Une aide alimentaire massive peut avoir pour effet d’affaiblir la production locale. Les pays donateurs donnent en général plus lorsque les prix sont bas, et donc que la demande est faible. Ce phénomène a deux inconvénients majeurs, d’une part l’aide alimentaire varie de façon inverse par rapport à la demande, d’autre part l’écoulement des surplus peut faire baisser les prix du marché mondial. Cet écoulement des stocks excédentaires est de ce fait une subvention implicite à l’exportation, toute la surproduction étant distribuée sous forme d’aide alimentaire.
Il existe différente forme d’aide alimentaire, l’aide de secours destinée aux victimes de catastrophes naturelles distribuée gratuitement, l’aide destinée à des groupes vulnérables en vue d’améliorer leur développement, et enfin l’aide alimentaire fournie dans le cadre de programme directement au gouvernement bénéficiaire, pour être vendue sur des marchés locaux, l’utilisation de la recette de ces ventes se fait en accord avec le pays donateur. C’est ce dernier type d’aide alimentaire qui peut infliger aux producteurs locaux des pertes considérables en effondrant les cours mondiaux.
Le détournement de l’aide alimentaire à des fins commerciales, c'est-à-dire pour écouler les stocks excédentaires, est difficile à réguler sans diminuer l’aide alimentaire totale. Le but étant que l’aide alimentaire reste suffisante, tout en s’assurant que les pays donateurs ne se servent pas de l’aide alimentaire pour contourner les règles relatives aux subventions à l’exportation. La limite entre aide alimentaire et subventions à l’exportation n’est cependant pas facilement identifiable.
Les Etats-Unis sont les principaux donateurs de céréales, et on observe que selon les années le volume de céréales donné par les Etats-Unis fluctue selon le prix des céréales, ce qui est un exemple clair de détournement de l’aide alimentaire pour masquer des subventions à l’exportation.
Comme le montre le film, le Japon détourne, aussi, les programmes d’aide alimentaire pour masquer son programme de subvention. Des règles édictées par l’OMC imposent au Japon l’importation de riz, pour pouvoir continuer de subventionner ses producteurs locaux. Pour ne pas déprimer le marché du riz japonais, le riz importé au Japon est stocké puis redistribué sous forme d’aide alimentaire. Le Japon, peut ainsi, grâce aux programmes d’aide alimentaire, continuer à subventionner ses producteurs de riz, tout en ayant encore accès aux marchés mondiaux, conformément aux règles édictées par l’OMC.
Références :
Rapport sur le Commerce Mondial 2006 de l’OMC
Vidéo extraite La Faim des Paysans Clément Fonquenrie