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Nucléaire civil et militaire
Le nucléaire est à l'époque
une technologie très récente : elle date de quelques
années tout au plus, et n'est maîtrisée que par les
Etats-Unis et l'URSS. En effet, le développement de cette
technologie via le projet Manhattan a permis aux Américains de
mettre fin à la guerre contre le Japon. C'est donc une
technologie de pointe, soumise au secret le plus total, et elle n'est
développée qu'à des fin militaires.
La base de la maîtrise du nucléaire
repose sur la connaissance depuis peu de temps du fonctionnement de la
matière, et de sa structure. L'hypothèse de l'existence
des atomes existe depuis longtemps (elle a été introduite
dans l'Antiquité) mais n'a véritablement
été démontrée qu'en 1913 par Jean Perrin.
Ce dernier a en effet prouvé à une communauté
scientifique réticente l'existence des atomes, par 13
méthodes différentes dont l'une est basée sur la
mesure du coefficient de diffusion d'une molécule, et qui a
permis de remonter jusqu'au nombre d'Avogadro (c'est le nombre d'atomes
de carbone que contient 12g de carbone), ce nombre ayant
été défini comme hypothèse par Avogadro et
fondant ainsi toute la théorie de l'atome (le livre qui
décrit toues ces expériences s'intitule Les Atomes, par
Jean Perrin). La suite de ces découvertes est celle du noyau,
par Rutherford, en 1908 (avant la confirmation de l'existence de
l'atome, car Rutherford était déjà convaincu de
l'existence des atomes). Cette expérience se base sur la
déviation d'un faisceau de particules alpha à travers une
feuille d'or, déviation observée ensuite par
l'intermédiaire d'une plaque scintillante.
Le mot « nucléaire » vient de
cette découverte : il caractérise tout ce qui se rapporte
au noyau. Mais ces deux découvertes à elles seules n'ont
pas été suffisantes pour pouvoir élaborer
l'idée d'une réaction en chaîne entraînant
une explosion nucléaire. La découverte suivante est due
à James Chadwick en 1932 qui en recoupant différentes
hypothèses élabore l'idée d'une particule
supplémentaire présente dans les noyaux, neutre d'un
point de vue électromagnétique. C'est à partir de
là que Einstein pense à la possibilité d'initier
une réaction en chaîne, qui « casserait » des
noyaux, libérant de l'énergie du fait de l'énergie
de masse, qui transformerait un « gros » noyau en deux
noyaux plus petits avec un dégagement d'énergie sous
forme de chaleur.
Cette idée est la base du concept de
fission nucléaire : scinder un noyau pour en obtenir deux plus
petits, avec à case du défaut de masse de la
matière un dégagement d'énergie. C'est cette
idée qui a mené au projet Manhattan, dirigé par
Oppenheimer : le but était de créer une bombe permettant
de mettre en oeuvre une réaction en chaîne de fission
nucléaire, de façon à dégager une grande
quantité d'énergie. En outre, pour des questions
d'isotope de l'Uranium, il a été nécessaire de
développer des techniques permettant de séparer dans une
masse d'Uranium naturel l'isotope 235, utile pour la fission, de
l'isotope 238, pour enrichir l'Uranium, afin de pouvoir lancer une
réaction en chaîne (il faut retirer une partie de
l'Uranium 238 car il n'est pas fissile, contrairement au 235). La
technique de base utilisée à ce moment a
été le cyclotron, qui permettait de séparer les
noyaux par différence de masse. Cette technique a ensuite
été largement utilisée pour construire des armes
nucléaires « en série » puisqu'il a toujours
fallu séparer les isotopes de l'Uranium.
À partir de l'élaboration de ces
techniques, la fabrication d'une bombe nucléaire a pu être
envisagée. Le principe est relativement simple : il s'agit de
faire fissionner de l'Uranium pour dégager de l'énergie,
essentiellement sous forme de chaleur. Pour ce faire, le
procédé qui a été utilisé au
départ est une bombe dite en « tube canon » : on
place au fond d'un tube fermé la moitié de la masse
critique nécessaire pour initier la réaction en
chaîne, et à l'autre extrémité du tube on
place l'autre moitié de la masse mais de façon à
ce qu'elle puis être projeté violemment contre la masse
fixée. Le choc entre les masses libère quelques neutrons
parmi les noyaux d'Uranium, car ces noyaux sont instables, ce qui
provoque la réaction en chaîne. C'est une bombe de ce type
qui a été expérimentée à Hiroshima.
Ainsi, à la fin des années 1940,
seul l'URSS et les Etats-Unis étaient en mesure d'exploiter les
technologies basées sur les connaissances de la matière
et de sa structure interne. Les seuls objets issus de ces technologies
étaient les bombes nucléaires.
Durant les années 1950, la bombe et le
contrôle de l'énergie nucléaire se sont
développés en France, au Royaume-Uni et en Chine, tandis
que l'Uranium dans les bombes était progressivement
remplacé par du Plutonium, qui permettait un dégagement
d'énergie plus important pour une masse de matière
fissile (la masse critique du Plutonium est d'environ 7,2 kg).
Parallèlement, de nombreux essais nucléaires d'explosion
de bombes ont été réalisés durant cette
période, afin d'évaluer et d'optimiser l'utilisation
à des fins de destruction de ces armes.
La fin des années 1950 marque le
début de l'expansion du nucléaire dans le domaine civil,
à savoir la production d'énergie. En effet, les forces
armées soviétiques et américaines ont acquis une
maîtrise suffisante de ces armes de destruction massive, et ont
commencé à développer dans le civil des
applications de cette technologie.
D'autre part, le fait de séparer l'Uranium
requérait une grande quantité d'énergie. Les
scientifiques se sont ainsi rapidement aperçus qu'il fallait
trouver une source d'énergie (électrique) qui permettait
de séparer les isotopes. Pour ce faire, Fermi a
élaboré une pile à base de graphite et d'Uranium,
certes peu efficace comparée à nos centrales
nucléaires actuelles et surtout qui fonctionnait sur la
radioactivité pure et non la fission nucléaire. Cette
pile est ce qu'on peut appeler l'ancêtre des réacteurs
nucléaires, mais c'était une technologie purement
militaire et utilisée uniquement à des fins militaires.
Néanmoins, petit à petit,
Etats-Unis et URSS commencent à contrôler la fission
nucléaire, en particulier en ralentissant les neutrons qui sont
dégagés à chaque fission de noyau, et en 1959 est
construite la première centrale nucléaire. Ce
développement est le lancement de l'ère du
nucléaire dans le domaine civil, basé sur la production
d'énergie. Tout ce qui touche de près ou de loin à
l'utilisation de l'énergie nucléaire est très
contrôlée, pour cause de guerre froide, et les
développements ne sont pas encore très sensibles pour la
population.
Cependant, celle-ci était essentiellement
destinée à un usage expérimental et à des
fins militaires. Le principe de ces centrales est simple : il s'agit de
faire passer une eau vaporisée grâce à une
réaction en chaîne contrôlée qui
dégage de l'énergie pour transformer de l'eau sous forme
liquide en vapeur, cette vapeur servant à réchauffer un
circuit d'eau secondaire qui va entraîner des turbines puis un
alternateur. Leur puissance a évolué au fil des
années, du fait de l'augmentation des procédures et
systèmes de sécurité qui ont permis de limiter de
plus en plus les risques. Par exemple, en France, les premier
réacteurs avaient une puissance nominale de 800 MW alors que les
réacteurs dit de génération 2, qui sont en place
depuis les années 1980-1990 ont une puissance nominale de
1450MW.
Ensuite, l'évolution militaire se fait
sous la forme d'un changement de réaction nucléaire. En
effet, on assiste au développement progressif de la bombe
thermonucléaire, qui utilise le principe de la fusion : il
s'agit de transformer deux noyaux légers, typiquement de
l'hydrogène ou un de ses isotopes comme le deutérium ou
le tritium, en un noyau plus lourd. Cette réaction libère
également une grande quantité d'énergie, davantage
encore que la fission. La seule limite à l'exploitation de ce
phénomène est le fait qu'il faille une très grande
quantité d'énergie sous forme de chaleur pour initier le
processus de fusion et la réaction en chaîne. Une bombe
thermonucléaire est une bombe à fusion qui utilise une
bombe à fission comme détonateur. Pour donner un autre
exemple plus concret, le Soleil fonctionne sur le principe de la
fusion, et sa chaleur est due à des réactions de fusion
qui ont lieu en permanence et qui entretiennent la réaction en
chaîne.
Le point culminant de la puissance
nucléaire militaire brute est obtenu en 1961, avec le test de
« Tsar Bomba » en URSS, la plus puissante arme jamais
construite par l’homme, dangereuse à 900km…
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