique à l’égard de la façon dont sont menées les recherches, cherchant moins à s’assurer que des tests probants et rassurants ont été réalisés, on peut penser qu’elle l’est davantage vis-à-vis du principe même d’expérimentation animale, le considérant moins comme un prérequis, non qu’elle juge moins nécessaire de s’assurer de l’innocuité des nouvelles techniques scientifiques, mais parce qu’elle estimerait davantage que les bons tests ne doivent pas nécessairement être réalisés sur des animaux, ou garderait du moins plus de réserve à ce sujet.

Quoi qu’il en soit, il apparaît que l’expérimentation animale est régulièrement évoquée comme un passage obligé de toute recherche – peut-être peut-on voir là un signe de la contradiction soulignée par Le Mondedès 1988 : « Entre l’affection qu’elle porte aux animaux de compagnie et ce qu’elle attend des chercheurs, la société contemporaine vit dans une contradiction qu’elle ne parvient pas à résoudre. »

 Constitution d’un corpus de presse scientifique

 

Nous avons interrogé trois bases de données rassemblant des articles scientifiques.

Web of Science

 

Sur le Web of Science, nous avons essayé une première équation de recherche : TS=(animal* AND (test* OR experiment*)) (TS désigne la catégorie « Topic »), qui donnait alors 314937 résultats. Il apparaît rapidement, en parcourant la liste de résultats, que peu d’entre eux interrogent le principe d’expérimentation animale ; d’ailleurs, dans beaucoup, les termes « test » ou « experiments » sont décorrélés du terme en « animal ». Étant donné leur grand nombre, on ne pourrait, de plus, en dégager aisément un petit nombre qui soit représentatif de la façon dont la science fait appel à l’expérimentation animale de façon générale, hors mise en cause de son principe même.

Il paraît donc pertinent, pour ramener la recherche dans le cadre du débat sur l’expérimentation animale, de faire intervenir la notion d’éthique qui, même si elle est rarement traitée à proprement parler par les scientifiques, est celle qui initie généralement le débat, et à laquelle il est donc fait référence de façon récurrente. On modifie alors l’équation de recherche pour : TS=(animal* AND (experiment* OR test*) AND (rights OR ethic*)), l’évocation des « droits des animaux » (« animal rights ») étant textuellement fréquente pour synthétiser les problématiques éthiques. On obtient 60294 résultats et on est rapidement interpellé par le fait que beaucoup, parmi les premiers d’entre eux, n’ont apparemment rien à voir avec le débat en question.

Il apparaît que le terme « rights » entraîne l’inclusion de tous les articles du résultat précédent mentionnant « all rights reserved ». On le remplace donc comme suit : TS=(animal* AND (experiment* OR test*) AND (« animal rights » OR ethic*)) pour obtenir 2034 résultats. Un phénomène intéressant apparaît : certains articles ne traitant pas spécifiquement de la controverse à laquelle on s’intéresse n’ont toujours pas été filtrés, et on remarque que cela tient à une rubrique « Ethical statement » dans laquelle les auteurs mentionnent leurs considérations éthiques lorsqu’ils ont mené leurs recherches. Il paraît intéressant d’étudier l’apparition dans le temps, et la fréquence d’une rubrique portant ce nom – pour se demander si c’est une expression consacrée désignant une pratique qui s’est répandue dans les publications scientifiques, et à quel moment.

On va donc rechercher spécifiquement les articles présentant ainsi l’expression « Ethical statement » (équation de recherche TS=« Ethical statement »). On obtient seulement 14 résultats, répartis dans le temps comme ci-après. Leur faible nombre permet bien entendu difficilement de procéder à une analyse statistique concluante.

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Nombre d’articles scientifiques présentant un « Ethical Statement » dans leur Abstract, par année de publication

Le résultat paraît donc peu concluant, même si on observe une concentration dans les années 2010 (7 occurrences sur 14 de 2010 à 2016) après une période sans occurrence dans les années 2000, et les 7 occurrences précédentes réparties sur 15 ans. L’interprétation paraît difficile : on ne peut pas affirmer avec certitude que l’étude de l’apparition d’un « Ethical statement » permet de conclure quant à un « état d’esprit » dans la communauté scientifique, puisque des préoccupations éthiques pourraient a priorise manifester autrement. Il apparaît en fait que plusieurs de ces 14 articles tiennent précisément un propos critique, mentionnant l’intérêt d’un « Ethical statement ». Peut-être celui-ci est-il alors formulé dans certains articles sans être mentionné nommément. Pour le détecter dans nos recherches, on peut envisager de repérer une expression qui paraît pouvoir être systématique dans ce type de mention.

Dans le premier article où nous l’avons remarqué, cet “Ethical statement” est formulé ainsi, dans l’Abstract : “Ethical Statement: John P. Christianson and Allison R. Foilb, the authors, verify that animal research was carried out in accordance with the National Institute of Health Guide for the Care and Use of Laboratory Animals (NIH Publications No. 80-23) and all procedures involving animals were reviewed and approved by the Boston College Animal Care and Use Committee. All efforts were made to limit the number of animals used and their suffering.”  Si l’on fait l’hypothèse que l’expression « animal research was carried out » apparaîtra souvent dans ce type de rubriques et qu’on l’entre en équation de recherche, le seul résultat est le précédent. Ce n’est apparemment pas une bonne méthode. On peut se demander si une telle précision ne peut pas apparaître dans le texte sans être dans l’ Abstract que Web of Science ne donne pas accès au corps de texte des articles dans son ensemble). On pourra aussi se demander si d’autres rubriques ainsi « formalisées » et employant d’autres formulations existent, de façon plus répandues : si ce n’est pas le cas, on comprendra a minima que le souci éthique n’est pas systématisé dans la communauté scientifique.

On est également parti d’un article publié en 2011 par Horner et Minifie [2.3]. Nous avons étudié, toujours sur Web of Science, l’ensemble des documents qu’il citait et qui le citaient en sélectionnant parmi eux ceux traitant effectivement d’expérimentation animale. Pour ceci, il fallait d’abord s’assurer de la présence d’un mot relatif à l’animal. Puis nous avons vérifié que cette mention de l’animal s’inscrivait bien dans une démarche d’expérimentation, et que ce qui était questionné dans l’article était bien cette expérimentation et non un autre sujet qui prendrait comme argument ou comme exemple la controverse qu’on étudie. Ceci nous fournit parmi les 400 documents une dizaine qui sont effectivement pertinents.

Les articles cités par Horner & Minifie en 2010 sont pour beaucoup datés de 2007, même si leur inspiration remonte jusqu’à 2003 et même, ponctuellement, 1989. Pour rappel, Horner & Minifie traitent de la conduite responsable de la recherche avec une volonté de cartographier la controverse portant sur la conduite responsable de l’expérimentation animale, en explicitant les points auxquels une réponse a déjà été apportée par le passé, et les points restant à débattre. C’est donc naturellement qu’on retrouve dans les articles cités le thème de l’expérimentation « responsable », articles qui mettent en relation le « bien-être animal » et l’avancée de la science. On peut lire « Establishing a culture of care, conscience, and responsibility: Addressing the improvement of scientific discovery and animal welfare through science-based performance standards »ou encore « Institutional and IACUC responsibilities for animal care and use education and training programs ».

On y retrouve enfin la notion d’éducation, cette dernière étant nécessaire pour permettre la pratique de la recherche de manière responsable : « Fundamental training for individuals involved in the care and use of laboratory animals ». Par contre, à la différence de l’article de Horner & Minifie, ces derniers ne se posent absolument pas la question de ce qu’est l’éthique – quelques fois mentionnée par ailleurs – ou même de quels standards devraient être mis en place. Il faut atteindre certains standards, ceci est visible dans chaque article, mais l’objectif reste assez flou. Au contraire, grâce à leur tentative de cartographie, Horner & Minifie essaient de définir empiriquement, à la manière de la jurisprudence, ce qu’est l’éthique. Sans jamais en donner une définition précise, ils essaient cependant de cerner le plus précisément possible ses contours en commentant l’évolution que cette notion a suivie à travers le temps. Ainsi on retrouve les mêmes caractéristiques dans l’article « source » et ceux qui l’ont inspiré, à l’exception de ce point fort qui fait justement l’objet de l’article de Horner & Minifie.

Scopus

Dans la base de données Scopus, en recherchant des articles simplement avec une équation de recherche vague : « animal experimentation » AND « ethics » pour d’abord éliminer les articles scientifiques utilisant l’expérimentation animale mais ne traitant pas de ce sujet, on obtient une banque de 1670 articles.

Nous avons donc opté pour une approche thématique de la constitution du corpus scientifique. Tout d’abord nous nous sommes intéressés aux AEC, Animal Ethics Commitees, une review a émergé de la recherche parmi les articles précédents avec le mot clé AEC. Nous avons alors recherché d’autres articles sur le sujet en cherchant parmi les articles cités et le citant. Ensuite, nous nous sommes penchés sur les articles traitant de la souffrance chez l’animal, et une première approche a été de choisir le plus cité – supposé alors le plus pertinent – parmi ceux trouvés via l’équation de recherche « animal experimentation »AND « pain ». Étant aussi intéressés par l’évaluation proprement dite des souffrances chez l’animal, nous avons trouvé des articles via « animal experimentation » AND « pain measures », via « animal experimentation » AND « Animal Welfare », via « Animal experimentation » AND « animal Welfare » AND « pain », via « Animal experimentation » AND « Pain Assessment ».

Enfin un autre thème est la validité du modèle animal, nous avons donc testé « Animal Experimentation »AND« validity of animal models ». Nous avons ainsi trouvé un article dont on a exploré la bibliographe ; il est alors apparu que ce point n’était pas seulement un nœud de la controverse propre au domaine public, mais aussi un nœud de controverse du domaine scientifique, la question mérite donc d’être posée, comme dans les articles suivants :

• Davidson M.K., Lindsey J.R., Davis J.K. (1987). Requirements and selection of an animal model. Israel Journal of Medical Sciences (23), 551-555.

• Catalano G.D. (1990). Animals in the research laboratory: science or pseudoscience ? Between the species : a journal of ethics (6), 17-21.

• Barnard N.D., Kaufman S.R. (1997). Animal research is wasteful and misleading. Scientific American (276), 80-82.

• Botting J.H., Morrison A.R. (1997). Animal research is vital to medicine. Scientific American (276), 83-85.

Pubmed

Étant donné notre sujet, nous nous sommes également penchés sur la base de données spécialisée dans les publications médicales Pubmed, qui rassemble des articles concernant la recherche médicale, directement intéressée par la question de l’expérimentation animale. La recherche sur PubMed a été réalisée en utilisant des MeSH Terms (Medical Subject Heading), qui présentent l’avantage de décrire une partie de l’article. Elle permet aussi de rechercher dans l’article les termes qui sont reliés au MeSH Termset donc d’aboutir à une plus grande cohérence des résultats obtenus.

La première étape a donc été de chercher sur le MeSH bilingue français/anglais de l’Inserm la traduction en MeSH des termes souhaités :

Expérimentation animale Animal Experimentation
Alternatives à l’expérimentation animale Animal Testing Alternatives
Ethique Ethics
Comités de protection des animaux Animal Care Committees
Comités d’éthique Ethics Committees

La première recherche a été effectuée avec « Animal Experimentation » et « Ethics », elle donne 824 résultats de plusieurs types, et tout d’abord des questionnements éthiques : on citera Vieira de Castro AC, Olsson IA. (2015). Does the goal justify the methods ? Harm and benefit in neuroscience research using animals. Current Topics in Behavioral Neuroscience (19), 47-78. Cet article en cite un autre, qui n’a pas été trouvé sur Pubmedmais sur le même site que le précédent : Autissier C. (2008). Réglementation éthique de l’expérimentation animale en recherche biomédicale. Médecine/Sciences (24), 437-442.

En revenant sur Pubmed, on trouve aussi : Gori GB. Animals and ethical research. (2014). Regulatory Toxicology and Pharmacology, 70(3), 575-6, ou encore : Galli T. (2015). Poursuivre la recherche animale ? Une nécessité pour la connaissance biologique et les progrès médicaux : question scientifique ou philosophique ? Médecine/Sciences (31), 579-80.

Le terme « Ethics » est alors remplacé par « Animal care committees », ce qui donne 351 résultats, afin d’essayer d’obtenir des rapports de comités de protection animale : par exemple : Bout HJ, Fentener van Vlissingen JM, Karssing ED. (2014) Evaluating the ethical acceptability of animal research. Lab Animal, 43(11), 411-4.

Mais on trouve aussi un autre article assez intéressant dans un autre domaine, qui conc erne les coûts de la controverse et des ses conséquences sur la recherche : Thulin JD, Bradfield JF, Bergdall VK, Conour LA, Grady AW, Hickman DL, Norton JN, Wallace JM. (2014). The cost of self-imposed regulatory burden in animal research. FASEB Journal, 28(8), 3297-300.

On trouve également beaucoup d’articles concernant les méthodes substitutives ; c’est le thème le plus important, et le plus varié : quelle efficacité ? Quel prix ? Pour quels cas ? Le terme « Animal Testing Alternatives » a donc été rajouté pour obtenir 176 résultats comme :
• Schönfelder G, Grune B, Hensel A. (2015). Animal welfare : Europe’s first ‘3Rs’ governmental centre. Nature, 527(7576), 38.
• Balls M. (2015). Russell and Burch after 1959. Alternatives to laboratory animals, 43(5), 59-60.
• Balls M. (2015). The Three Rs : the way forward. Alternatives to laboratory animals, 43(2), 25-7.

Ces derniers articles interrogent notamment la règle dite des « trois R ».

On trouve enfin un article traitant de l’utilisation de modèles 3D : Kojima H. (2015). The use of 3-D models as alternatives to animal testing. Alternatives to laboratory animals, 43(4), 40-3 8 .I.3.