L’exemple
du
Danemark et de la Suède
Les
antibiotiques facteurs de croissance sont interdits dans l’ensemble
des pays de l’Union Européenne depuis 2006 (voir réglementation de l'union européenne). A l’heure
actuelle, on manque encore de données globales et précises
nous renseignant sur les effets de ce retrait généralisé
sur les différents élevages européens.
Cependant, on peut s’intéresser au cas de la Suède et
du Danemark, qui sont les premiers pays à avoir retiré
les antibiotiques facteurs de croissance (en 1986 pour la Suède
et en 1998 pour le Danemark).
1) l’exemple de la
Suède
Le retrait des
antibiotiques facteurs de croissance en Suède a entraîné
une baisse de la productivité pendant une période de
plus de 10 ans. En effet, lors des années 1986-1987, si les
taux de reproduction n’ont pas baissé, une étude
réalisée sur plus de 220 élevages a montré
que l’âge à 25 kg se serait accru de 5 à 6
jours et le taux de pertes, de 1 à 2 % au cours de la période
1986-1987 par rapport à 1985.
On a
également
constaté durant cette période un doublement du nombre
d’animaux atteints de diarrhées et donc du nombre de
traitements vétérinaires. Ainsi, la suppression de
l’utilisation des antibiotiques à usage zootechnique s’est
traduite par une augmentation des usages préventif et curatif,
il n’y a donc pas eu de véritable baisse de la consommation
d’antibiotiques par les animaux : le tonnage d’antibiotiques
utilisés en 1986-1987 a finalement été identique
à celui de 1985, malgré la suppression de l’usage des
antibiotiques comme additifs. En effet, si on considère
l’exemple de l’olaquindox (antibiotique utilisé en 1987
par les pays de l’Union Européenne, à la fois comme
facteur de croissance et comme médicament), on constate que
l’interdiction de ce produit comme facteur de croissance en 1986 a
coïncidé avec une hausse de 15% de son usage thérapeutique,
d’où une consommation identique en 1985, 1986 et 1987.
2) l’exemple du
Danemark
L’adoption au
Danemark
en 1998 du nouveau règlement interdisant l’usage
zootechnique des antibiotiques a été vécue sans
difficultés pour 65 % des troupeaux. Plusieurs études
danoises ont montré que la période suivant le retrait
des antibiotiques facteurs de croissance se caractérise par un changement de flore intestinale
qui a entrainé un grand nombre de cas de diarrhées.
Mais au bout d’un mois, la flore intestinale de l’animal est
stabilisée et les problèmes diminuent. Cependant, 10 %
des élevages auraient rencontré des problèmes
durables qui ont nécessité des efforts particuliers de
la part du gouvernement danois afin de limiter les pertes financières
entraînées par la dégradation de la productivité
de ces élevages.
Par ailleurs, des
statistiques ont montré que la vitesse de croissance a
continué de progresser en 1998 et 1999, alors que l’IC
s’est dégradé en 1998, avant de retrouver en 1999 son
niveau de 1997.
3) Conclusion
L’exemple de ces deux
pays montre que le retrait des antibiotiques facteurs de croissance
entraîne presque systématiquement une baisse de la
productivité plus ou moins longue (mais qui a atteint 10 ans
dans le cas de la Suède). Les conséquences d’un tel
retrait sont principalement économiques et imposent aux
éleveurs un niveau de rigueur et d’hygiène très
élevé pour les élevages, ce qui représente
des investissements supplémentaires. Par ailleurs, bien que le
Danemark semble avoir réalisé assez facilement cette
transition, il faut relativiser ce succès en prenant en compte
la petite taille des élevages danois, dont la production est
presque exclusivement destinée au marché intérieur.
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